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​L'inflation au cœur des négociations


Tahiti, le 3 novembre 2022 – L'intersyndicale CSTP-FO, CSIP, O oe to oe Rima, Otahi et Syndicat des pêcheurs a rencontré mercredi après-midi le président Édouard Fritch un mois après lui avoir adressé un courrier de 15 doléances portant prioritairement sur la lutte contre les effets de l'inflation. Quatre premières heures de discussions largement consacrées aux questions de revalorisations salariales.
 
Revalorisation des salaires, retraites, licenciements, comités d'entreprise, CST, Cesec… Un mois après avoir adressé une liste de 15 doléances au président du Pays, l'intersyndicale CSTP-FO, CSIP, O oe to oe Rima, Otahi et Syndicat des pêcheurs a été reçue mercredi après-midi par Édouard Fritch et ses ministres Yvonnick Raffin, Virginie Bruant, Christelle Lehartel et René Temeharo. Un échange de quatre heures à la présidence où l'ensemble des points soulevés ont été évoqués, au premier chef desquels celui sur la reconsidération des grilles salariales.
 
À lui seul, ce premier point, crucial dans les demandes syndicales, a monopolisé près d'une heure d'échanges. Il s'est articulé en quatre situations distinctes : les salariés du secteur privé, les employés communaux, les Anfa et les agents de la fonction publique territoriale. Sur les employés communaux, notamment, les syndicats ont insisté sur le fait que les plus petites catégories indiciaires étaient désormais moins rémunérées que le montant du Smig. Sur le secteur privé, les discussions ont largement porté sur le refus des syndicats de prendre en compte la “prime pouvoir d'achat” dans les discussions actuelles sur les revalorisations de grilles salariales.
 
“Cette prime, à notre sens, a été préparée par le Medef pour faire échec aux négociations salariales”, a indiqué la secrétaire générale de Otahi, Lucie Tiffenat, à l'issue de la réunion. Selon la syndicaliste, le gouvernement a pris l'engagement de contacter le Medef sur ce sujet, alors que les négociations salariales entrent dans leurs dernières semaines de discussions.
 
“Futures rencontres”
 
Sur les autres “doléances”, le ministre en charge des Relations avec les institutions, René Temeharo, a notamment indiqué qu'une prolongation du mandat des conseillers du Cesec était “exclue”. Il s'est engagé à donner une réponse la semaine prochaine sur la réforme du Cesec. “Ils vont nous gratifier d'un relevé de conclusions de notre rencontre”, a expliqué Lucie Tiffenat, mercredi soir. “Des modifications à appliquer sur le code du travail” doivent être actées et de “futures rencontres” sont prévues, pour conclure ce que les syndicats qualifient déjà de “négociations”. Un champ sémantique qui s'éloigne donc progressivement de celui des cordiales “doléances” de début octobre, pour se positionner plus près des “revendications” et de tout ce qui en découle…
 

Les syndicats dénoncent "l'usine à gaz" d'Angélo Frébault

Peu enclins à soutenir la proposition de loi du Pays d'Angélo Frébault sur la revalorisation et le déplafonnement de la prime d'ancienneté mercredi soir à la sortie de la réunion à la présidence, les leaders syndicaux ont été reçus jeudi matin à l'assemblée par leur ancien collègue et désormais représentant Tapura pour une explication de texte. “Le texte a un bon fond, mais c'est très difficile à comprendre”, a réagi le secrétaire général de la CSTP-FO, Patrick Galenon, expliquant tiquer sur la quatrième tranche de la prime d'ancienneté qui retomberait de 1 à 0,1% du salaire. “Là, on ne peut pas être d'accord”, balaie Patrick Galenon. Lucie Tiffenat n'hésitant pas à qualifier le texte “d'usine à gaz” de son côté.
 
“J'apporterai une réflexion sur cette tranche-là de 0,1%”, a réagi Angélo Frébault, visiblement tendu à l'issue de la réunion. Refusant de s'exprimer sur les réticences du gouvernement vis-à-vis de son texte, l'élu de la majorité a botté en touche en insistant sur le fait que le gouvernement ne lui avait pour l'instant pas donné de “position officielle” sur la question. Réfutant également tout opportunisme électoral avec cette proposition de loi en fin de mandat, Angélo Frébault a d'abord refusé le sujet, ensuite assuré qu'il n'avait demandé à être sur aucune liste, avant de rectifier : “Pour le moment, je n'ai pas demandé à être sur une liste, on verra par la suite”. Et le leader syndical d'annoncer avoir encore “quatre autre lois qui vont tomber la semaine prochaine”, parmi lesquelles le fameux amendement “et/ou” sur les conditions de départ en retraite. Mais aucun opportunisme politique évidemment…
 
Notons sur ce sujet des retraites qu'Angélo Frébault nous a fait remarquer, contrairement à ce que nous indiquions mercredi, qu'il n'avait pas voté la réforme des retraites en 2018, après avoir été élu sur une liste Tahoera'a contre cette réforme quelques mois plus tôt. En effet, Angélo Frébault s'est uniquement “abstenu” sur ce texte en séance, après l'avoir pourtant combattu pendant des semaines à la tête d'un important mouvement social. "Lors du vote de la réforme des retraites je me suis abstenu, contre les directives de mon groupe, car les deux modifications que j’avais demandées, ont été retenues dans le projet de loi du pays : la progressivité de la durée (38 annuités) et de l’âge (62 ans)." Dont acte. L'élu avait bien voté “pour” le texte, mais c'était en commission, quelques jours avant le vote en séance. Nos excuses pour cette confusion, les changements d'axes politiques d'Angélo Frébault ne sont pas toujours faciles à suivre.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Jeudi 3 Novembre 2022 à 20:38 | Lu 1534 fois