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​Les mots bleus de Le Gayic à Paris


Tahiti le 6 novembre 2023 - À l’occasion des discussions sur le budget outre-mer, le député Tematai Le Gayic s’est aventuré sur le terrain du “génocide culturel” de l’État envers ses anciennes colonies tout en critiquant un système d’État qui ne serait qu’une fabrique à militaires.
 

Le volet outre-mer du projet de loi de finances 2024 a commencé à être étudié ce lundi à l’Assemblée nationale. Dans un hémicycle désespérément vide – 90 députés sur 577 – qui témoigne toujours un peu plus de l’absence totale d’intérêt de la part des députés de l’Hexagone en ce qui concerne les outre-mer, Tematai Le Gayic puis Mereana Reid-Arbelot ont tous les deux pris la parole pour défendre les intérêts polynésiens, et surtout pour en remettre une couche sur les ravages de la colonisation au fenua, mère de toutes les infamies à les en croire.
 
À la tribune, c’est le député Le Gayic qui a ouvert le bal avec ses mots bleus. Sans parler du budget outre-mer en lui-même, le plus jeune député de France a souhaité faire “un rappel historique” en préambule. Évoquant “le mal-logement”, “la dépossession des terres”, “le génocide culturel” et la “dépendance extrême aux flux financiers de l’État”, Tematai Le Gayic n’a cette fois-ci pas provoqué l’hilarité de son auditoire.
 
Grave et accusateur derrière son sourire, il a évoqué “l’enrôlement organisé de notre jeunesse dans l’armée” issu de la “défaillance du système éducatif de nos sociétés” et remis en cause le RSMA. “Comment cela se fait que c’est un service militaire qui se met à la place de l’école pour apprendre les fondamentaux dans nos territoires ? ”
 
En pleine session budgétaire où les députés ultramarins demandent tour à tour plus de crédits pour leurs territoires, Tematai Le Gayic a conclu en expliquant qu’il fallait “s’affranchir de notre dépendance à la métropole plutôt que d’être gavé jusqu’à frôler la servitude”.
 
À sa suite, Mereana Reid-Arbelot interrogera le gouvernement sur la création de deux fonds, celui sur l’indemnisation des victimes du nucléaires et celui sur la dépollution des sites. Des questions qui n’apporteront qu’une réponse laconique de la part du secrétaire d’État aux outre-mer, Philippe Vigier. “L’effort sera respecté chaque année”, a-t-il commenté.
 
Cette année, le projet de budget des outre-mer est en augmentation de 7% en autorisations d'engagement et de 5% en crédits de paiement. Une progression qui se veut répondre à quatre priorités : la vie quotidienne des ultramarins, le développement économique et la création d'emploi, la mobilité et l'accompagnement des collectivités territoriales.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 6 Novembre 2023 à 20:08 | Lu 7024 fois