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​Omerta familiale sur une agression sexuelle incestueuse


Tahiti, le 16 septembre 2025 – Un homme de 21 ans a été condamné mardi par le tribunal correctionnel à huit mois de prison avec sursis probatoire pendant trois ans pour une agression sexuelle commise sur sa sœur mineure. Malgré les aveux du prévenu, la jeune victime n'avait pas été soutenue par ses parents qui avaient banalisé les faits en lui demandant de les taire.
 
 
À la demande de la partie civile, le tribunal correctionnel a prononcé un huis-clos partiel ce mardi pour examiner le cas d'un primo délinquant de 21 ans jugé pour une atteinte sexuelle commise sur sa sœur qui était alors âgée de 15 ans. Les faits s'étaient déroulés en 2023 dans la maison ou vivaient la victime et le prévenu ainsi que leurs parents. Vers trois heures du matin et après s'être masturbé, ce jeune homme sans emploi et dépendant du paka, s'était rendu dans la chambre de sa sœur qui dormait. Il lui avait alors imposé des attouchements avant de lui demander : “Tu veux pas qu'on le fasse ?” Craignant que l'adolescente prévienne leurs parents, l'individu avait finalement quitté la chambre.
 
Malgré les aveux du prévenu, les parents avaient immédiatement pris parti pour leur fils en expliquant à leur fille qu'il ne fallait pas révéler les faits. Son père lui avait notamment expliqué qu'il avait, durant son enfance, commis des faits similaires sur sa propre sœur. La mère des deux jeunes gens avait, quant à elle, dit à sa fille qu'elle avait, elle aussi, subi une agression sexuelle mais que le fait de ne pas en avoir parlé lui avait permis d'avoir eu une “vie tranquille”. C'est finalement grâce à un signalement émis par le chef d'établissement dans lequel est scolarisée la jeune fille que l'affaire avait pu être mise au jour.
 
Troubles bipolaires
 
C'est donc une famille fracturée – les parents assis aux côtés de leurs fils et leur fille assise plus loin avec une représentante de l'Apaj et auprès d'Ukyo, le chien d'assistance judiciaire – qui a assisté à l'audience mardi. D'une voix sourde, le prévenu a reconnu les faits à la barre sans être capable de les expliquer. “Je l'ai fait et puis voilà. Je ne sais pas l'expliquer”, a-t-il indiqué avant d'avancer : “Il y a un truc qui ne tourne pas rond dans ma tête. Il y a un truc qui n'a pas réussi à me stopper.” Durant de longues minutes, le président du tribunal a tenté de comprendre cette agression en interrogeant le prévenu sur son état mental à l'époque des faits. Il a ensuite évoqué le rapport du psychiatre qui l'avait rencontré et selon lequel le jeune homme souffre de troubles bipolaires marqués par de forts épisodes dépressifs entrecoupés de moment d'hyperactivité intellectuelle.
 
Sacrifice

 
À la barre, le prévenu, ancien boxeur, a ensuite reconnu que deux ans auparavant, il avait déjà pris des photos des parties intimes d'une amie de sa sœur qui avait été invitée à dormir au sein du domicile familial. Entendue à son tour, la victime a fait état d'insomnies depuis l'agression en expliquant qu'elle n'avait, à l'époque, “pas mesuré l'impact que ça aurait sur [sa] vie personnelle”. Son avocate, Me Isabelle Nougaro, a poursuivi en affirmant que les parents des deux jeunes gens avaient “sacrifié” leur fille.
 
 
Même constat pour la procureure de la République qui a asséné lors de ses réquisitions que lesdits parents avaient la chance de ne pas être poursuivis dans le cadre de cette affaire pour non-dénonciation. Un suivi socio-judiciaire de cinq ans avec une obligation de soins, de travail et/ou de formation a finalement été requis contre le mis en cause.
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné l'intéressé à huit mois de prison avec sursis probatoire pendant trois ans, à une obligation de soins, de travail et/ou de formation. Il a l’interdiction de rentrer en contact avec sa victime et est désormais inscrit au Fichier judiciaire des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 16 Septembre 2025 à 17:18 | Lu 7374 fois