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​20 ans de créativité avec Gaëllef


Tahiti, le 11 mars 2025 - On ne peut être qu’admiratif devant le parcours de la créatrice de mode Gaëllef sur le Fenua. Partie de rien, Gaëlle Fescourt-Bonnaventure a réussi à percer à Tahiti en créant sa propre marque en 2000 et en devenant une véritable référence sur le Fenua. Une persévérance, un talent et une abnégation qui méritent le respect. À ce titre, pour célébrer ses 20 ans de création, Gaëllef a organisé un superbe défilé à Papeete et parmi ses invités, plus de 250 “vahine fans” étaient présentes. Un bel hommage et une consécration !
 
Pouvez-vous nous raconter votre premier défilé de mode à Tahiti ?
“C’était au Morrison’s en 2005. Mes sœurs étaient venues en vacances et je les avais fait défiler. À l’époque, je travaillais déjà le turquoise, le jean et le lin. Et aujourd’hui, pour célébrer mes 20 ans de création, je suis repartie sur les mêmes types de couleurs, comme un clin d'œil à mes débuts. Le souvenir que je garde de ce premier défilé, c'est une véritable émulation, une vision qui se précisait pour moi. C’était le début de la découverte de ma vie en Polynésie, un moment fondateur dans mon parcours de créatrice.”
 
Quels sont les moments les plus marquants de votre carrière au cours de ces 20 dernières années ?
“Ce sont sans aucun doute ‘les premières fois’ qui ont marqué mon parcours. Je me souviens de mon premier spectacle de danse avec Annie Fayn, de mes 15 ans de création de costumes avec André Tschan ou encore de mon premier gala Miss Tahiti et du premier défilé à la Tahiti Fashion Week. Tous ces moments sont liés à des rencontres, des échanges et des collaborations qui ont enrichi mon travail et ma vision de la mode.”
 
Comment avez-vous vu évoluer votre style et vos créations au fil des années ?
“Mon style a évolué naturellement, en fonction de mon quotidien et de mon environnement. Au début, je créais beaucoup depuis chez moi, donc mes pièces étaient plus orientées vers un style homewear. Puis, lorsque j’ai ouvert mon showroom en ville, mon approche a changé. J’ai commencé à m’habiller plus chic, car je devais être plus habillée pour mon travail. Ce changement s’est aussi reflété dans mes collections. Gaëllef a toujours été à mon image : mes créations sont pensées pour être modulables et durables. Par exemple, je peux porter un haut Gaëllef le matin, et en ajoutant une paire de talons et des boucles d’oreilles, il devient immédiatement plus habillé. C’est cet aspect polyvalent et pratique que je cherche à intégrer dans mes créations, afin qu’elles puissent accompagner les femmes tout au long de leur journée.”
 
Pouvez-vous nous parler de votre processus créatif et de vos sources d'inspiration ?
“Je puise mon inspiration dans la lumière, la végétation et l’ambiance de la Polynésie. Chaque jour, je commence tôt, car c’est le moment où je me sens le plus inspirée et où les idées émergent naturellement. L’environnement qui m’entoure nourrit constamment mon processus créatif.”
 
Intégrez-vous des éléments de l’artisanat local dans vos créations de mode ?
“J’aime toujours le faire sur certaines pièces, quand cela fait sens avec mon travail.”
 
À quoi ressemble l'avenir de la mode tahitienne selon vous, et quel rôle espérez-vous y jouer ?
“Je vois un bel avenir pour la mode en Polynésie ! Avec la Tahiti Fashion Week, de plus en plus de jeunes s’intéressent à cet univers et veulent s’y investir. Il y a une diversité de propositions, ce qui est extrêmement stimulant pour la créativité. La couture en Polynésie occupe une place importante et fait vivre beaucoup de personnes. Mon objectif est de continuer mon chemin, en restant fidèle à ma vision et en contribuant à cet élan dynamique.”
 
Comment aimeriez-vous que votre travail influence les jeunes créateurs de mode en Polynésie et ailleurs ?
“Je n’ai pas la prétention d’influencer qui que ce soit. Mais si mon travail peut devenir une référence, cela me ferait évidemment plaisir. Pour autant, je ne cherche pas à inspirer à tout prix, je continue simplement à tracer ma voie.”
 
Quel “héritage” espérez-vous laisser à travers vos créations et votre contribution à l'industrie de la mode ?
“J’aimerais apporter une autre vision de la femme en Polynésie, un porté différent qui valorise son élégance et sa force à travers mes créations.”
 
Quels ont été les plus grands défis que vous avez rencontrés en tant que créatrice de mode à Tahiti ?
“L’un des défis majeurs est la production locale. Je produis toutes mes collections en local, et c'est une valeur qui me tient particulièrement à cœur. J’aimerais pouvoir faire encore plus, car soutenir l’économie locale est essentiel pour moi. Cependant, cela peut parfois être un challenge : les matières premières ne sont pas toujours disponibles sur place, et il faut jongler avec les coûts de production et d’importation. Malgré ces contraintes, je reste attachée à l’idée de privilégier le savoir-faire polynésien, de recruter mes collaborateurs ici et de continuer à développer mon activité tout en restant fidèle à cette approche.”

En quelques mots

Passionnée de couture depuis l’enfance, Gaëlle Fescourt-Bonnaventure suit une formation supérieure de modéliste-styliste. Durant ses études, elle côtoie les grandes maisons de couture, notamment la maison Carven. La couture lui offre un terrain de jeu très varié, mais elle libère réellement sa créativité pour l’univers de la haute couture. À son entrée dans la vie active, à la fin des années 90, elle débute pour la jeune marque montante Sessun alors située à Marseille. Elle est alors engagée en qualité de façonnière. Au début des années 2000, elle s’installe à Tahiti et crée sa propre marque en la nommant de son prénom et de son initiale de nom de naissance. Gaëllef voit le jour. Elle fait connaître son travail et son style déjà affirmé grâce à de nombreux défilés dans les endroits les plus réputés de Tahiti. Inspirée par l’environnent polynésien, elle mixe avec grande délicatesse les tissus locaux et les dentelles les plus fines. Ses pièces à la fois basiques, chics et ultra-féminines sont devenues des incontournables des dressings polynésiens. Ce plaisir d’habiller les femmes, de mettre en valeur les formes de chacune et de les sublimer est un leitmotiv qui se perçoit dans ses créations. Gaëllef, c’est la contraction du chic à la française et de la douceur de vivre tropicale.

Rédigé par Philippe Collignon le Mardi 11 Mars 2025 à 16:44 | Lu 1600 fois