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​Remonter aux sources grâce à l’archéologie


Raiatea, le 6 mars 2023 – Une conférence sur la culture s’est déroulée vendredi à la mairie de Uturoa. Le thème “Archéologie, peuplement, marae et sacré ; état des lieux” était développé en français et en reo tahiti par Hinanui Cauchois, docteure en archéologie, et Giovani Teahui, guide touristique de l’île impliqué dans la culture.
 

La salle des mariages de la mairie d’Uturoa était pleine vendredi soir, pour la conférence “Archéologie, peuplement, marae et sacré ; état des lieux”. Hinanui Cauchois en français et Giovani Teahui en tahitien ont expliqué le peuplement et les marae au regard des découvertes archéologiques. Pour l’occasion, l’événement était aussi retransmis en direct par zoom, pour les personnes souhaitant le suivre et habitant à Tahiti ou à l’étranger. Une occasion pour Naiki Lutz, l’organisatrice, de “guérir une blessure” quant à la non-connaissance de plusieurs éléments de sa propre culture.

L’objectif était de mettre en lumière la façon de vivre en Polynésie grâce aux traces du passé. En effet, grâce à l’archéologie, des traces matérielles découvertes lors des fouilles peuvent être datées. Ainsi, on apprend que le peuplement de la Polynésie française s’est fait à la suite de la progression des Austronésiens d’Asie du Sud-Est. Ils auraient atteint les Philippines en 2 000 av J-C, puis la Nouvelle-Guinée vers 1 500 av J-C. Le peuplement se serait ensuite étendu peu à peu jusqu’à la Polynésie française vers l’an 900. Cependant, une nouvelle théorie des “Outliers polynésiens”, fait actuellement débat. Elle se base sur une découverte de squelettes dont l’ADN mitochondrial montre une origine taïwanaise “directe”. L’approfondissement des recherches à l’avenir permettra de confirmer ou non cette hypothèse. Ce qu’il fallait retenir était surtout que l’ensemble du triangle polynésien a été peuplé entre 1 000 à 1 300 après J-C : Hawaii aux alentours de l’an 1 000, Rapa Nui entre 1 000 et 1 200 et la Nouvelle-Zélande entre 1 200 et 1 350.
 
Les intervenants ont ensuite entamé le sujet des marae, toujours sous l’angle archéologique. Ils ont d’abord tenu à déconstruire les mythes sinistres qu’on leur attribue souvent. “Non, les marae n’étaient pas que des cimetières ou des lieux de cultes obscures dédiés aux sacrifices humains”.

D’ailleurs en Polynésie occidentale (Tonga, Samoa…), ces sites étaient ouverts à tous, et ce n’est qu’en Polynésie orientale (Polynésie française) qu’ils étaient voués aux cultes et détenaient un caractère politique et religieux. Les recherches ont d’ailleurs permis de montrer des différences architecturales des marae selon les régions (Marquises, Australes, Tuamotu...) mais également une évolution selon les époques. Le grand marae de Taputapuātea aurait été en partie construit autour du 14e siècle, puis agrandi au fur et à mesure jusqu’au 18e siècle. Les dieux aussi étaient plus ou moins dominants selon l’époque et le lieu. Ainsi, on a vu le culte de Taaroa mis en retrait par celui de Tane puis par celui de ‘Oro. Enfin, le possible cannibalisme à cette époque a été évoqué, mais pour l’instant, aucunes traces de cannibalisme n’ont été attestées aux îles de la Société.

Hinanui Cauchois à ensuite tenu à rappeler que tout travail archéologique en Polynésie française était soumis à l’autorisation de la Direction de la culture et du patrimoine.

Rédigé par V. Leroi le Lundi 6 Mars 2023 à 17:38 | Lu 1515 fois