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​Le Swac de l'hôpital est en marche


© Mike Leyral
© Mike Leyral
Tahiti, le 8 juillet 2022 – Le Swac du Centre hospitalier de Taaone alimente depuis cette semaine le réseau de climatisation de l'hôpital. La réception des travaux a été certifiée vendredi matin et marque l'aboutissement de 10 ans de développement d'un projet ambitieux et innovant, faisant surtout passer la Polynésie française à la pointe mondiale de cette technologie d'énergie renouvelable.
 
Cette fois-ci, c'est la bonne. Depuis le début de la semaine, le système de climatisation à l'eau de mer -le fameux "Swac"- de l'hôpital est en service et alimente la climatisation du Centre hospitalier de la Polynésie française. Vendredi matin, la réception des travaux a été certifiée par un huissier sans réserve technique. L'arrêté d'affectation du Swac au Centre hospitalier a été publié. Et il ne restait plus qu'à signer la convention relative au versement d'une contrepartie financière de 110 millions de Fcfp liée à l'utilisation du système par l'hôpital.
 
350 millions d'économies pour le CHPF
 
Aboutissement de plusieurs années d'un long et ambitieux projet, ce troisième Swac en Polynésie française -après ceux de l'InterContinental de Bora Bora et du Brando de Tetiaroa- est de loin le plus performant. Il permet, en puisant l'eau froide des profondeurs au large de la baie de Taaone, de refroidir le vaste et coûteux réseau des 1 600 climatiseurs du Centre hospitalier de Pirae. "Le Swac permet, à très faible consommation énergétique, de mettre en contact thermique l’eau de mer froide et l’eau douce du réseau de climatisation, au travers d’un millefeuille de plaques en titane", résumait l'ingénieur David Wary de la société Airaro, assistant à maîtrise d'ouvrage du projet, dans les colonnes du journal Le Monde fin 2021.
 
Côté finances, l'opération va rapporter gros au CHPF. L'établissement public consomme en moyenne 800 à 900 millions de Fcfp d'électricité par an et verra sa facture annuelle s'alléger de 350 millions de Fcfp grâce à une énergie renouvelable, avec 60% d'économies dès la première année. Aux 110 millions de Fcfp de contrepartie financière pendant 30 ans, liés à l'utilisation de l'ouvrage, le Centre hospitalier devra ajouter près de 2 millions de Fcfp d'électricité par mois pour faire fonctionner l'installation.

Côté puissance, le Swac représente aujourd'hui 10 GWh de consommation électrique. Et pourrait même à l'avenir monter à 13 GWh en alimentant les futurs Centre 15 et hôpital psychiatrique Jean Prince. Mais surtout, il représente un total de 2% d'énergies renouvelables dans la consommation électrique globale de l'île de Tahiti (500 GWh). De quoi faire progresser de façon substantielle la part du renouvelable dans le mix énergétique de la Polynésie française, et la rapprocher d'autant de ses objectifs de 75% d'énergie renouvelable en 2030.

Un projet de 10 ans
 
Si les prémisses de ce projet remontent quelques années avant 2010, la décision du Pays de construire le Swac du Centre hospitalier a été officiellement prise en 2012. Il aura donc fallu près de 10 ans d'autorisations administratives, de recours, de mise en place des conséquentes modalités de financement -et plus récemment de quelques mois de retards sur le chantier de construction- pour que le projet voit le jour. Un projet chiffré à 3,6 milliards de Fcfp, qui pourra donc être rentabilisé en 15 à 18 ans sur les 30 années de mise à disposition de l'hôpital… Mais surtout, la Polynésie tient enfin son fleuron de l'innovation, grandeur nature, en matière d'énergie renouvelable. Et sur ce point le Pays peut se targuer, avec un environnement particulièrement propice pour ce type de solution, d'être à la pointe mondiale d'une technologie innovante. Et désormais pleinement fonctionnelle.
 


Rédigé par Antoine Samoyeau le Vendredi 8 Juillet 2022 à 18:50 | Lu 3157 fois