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​"Ne plantons pas de béton mais plantons à manger"


Tahiti, le 14 juin 2020 - Plusieurs jeunes du collectif "Extinction Rebellion Fenua" ont investi Taraho'i samedi pour y planter des plants aromatiques ou des arbres fruitiers. Une opération coup de poing pour sensibiliser les autorités du Pays au retour à l'essentiel : les jardins partagés ou les buttes alimentaires pour une autonomie alimentaire.
 
Les jeunes du collectif "Extinction Rebellion Fenua" se sont donnés rendez-vous, samedi matin, devant l'assemblée de la Polynésie, avec à la main, pelles, sacs de terre, copeaux de bois et surtout plusieurs plants aromatiques, arbres fruitiers ou tout simplement plantes ornementales. Les militants ont ensuite installés une butte solidaire. Tuaratahi Lecaill explique que ce projet est né il y a quelques temps et qu'il a fallu attendre que certains plants grandissent pour le réaliser. L'objectif étant de "promouvoir l'agriculture et notre autonome alimentaire". Le jeune homme explique que le lieu choisi n'est pas anodin. Effectivement, ils ont plantés tout cela juste devant l'assemblée de la Polynésie pour que "les élus et le gouvernement soient sensibilisés et arrêtent d'entreprendre de grands travaux. Il faut se concentrer sur les ressources de la terre et surtout l'agriculture. Il faut nourrir la population et diminuer les exportations. Espérons que ce geste va éveiller les consciences et va aussi faire prendre conscience que nous avons tout ce qu'il faut".
 
"Ramener l'agriculture dans les villes"
 
Comme Tuaratahi Lecaill, Tehau Teano est étudiant en géographie et aménagement du territoire à l'université de la Polynésie. Il explique qu'il a fait son stage à Motio à Teroma où, avec les habitants, ils ont mis en place un jardin partagé. Une expérience qu'il a bien apprécié : "nous avons cultivé ensemble et cela a créé des liens sociaux. Le goût n'est pas le même puisque nos produits étaient bio". En plus de promouvoir l'autonome alimentaire, le jeune homme estime que les jardins partagés ou les buttes solidaires tendent "vers une société plus collective. Aujourd'hui on voit on est devenu individuels. Comme je le dis, ne plantons pas de ciment mais plantons à manger. Ce serait bien de ramener l'agriculture dans les villes. On appelle cela l'agriculture urbaine".
 
Les deux jeunes hommes pensent aussi que si les élus et le gouvernement favorisent les jardins partagés ou les buttes solidaires, les habitants mangeront plus sain. Avec moins de dépenses pour la caisse de prévoyance sociale pour la prise en charge du diabète notamment. Le collectif propose qu'une consultation publique soit mise en place au plus tôt avec la création d'un conseil citoyen chargé de mettre en place "un plan d’action par commune pour une trajectoire ambitieuse et prioritaire vers une autonomie alimentaire".

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 14 Juin 2020 à 17:54 | Lu 1456 fois