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Budget 2017 : moins de solidarité, plus de soutien à l’activité


Nuihau Laurey a présenté le projet de budget 2017 dans ses grandes lignes, lundi matin lors de la 2e conférence économique.
Nuihau Laurey a présenté le projet de budget 2017 dans ses grandes lignes, lundi matin lors de la 2e conférence économique.
PUNAAUIA, 10 octobre 2016 - Nuihau Laurey a fait lundi une présentation "synthétique" des grandes orientations budgétaires de l’exercice 2017, à trois semaines de leur examen par l’assemblée de la Polynésie française. Le projet de budget 2017 a été présenté comme "la seconde partie du programme politique Tahiti Nui 2025" défendu par le Tahoera'a Huiraatira en 2013.

La primeur a été offerte lors de la deuxième conférence de l’économie, lundi matin à l’hôtel Méridien Tahiti, par le ministre en charge du Budget. Dans ses grandes orientations, il a présenté un budget prévisionnel 2017 "avec des mesures de redressement poursuivies, des dépenses publiques non économique toujours sous contrôle très strict, un début de rééquilibrage des dotations budgétaires en faveur de l’économie, des budgets de politique sectorielle revalorisés, un soutien accru et diversifié en faveur de l’emploi, des mesures phares en faveur de l’investissement (défiscalisation, Opérateurs de logement social (OLS) privés, plan d’investissement exceptionnel), des mesures de relance économique à multiples facettes".

> Lire aussi : "Si nous investissons je veux que ce soit dans des secteurs qui correspondent à des besoins du patronat" (Fritch)

> Et : Rohfritsch : "le challenge est de passer d’une économie de transferts à une économie de croissance"

Le budget prévisionnel 2017 est de 120 milliards en section fonctionnement et disposera de 29 milliards Fcfp pour l’investissement, "soit près de 150 milliards, hors comptes spéciaux", a annoncé Nuihau Laurey, en observant que cela "représente actuellement 30% de notre PIB en valeur : C’est donc un outil économique majeur. C’est pourtant aujourd’hui surtout un outil social de redistribution de solidarité, de soutien aux défavorisés, d’assistance tous azimuts" a-t-il déploré en pointant un Fonds pour l’emploi et la lutte contre la pauvreté (FELP) doté de 30 milliards Fcfp en 2016 et un système de Protection sociale généralisé (PDG) qui aura nécessité 116 milliards Fcfp cette année : "nous atteignons aujourd’hui la limite de l’exercice. Le social est important mais ne sera jamais créateur d’activité économique et d’emplois".

Nuihau Laurey a présenté lundi un "budget de rééquilibrage" avec un effort particulier en faveur du soutien à l’activité économique et moins important vers la solidarité.

"Le budget du tourisme, ne dépasse les 2 milliards alors que le budget alloué à la solidarité, via le FELP, atteindra cette année 30 milliards soit 15 fois plus", a-t-il relevé : "cette image chiffrée vaut toutes les explications théoriques. Nous avons la nécessité de rééquilibrer notre budget en faveur des secteurs créateurs d’emplois au lieu courir après de nouvelles recettes sociales pour financer une solidarité d’assistance qui s’épuise. C’est tout le sens du budget que le gouvernement souhaite présenter pour 2017 : un budget de rééquilibrage".

Afin de prévenir d'emblée l’ardeur des critiques auxquelles sera certainement confronté ce document dans les rangs de l'opposition, notamment autonomiste Tahoera'a Huiraatira, lors des débats à l’assemblée, le grand argentier du Pays a tenu à souligner que "c’est en réalité la seconde partie du programme politique Tahiti Nui 2025 que nous mettons en œuvre".

En quelques points :

> Poursuite de l’assainissement des comptes publics :
La politique de désendettement initiée en 2014 sera poursuivie en 2017 avec un effort de 1,9 milliard Fcfp contre 2,4 milliards en 2015 et 2,9 milliards en 2016.
La dotation aux amortissements sera supérieure à 5 milliards en 2017, afin de "reconstituer la capacité d’autofinancement".
Poursuite des mesures de diminution des dépenses publiques, notamment celle consistant à réduire la masse salariale du secteur public, passée d’un peu plus de 32 milliards en 2015 à moins de 30 milliards aujourd’hui.

> Soutien à l’investissement au travers de trois leviers :
1. Budget d’investissement en hausse de 30 % avec 26,3 milliards de nouveaux crédits de paiement et un objectif de réalisation de 29 milliards de liquidation (chantiers de construction)
2. Plan exceptionnel d’investissements Public-Privé de 60 milliards (projet hôtelier au niveau du golf de Moorea ; projet de centre culturel ; projets de centrales hybrides dans les îles, dans le cadre de notre plan de transition énergétique ; pôle de santé mentale dont les travaux doivent débuter dans les prochaines semaines).
3. Défiscalisation locale avec des crédits d’impôt en augmentation de 20% dans le budget 2017, à 3,6 milliards Fcfp avec un effort particulier en faveur de la construction navale ou encore le soutien aux équipements de transport, dans le cadre du schéma directeur des transports.

> Les mesures économiques de relance sont présentées comme "le fil conducteur de ce budget 2017 : des mesures, pour certaines, déjà initiées lors du dernier collectif budgétaire (financement des TPE-PME par la Sofidep, aide à la revitalisation du commerce, soutien massif au logement à travers les subventions publiques aux OLS privés, mise à disposition du foncier public, aide à la sortie de l’indivision) : toutes les ressources financières dégagées par les recettes fiscales seront consacrées à stimuler notre activité économique. Comme l’année dernière, nos comptes spéciaux seront partiellement mis à contribution pour financer ces actions à hauteur de 2,5 milliards".

> Lutte contre la vie chère : "pour la première fois depuis de nombreuses années le gouvernement proposera la baisse, voire la suppression de taxes et de droits relatifs à des produits (…) pour redonner du souffle aux entreprises et aux ménages de manière concrète. C’est un mouvement qu’il faudra amplifier au fur et à mesure de la reconstitution des marges budgétaires. Ces mesures coûteront en 2017 un peu plus de 600 millions au budget du Pays", a rappelé Nuihau Laurey, reprenant une annonce faite par Edouard Fritch lors de son allocution pour l'ouverture de la session budgétaire, mi-septembre.

> Dispositifs en faveur de l’emploi : l'emploi est présenté comme un "souci majeur, même si la courbe s’est inversée au cours des dernières années depuis le milieu de l’année 2014" : "Au second trimestre 2016 cette croissance atteignait 0,7% alors que le taux était encore négatif à -1,5% début 2013. Cette croissance de l’emploi est une réalité en 2015 et 2016 même si le rythme de création est insuffisant pour résorber un chômage que l’on peut qualifier d’endémique".
En 2017 "dans la poursuite des mesures initiées en 2014", souligne Nuihau Laurey, "le budget des dotations CAE, ACT et ACT Pro, et les crédits CVD (Corps volontaires au développement, NDLR), seront renforcées pour stimuler la création d’emploi. Pour les seuls CVD l’enveloppe budgétaire passera de 120 millions à 300 millions".

> Baisse des prélèvements obligatoires : "Le président de la Polynésie a souhaité donner de la visibilité à nos acteurs économiques en proposant un pacte de stabilité fiscale (…), a rappelé Nuihau Laurey avant d’annoncer le gel de la CST, de la TVA, de l’impôt sur le revenu des capitaux mobiliers durant les 5 prochaines années. "L’impôt sur les sociétés sera ramené à 29%" a en outre précisé le ministre du Budget alors que le taux moyen de l’IS est de 31% actuellement. Ce taux sera en outre réduit d’un point chaque année pour atteindre 25% après 4 ans "soit le taux le plus bas de tous les pays de l’OCDE".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 10 Octobre 2016 à 14:37 | Lu 2083 fois