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​Le budget général du Pays gonflé de 7,7 milliards


Tahiti, le 22 mars 2021 - Le premier collectif budgétaire de l’année est examiné par l’assemblée ce mardi en session extraordinaire. Un complément de 7,68 milliards de Fcfp de crédits nouveaux est inscrit au budget général de la collectivité en section de fonctionnement, essentiellement pour financer des mesures de soutien à l’économie. 
 
A l’adoption du budget primitif 2021, les perspectives à courts termes avaient été laissées dans le vague, face au faible niveau de certitudes dans une conjoncture en proie aux aléas de la pandémie. Le 3 décembre dernier un budget de 196,3 milliards de Fcfp avait été adopté en baisse de 2,6% par rapport à 2020. Ce plan financement était construit sur un postulat de reprise d’activité, bien que le gouvernement ait affirmé, dès son examen, devoir se résoudre à adopter la “stratégie de la ligne de crête” pour 2021. Une stratégie décrite comme visant à “regarder avec lucidité sans se raconter d’histoires” et à “s’adapter en cours d’année", par l’adoption de collectifs budgétaires “autant que nécessaire”.
Dans les faits, le premier trimestre de l’année s’est trouvé plombé par une nouvelle fermeture des frontières aux touristes et par la prolongation de mesures restrictives. Le tout afin d’endiguer la propagation épidémique du Covid-19 sur le territoire. C’est dans ce contexte et sans surprise qu’un premier collectif budgétaire est soumis à l’examen des élus de Tarahoi, ce mardi.

En section d’investissement, cette première modification budgétaire opère divers “ajustements” des recettes et dépenses inscrites au primitif voté en décembre dernier. La prévision budgétaire constate l’inscription de 1,05 milliard de Fcfp de dépenses d’investissements nouvelles, compensée par l’abandon de 996,3 millions de Fcfp. Un redéploiement qui se solde dans l’ensemble, par l’inscription de 55,72 millions de Fcfp de crédits de paiement nouveaux. Le budget d’investissement prévisionnel de la collectivité pour 2021 prévoit ainsi d’être porté de 47,58 milliards à 47,64 milliards de Fcfp.

Les principales dotations budgétaires interviennent en section de fonctionnement. Concrètement, 7,68 milliards de Fcfp viennent y compléter les crédits votés au budget primitif 2021. Un apport d’argent frais financé en majeure partie par le prélèvement de 4,65 milliards de Fcfp sur les réserves du Pays. En fonctionnement, le total des dépenses budgétées pour 2021 passe ainsi de 148,72 milliards à 156,39 milliards de Fcfp.

​5 milliards de soutien à l’économie

Cette première modification budgétaire consacre au total près de 5 milliards de crédits de fonctionnement aux mesures de soutien à l’économie et à l’emploi. Un premier charriot de 1,56 milliard de Fcfp est prévu dans le cadre des actions du plan de relance 2021-2023, pour des dépenses à faire avant le mois de juin 2021.
Le plus gros morceau concerne les mesures exceptionnelles de soutien à l’emploi et à la cohésion sociale. Elles sont financées à hauteur de 3,4 milliards de Fcfp. Une dotation qui doit permettre, jusqu’à la fin juin prochain, le financement des dispositifs Diese, Deseti, IE et de la Convention d’insertion sociale (CIS), anciennement dénommé CAES (Convention d'aide exceptionnelle de solidarité). Cette dépense de 3,4 milliards est financée par une ponction de 2,1 milliards dans le Fonds pour l’emploi et la lutte contre la pauvreté (Felp) complétée par 1,31 milliard de Fcfp puisé au budget général de la collectivité.

Créance douteuse pour le Shen Long Yu

​Le budget général du Pays gonflé de 7,7 milliards
De toute évidence, le Pays ne mise pas trop sur le paiement des 975 millions de Fcfp qu’est condamné à lui verser l’armateur taiwanais du Shen Long Yu. Le navire de pêche est échoué sur le récif de Marutea Nord depuis novembre 2017, aux Tuamotu. Son armateur a été condamné le 25 août dernier à verser au Pays 975 millions de Fcfp pour défaut d’enlèvement de cette épave et pollution environnementale. Cette recette exceptionnelle a été comptabilisée en fin d’exercice 2020. Mais “il est proposé de constituer une provision à due concurrence compte tenu de l’importance de la somme et du caractère incertain de son recouvrement”, indique le rapport de présentation du collectif budgétaire, peu confiant dans la perspective de recouvrement de cette créance taiwanaise.

Recette exceptionnelle de 200 millions

A la demande des professionnels de la perliculture, le gouvernement restaure en 2021 le Droit spécifique sur les perles exportées (DSPE). Résultat : 200 millions de Fcfp de recettes nouvelles sont prévus au collectif budgétaire. La suspension de cette taxe d’exportation des perles brutes était au nombre des éléments du plan de sauvegarde de l’économie adopté dès mars 2020. Il s’agissait de soutenir le secteur de la perliculture fragilisé par la crise économique. Une prolongation de cette exonération était prévue pour l’exercice 2021. Mais la mesure n’est pas du goût des professionnels, comme ils l’ont fait savoir lors des deux derniers Conseils de la perliculture. Ils estiment que cette taxe est un outil de régulation qui dissuade l’exportation de perles de trop mauvaises qualités.

Subvention de 150 millions pour Koh-Lanta

Une aide financière de 150 millions de Fcfp est inscrite au bénéfice de la société productrice de l’émission Koh-Lanta, pour le tournage de la prochaine saison de ce jeu de téléréalité d’avril à juin 2021. Il s’agit en réalité de la première tranche de l’aide de 2,5 millions d’euros (298 millions de Fcfp) promise en janvier dernier par Édouard Fritch à la société Adventure Line Production. Le complément devant faire l’objet d’une inscription lors d’un prochain collectif budgétaire cette année. Pour le gouvernement “cette aide se justifie compte tenu du succès du précédent tournage de l’émission et de ses retombées économiques directes sur l’économie des îles de Raiatea et de Tahaa (plus de 530 millions de Fcfp), ainsi que de l’importante visibilité donnée à la destination de Tahiti et de ses îles”.

​Le coût des quarantaines Covid

​Le budget général du Pays gonflé de 7,7 milliards
Une quarantaine est imposée depuis le 9 février dernier à toute personne arrivant en Polynésie. Si une part forfaitaire de 6 000 Fcfp par jour est à la charge des personnes placées à l’isolement, le Pays prend à sa charge pour chacune entre 6 000 et 10 000 Fcfp par jour d’isolement en site dédié. Une provision de 252 millions de Fcfp est inscrite à ce titre au collectif budgétaire pour couvrir ces dépenses jusqu’à fin avril. Quatre hôtels de Tahiti sont sous convention avec le Pays pour servir de site dédié : l'ancien Radison, le Royal Tahitien, l’hôtel Puunui et le Tiare Tahiti. Depuis le 9 février, sur les 1 167 passagers arrivés à Tahiti, 377 ont été contraints de faire une quarantaine en site dédié, tandis que 790 ont pu s’isoler à domicile. Actuellement, 85 personnes sont encore en train de purger leur quarantaine de 10 jours.

42 millions pour les prestataires de santé

Une trentaine de prestataires de santé mandatés pour réaliser des prélèvements nasopharyngés ou administrer des vaccins sont en attente de paiement depuis bientôt cinq mois. Appelés en renfort à partir de novembre pour répondre à un manque de personnel dans un contexte de recrudescence de l’épidémie de Covid-19, ces professionnels devraient bientôt être dédommagés de leur peine et soins. Une dotation de 42 millions de Fcfp est inscrite au collectif budgétaire pour régler les heures supplémentaires et astreintes effectuées en 2020.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 22 Mars 2021 à 16:54 | Lu 1570 fois