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​Nouvelle donne pour le ciel polynésien


Tahiti, le 22 juillet 2020 – Moins d'un mois après la passe d'armes entre Air Tahiti et le Pays sur la desserte des lignes déficitaires, le conseil des ministres a lancé mercredi la remise à plat concrète du secteur du transport aérien public interinsulaire en définissant 12 lignes laissées en libre concurrence et 34 qui seront octroyées sur délégation de service public.
 
C'est une véritable révolution qui se dessine dans le ciel polynésien. Un mois après les tensions entre Air Tahiti et le Pays sur le sujet de la reprise des lignes déficitaires, le gouvernement a remis les gaz sur le dossier du transport aérien interinsulaire. Le compte-rendu du conseil des ministres de mercredi annonce en effet un projet de délibération fixant les "conditions d'octroi de la licence d'exploitation dans le secteur du transport aérien interinsulaire". Une décision attendue depuis le vote de la loi du Pays fixant le cadre des conditions d'exploitation dans le secteur aérien public interinsulaire le 25 février 2016 !
 
C'est l'accord conclu entre Air Tahiti et le Pays le 1er juillet dernier qui est à l'origine de cette vaste remise à plat. Après l'annonce par la compagnie domestique de son refus de reprendre l'exploitation de ses lignes structurellement déficitaires fin juin, le gouvernement avait d'abord crié au "chantage éhonté", avant d'entamer des négociations avec la compagnie débouchant sur un accord mutuel. D'un côté Air Tahiti s'engageait à ne procéder à aucun licenciement économique d'ici la fin de l'année et à reprendre un programme minimal de vol vers toutes ses destinations, de l'autre le Pays concédait un versement de 450 millions de Fcfp pour assurer ces dessertes jusqu'à la fin de l'année. Quid des années suivantes ? C'est tout l'objet du texte examiné ce mercredi en conseil des ministres.
 
Appel d'offres le 6 août
 
Le projet de délibération du Pays définit les critères "classant les aérodromes en desserte de libre concurrence et ceux soumis à une obligation de service publique". Concrètement, le texte définit deux zones : 12 destinations laissées ouvertes à la libre concurrences et 34 destinations "de désenclavement" qui feront l'objet d'une "concession exclusive après procédure d'appel d’offres en délégation de service public (DSP) et être accompagnée d’une compensation financière par le Pays selon un cahier des charges arrêté en conseil des ministres".
 
Selon les informations recueillies par Tahiti Infos, les 12 destinations laissées en libre concurrence seront donc Moorea, Huahine, Raiatea, Bora Bora, Maupiti, Rangiroa, Tikehau, Fakarava, Rurutu, Tubuai, Hiva Oa et Nuku Hiva. Sur les 34 autres destinations, deux "lots" seront en fait soumis à appel d'offres : l'un pour les deux aérodromes de Ua Pou et Ua Huka aux Marquises et l'autre pour les 32 destinations restantes. A chaque fois, le lauréat décrochera l'exploitation exclusive et intégrale de l'ensemble des destinations, qui seront équilibrées via un futur fonds de désenclavement.
 
Et le calendrier du Pays est très serré. Dès la semaine prochaine, le conseil des ministres doit examiner le contenu du dossier d'appel d'offres et son cahier des charges pour la délégation de service public. Et l'appel d'offres en lui-même est prévu pour le 6 août prochain. La deadline pour valider la délégation de service public étant évidemment fixée au 1er janvier 2021.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 22 Juillet 2020 à 21:41 | Lu 10169 fois