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​Les 9 300 "emplois perdus" de la CPS


Tahiti, le 27 juillet 2020 – Le président du conseil d'administration de la CPS, Patrick Galenon, estime qu'en raison des réductions de temps de travail liés à la crise du coronavirus et au regard des chiffres des cotisations à la CPS, la perte d'heures de travail des salariés représente "depuis le début de la crise 9 300 emplois perdus en équivalent temps plein".
 
Alors que la ministre du Travail, Nicole Bouteau, se veut rassurante sur l'impact réel de la crise sanitaire et économique sur l'emploi, le président du conseil d'administration de la CPS et secrétaire général de la CSTP-FO, Patrick Galenon, a une toute autre façon de chiffrer son bilan. En effet, la ministre confirmait encore jeudi dernier à l'assemblée que très peu de CDI avaient pour l'heure été rompus en raison de la crise liée au Covid-19. Si Nicole Bouteau concède que de nombreux CDD n'ont pas été renouvelés, elle a indiqué jeudi dernier à Tarahoi que seuls 250 emplois en CDI avaient été supprimés depuis le début de la crise, parmi lesquels les 190 salariés du plan social de l'InterContinental Moorea.
 
Patrick Galenon, de son côté, fait un tout autre calcul. Au regard des réductions de temps de travail des salariés qui bénéficient des aides économiques de crise du gouvernement et de la baisse de cotisations sociales arrivant à la CPS notamment, il chiffre les heures de travail perdues en "équivalent temps plein". "Sur une base de 169 heures, il y en a qui n'ont travaillé que 80 heures, le reste ce sont des heures perdues, ce qui représente depuis le début de la crise 9 300 emplois perdus en équivalent temps plein", affirme Patrick Galenon qui englobe donc les réductions du temps de travail via les aides à l'emploi. "L'emploi n'est peut-être pas perdu pour madame Bouteau, mais les salariés en question, ils ont perdu 90% de leurs heures."
 
Amortisseur social
 
Et pour le président du CA de la CPS, il est légitime de comptabiliser ces "heures perdues" puisque ces salariés sont aujourd'hui menacés de "pertes directes d'emplois" en cas d'arrêt des aides du Pays. "En juin (les chiffres de la CPS n'étant pas encore à jour, NDLR), on pense malheureusement qu'on va perdre encore 1 400 emplois. Et ça va s'accélérer au mois de juillet. Plus on va se rapprocher au mois de décembre, plus ça va prendre de la vitesse (…) Et malheureusement, les prévisions de 15 000 à 20 000 emplois perdus que l'on annonçait il y a deux à trois mois, on semble y aller."
 
L'occasion pour le secrétaire général de la CSTP-FO de remettre sur la table la réflexion autour d'un amortisseur social plus global que celui que permettent les aides de crise du Pays. "Je crois que beaucoup de monde n'aiment pas le mot caisse chômage, mais un fond d'entraide pour les salariés qui ont perdu leur emploi, je crois que c'est nécessaire. D'ailleurs c'est ce qui se cache derrière tous les systèmes mis en place de type CAES, DiESE…", explique Patrick Galenon. "Alors que créer un fond de chômage dans lequel les salariés, le patronat, le Pays et l'Etat participeraient, ça aurait été l'occasion rêvée."
 

Rédigé par Esther Cunéo et Antoine Samoyeau le Lundi 27 Juillet 2020 à 22:10 | Lu 5151 fois