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​EDITO - Alors, ça vient ?


Emmanuel Macron, lors de sa venue en 2022, avait reconnu la “dette” de l’État envers la Polynésie française. “La Nation a une dette à l'égard de la Polynésie française. Cette dette est le fait d'avoir en effet abrité ces essais, et en particulier les essais nucléaires entre 66 et 74, dont on ne peut absolument pas dire qu'ils étaient propres, non”, avait-il lancé à la foule présente ce soir-là à la présidence. 

Mais pas de pardon.
 
Avant lui, François Hollande en 2016 avait reconnu “la contribution” de la Polynésie française. “Je reconnais que les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française ont eu un impact environnemental, provoqué des conséquences sanitaires et aussi – et c'est un paradoxe – entraîné des bouleversements sociaux lorsque les essais eux-mêmes ont cessé”, avait-il exprimé.

Mais pas de pardon.
 
Les associations, les leaders politiques étaient alors montés au créneau. En 2015 déjà, Moruroa e tatou tenait une conférence de presse pour demander que lors de la venue du chef d’État, ce dernier “demande pardon aux Polynésiens”. Des mots forts assumés alors par le Père Auguste. Une position réclamée en 2021 avant la Table ronde de Reko Tika à Paris, répétée en 2022 à l’occasion du 56e anniversaire du premier essai nucléaire.
 
Ce pardon, il est attendu par le Tavini depuis longtemps aussi. Richard Tuheiava, alors représentant à l’assemblée de la Polynésie française, le réclamait haut et fort en 2011 à l’occasion du vote d’une résolution pour la demande d’une indemnisation du nucléaire à l’État. “Avant d’avoir une indemnisation, il faut que la France demande pardon à la Polynésie française”, avait-il clamé.
 
Et puis il y a cette demande d’un ancien député, aujourd’hui président du Pays, Moetai Brotherson : “Commencez par demander pardon”, lançait-il en 2022 une semaine avant l’arrivée d’Emmanuel Macron en Polynésie. Ce pardon, vous le devez aux Algériens ; vous le devez à tous les Français qui sont venus ici croyant réaliser la grandeur de la France, et à qui vous avez menti ; et vous le devez aux Polynésiens. Alors si vous venez sans intention de demander pardon, restez à l’Élysée.”
 
Cette semaine, Moetai Brotherson était une nouvelle fois à Paris dans son costume Lava Lava/savates de président. Son cinquième déplacement dont plusieurs passages à l’Élysée.
 
Alors une question messieurs les présidents… Il vient ce pardon ?
 
 

Rédigé par Bertrand PREVOST le Dimanche 18 Mai 2025 à 08:37 | Lu 3607 fois