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​Boom de naissances aux Marquises


​NUKU HIVA, le 14 juin 2020 – L'absence de vols durant le confinement dû à la pandémie a eu pour incidence une augmentation significative des naissances à la maternité de Nuku Hiva, souvent pour le plus grand plaisir des parents. La question se pose sur le maintien d'un service complet pour éviter les evasans sur Tahiti.
 
En temps normal, ces dernières années, la maternité de Nuku Hivane ne voyait naitre que quelques enfants issus du Nord des Marquises, puisque les futures mamans des autres îles de l’archipel étaient évasanées deux mois avant leur terme vers l’hôpital du Taaone, à Tahiti. Depuis le mois de mars et plus précisément, depuis le début du confinement lié à la Covid-19 qui a conduit à l’arrêt des vols réguliers vers Tahiti, les femmes du Sud de l’archipel –Hiva Oa, Tahuata et Fatu Hiva– sont acheminées vers Nuku Hiva pour y accoucher; sauf en cas d’urgence vitale. Ainsi, alors que l’an passé les sages femmes de Taiohae ont mis au monde 26 bébés, depuis le début de cette année il y a déjà eu 20 naissances, dont 10 le mois dernier, et d’autres devraient suivre prochainement. Depuis deux mois, les dix chambres que compte la maternité marquisienne affichent complet, essentiellement du fait de la présence des femmes enceintes de Hiva Oa.  Le Pays a d’ailleurs mis à disposition un fare situé près de l’hôpital pouvant accueillir deux futures mamans de plus. Pour les familles marquisiennes, la naissance d’un enfant dans son archipel d’origine est importante. De fait, les femmes enceintes se réjouissent de pouvoir enfin accoucher aux Marquises plutôt qu’à Tahiti, même si pour elles l’aspect identitaire n’est pas l’unique raison, comme l’explique Tahia Vaatete, une jeune maman de Hiva Oa : «Bien sûr je préfère accoucher aux Marquises, car accoucher à Tahiti signifie rester deux mois en ville et cela à un coût bien supérieur à celui relatif à un séjour à l’hôpital de Taiohae. En plus, contrairement au Taaone, la maternité de Nuku Hiva est située en plein village et juste à côté de la plage, ce qui est très pratique pour les femmes enceintes qui peuvent se déplacer à pied sans contraintes. Et puis surtout, elle est à échelle humaine, ce n’est pas l’usine. On se sent un peu plus chez nous.».
 

​De 300 à 30 naissances en 20 ans

En l’an 2000, les sages femmes de la maternité marquisienne avaient mis au monde près de 300 nouveaux nés. En l’espace de 20ans, ce chiffre a été divisé par dix pour des raisons essentiellement liées à la sécurité car, en effet, accoucher aux Marquises n’est pas si anodin. «Bien sûr, nous sommes en mesure d’effectuer les accouchements à Nuku Hiva, explique Lisa Champion, sage femme de Nuku Hiva. Mais il faut bien comprendre qu’en cas de difficulté, il faut l’intervention de médecins spécialisés. Nous avons actuellement au sein de l’équipe du bloc opératoire un chirurgien obstétricien ce qui nous a permis depuis deux mois d’effectuer plusieurs césariennes. La semaine dernière nous avons aussi dû procéder à ce qu’on appelle une ventouse, c'est-à-dire l’extraction instrumentale d’un bébé. Fort heureusement, une gynécologue de Tahiti était en mission ici et c’est elle qui a procédé à cette opération technique.»Aussi, pour que les accouchements marquisiens soient réalisés dans les meilleures conditions et pour éviter les évasans vers la maternité du Taaone, il est nécessaire que l’hôpital de Nuku Hiva compte en permanence dans ses équipes un chirurgien viscéral, ce qui est le cas depuis un an. Cependant, ce chirurgien arrivera en fin de contrat d’ici le mois de juillet. Les équipes médicales espèrent que son remplaçant aura cette même spécialité viscérale. Pour plus de confort sécuritaire au sein de la maternité marquisienne, la présence d'un pédiatre voire d'un gynécologue serait par ailleurs idéale.

Rédigé par Marie Laure le Dimanche 14 Juin 2020 à 19:35 | Lu 3436 fois