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​L'Apetahi Express, le nouveau projet Degage sur la ligne des Raromata'i


Tahiti, le 28 juillet 2020 - Le groupe Degage vient d'obtenir une licence d'exploitation pour un nouveau projet de catamaran à grande vitesse de 514 places, l'Apetahi Express, qui prévoit de desservir trois fois par semaine Huahine, Raiatea et Bora Bora au départ de Papeete.
 
Minutieusement préparé depuis près d'un an, le projet d'un nouveau navire de transport de passagers aux Raromata'i a été dévoilé vendredi par la publication au journal officiel de la licence d'exploitation octroyée au futur "Apetahi Express". Sans faire de vague, ce nouveau projet du groupe Degage –propriétaire des navires Aremiti– est déjà particulièrement avancé. Un futur catamaran à grande vitesse flambant neuf de 65 mètres de long et 16 de large, voguant à une vitesse de croisière de 36 nœuds, qui pourra transporter pas moins de 514 passagers -dont 12 membres d'équipage- et 40 m3 de fret, mais sans voitures. Le projet prévoit trois rotations par semaine les mardis, jeudis et samedis entre Tahiti, Huahine, Raiatea et Bora Bora. L'exploitant du navire annonce 2h30 de trajet pour rallier Huahine, 3h30 pour rejoindre l'île Sacrée et 5h pour toucher la Perle du Pacifique.
 
Maintenant sa licence en poche, l'exploitant de l'Apetahi Express, Tuanua Degage, peut solliciter les financements et lancer la construction du navire. Si le groupe Degage n'a pas encore souhaité répondre à nos sollicitations, plusieurs sources proches du dossier évoquent un projet à 3 milliards de Fcfp avec une demande de double défiscalisation, locale et nationale. Le navire répondant aux préconisations du nouveau schéma directeur des transports interinsulaires sur le désenclavement des îles Sous-le-vent. Le projet devra néanmoins avancer rapidement. L'arrêté accordant la licence, signé par le ministre en charge des Transports interinsulaires, Jean-Christophe Bouissou, prévoit une mise en service "au plus tard le 31 décembre 2022" sous peine de caducité du précieux sésame.
 
L'Apetahi et les autres
 
L'Apetahi Express n'est pas le premier projet à se positionner sur la ligne des Raromata'i. Fin 2018, le navire "Le Polynésien" porté par l'armateur Anapa'arii Boosie avait déjà obtenu une licence d'exploitation pour un cargo-ferry de 595 passagers destiné à une clientèle locale et internationale. Pourtant, ce projet semble actuellement marquer le pas, notamment en raison de la crise du Covid-19 qui touche le secteur touristique.
 
Le Terevau est quant à lui déjà sur les rangs pour la desserte des îles Sous-le-vent. Le navire, qui assure la desserte régulière entre Tahiti et Moorea, offre ponctuellement des trajets jusqu'aux Raromata'i. Et le futur Terevau Piti, déjà construit mais prévu pour une arrivée en Polynésie au premier semestre 2021, annonce lui aussi neuf rotations au minimum par an vers les Raromata'i. Le cargo-ferry de 78 mètres pouvant transporter jusqu'à 675 passagers, 65 véhicules et 375 tonnes de fret sera d'ailleurs plus adapté que son aîné pour prendre la mer aux îles Sous-le-vent.
 
Par le passé, peu de navires se sont attardés sur cette desserte. La ligne est réputée difficile à la fois sur le plan de l'équilibre économique et pour sa forte houle. On se souvient notamment du Raromata'i Ferry dans les années 80, du Ono-ono dans les années 90, de l'Aremiti 5 ponctuellement dans les années 2000 et enfin de la très courte expérience du King Tamatoa en 2011.
 
Hava'i pousse pour Maupiti
 
Seule ombre au tableau jusqu'ici pour l'Apetahi Express, l'accueil mitigé réservé par la communauté de communes de Hava'i, qui rassemble les municipalités des Raromata'i à l'exception de Bora Bora. "Ils sont déjà venus présenter leur projet dans le cadre de la gestion des transports au sein de la communauté de communes de Hava'i. Mais on ne peut pas, au sein de notre communauté, ne pas desservir Maupiti. C'était en tous cas la position collective de la communauté de communes à l'époque", explique le vice-président de la communauté de communes en charge du transport inter-îles, mais également tāvana de Maupiti, Woullingson Raufauore. "Le projet, il est bien. Mais si on ne prend pas en compte Maupiti, ça veut dire qu'on veut faire du business en laissant Maupiti de côté. (…) Il faut peut-être essayer avec une concertation avec le Maupiti Express, je ne sais pas. Ce serait une piste."
 
Reste enfin la question, pour l'heure sans réponse, des tarifs qui seront pratiqués sur la ligne. Un point capital pour les habitants des îles Sous-le-vent. Vu la belle vitesse du navire, la réussite du projet dépendra vraisemblablement de sa compétitivité avec les prix, particulièrement onéreux, du transport aérien sur les mêmes dessertes.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 28 Juillet 2020 à 20:48 | Lu 7826 fois