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​La vie en miel de Tony Foster


​La vie en miel de Tony Foster
Hao, le 14 janvier 2021 - Apiculteur sur le tard, Tony Foster est devenu en quelques années un grand spécialiste du monde des abeilles et de leur précieux miel. Possédant plusieurs dizaines de ruches, il ne veut pourtant pas céder à une production à outrance, privilégiant la qualité du nectar.
 
Originaire de l'atoll de Hao, Tony Foster, ancien pêcheur professionnel de 62 ans, s'est reconverti depuis sept ans dans plusieurs activités tertiaires, dont l'apiculture. Il a tout d'abord suivi une formation d'initiation à l'apiculture puis une formation de greffage de reines, avant de se lancer dans la profession à partir de quelques ruches. Il compte aujourd'hui 11 ruchiers pouvant contenir de 5 à 15 ruches, une exploitation conséquente pour un atoll d'une superficie de 720 km2 mais ne possédant au total que 42 km2 de terres émergées pour une altitude maximale de 3 mètres.
 
En ce début d'année, l'apiculteur, accompagné de ses deux fils, Tonio et Tagaroa, a décidé d'effectuer une partie de sa récolte annuelle, qui se déroulera sur plusieurs jours. Dès 6h30 c'est le départ pour la récolte en direction de la passe Kaki à 15 km du village d'Otepa. Aidé de l'enfumoir, préparé afin de pousser les abeilles à quitter le nid, Tony Foster procède à un rapide contrôle de la ruche avant d'extraire des cadres remplis du précieux nectar. Un léger balayage de la surface de ces cadres permet à l'apiculture de laisser les abeilles sur place et de n'emporter que ceux plein de miel.
 
Tony possède deux types de ruches, les Langstroth et les Dadant : La ruche Dadant elle est la plus employée par les professionnels. Elle offre un plus grand volume que la Langstroth. La différence entre les deux réside aussi dans le choix que fait l'apiculteur en fonction de l'environnement et de la stratégie d'élevage qu'il adopte. Une fois la récolte effectuée au ruchier, c'est le moment de rentrer à la miellerie. Tous les sens sont en éveil, l'éclat du miel, le son des outils et surtout l'odeur sucrée, fruitée et florale du précieux nectar. Sur place, les cadres sont placés dans un bac avant le début de la très alléchante séance de désoperculation à l'aide du couteau et de la herse. Cette opération consiste à retirer l'excédent de cire et à ouvrir les alvéoles que les abeilles ont construites afin que le miel puisse s'extraire facilement, une fois les cadres placés dans la centrifugeuse. Pendant que Tonio et Tagaroa continuent les opérations de désoperculation, leur père procède à l'extraction dans la centrifugeuse du miel qui contient encore quelques résidus de cire, de pollen, de poussière ou de matières organiques laissés au passage par les abeilles (morceaux de pattes, etc). Il est donc primordial de filtrer le miel afin qu'il soit le plus pur possible avant de pouvoir l'exploiter économiquement.

​"La relève est assurée"


Tony Foster est dithyrambique sur son métier, sa passion. Il ne cesse de vanter, à juste titre, la qualité et la variété de ses miels : "À l'endroit de la récolte de ce jour, il y a peu de cocotiers et beaucoup plus de miki miki, cette essence donne un miel très foncé, épais et très sucré. L'emplacement du rucher détermine fortement la récolte. Ici c'est assez étroit, nous sommes obligés d'éparpiller nos ruches pour un meilleur rendement, il y a donc des zones plus boisées en acacias, en cocotiers ou autre. Je suis fier que mes deux garçons viennent m'aider, car je ne suis plus tout jeune et c'est quelque part leur héritage. Je pense que la relève est assurée car c'est un travail qui leur plaît".
 
La production de Tony est d'environ 600 kg de miel par an. 80 % du miel est exporté sur Tahiti à destination des hôtels, les 20 % restants sont écoulés localement sur l'atoll pour le plus grand plaisir des Paumotu. À l'avenir, l'apiculteur ne compte pas augmenter sa production, afin de maintenir une certaine qualité, avant qu'au moins l'un de ses fils reprenne le flambeau.

Rédigé par Teraumihi Tane le Jeudi 14 Janvier 2021 à 09:07 | Lu 16144 fois