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​La sincérité mise en doute du voleur qui avait tué le papy de 83 ans


PAPEETE, 27 juin 2019 - Lors d’un cambriolage en décembre 2016, Lewis Opuu avait été surpris par l'octogénaire propriétaire des lieux et l'avait tabassé. Le vieil homme était mort quelques jours plus tard des suites de ses blessures. L'agresseur se présente aujourd'hui à la barre comme séduit par les "vraies valeurs" de la Bible, tandis que l'expert psychiatre pointe son "aptitude pour la manipulation".  

Le jeune homme a 24 ans aujourd’hui. Il avait 21 ans à l’époque des faits. Il vient de passer un peu plus de 2 ans en détention provisoire à Nuutania en attendant son procès. Lewis Opuu débute dans la vie et risque une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Il est accusé d’avoir commis un vol avec violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Aujourd’hui, il se présente dans le box des accusés comme un détenu inscrit dans un groupe de parole biblique, "parce qu’il n’y a rien d’autre à faire à Nuutania". Trapu, le regard droit, le ton poli, il répond aux questions que lui pose la cour.

Ce jour de fin décembre 2016, Lewis était parti de Mahaena le matin, en bus, pour aller "chasse" en ville. L’avant-veille, il avait déjà fait un repérage à Aute, sur les hauteurs de Pirae. Il s’y était rendu à pied depuis Papeete. Il avait pénétré dans une maison inoccupée, pris une douche sur place, volé du linge pour se changer, repéré la présence de deux coffres forts qu’il avait tenté en vain de forcer, puis, toujours bredouille, jeté un coup d’œil sur les propriétés alentours.

De retour sur les lieux le 21 décembre, il n’a pas plus de succès avec les coffres forts. Mais il a repéré, quelques lots au-dessus, un Suzuki de type Vitara, stationné dans le garage d’une propriété. Il est midi passé, en ce mercredi de fin décembre. Il a besoin de ce véhicule pour rentrer chez lui, au PK 35 sur la côte Est de Tahiti. Il décide de le prendre. Mais il lui faudra trouver les clés. Et c’est là que tout bascule. 

Le propriétaire des lieux est en train de faire une sieste. Sa pause quotidienne « dans le plus simple appareil », témoigne son fils, entendu jeudi par la cour. "C’était un vieil homme robuste et très actif, passionné d’aéromodélisme, de photographie, bricoleur hors pairs. Il a probablement été tiré de sa sieste quotidienne en entendant les aboiements du chien du voisin. Il m’a raconté qu’il s’est levé et qu’il est tombé nez à nez avec son agresseur." C’est sa femme qui le découvrira baignant dans une mare de sang "et dans ses excréments", sur le carrelage de la chambre parentale, vers 16 h 40.

Le vieil homme est conscient. Il a plusieurs plaies sur le front et l’arrière du crâne, de multiples ecchymoses sur le visage et le buste. Il souffre surtout d’une fracture cervicale. Affection qui sera à l’origine de son décès, lors d’une opération chirurgicale de la dernière chance, moins de 10 jours plus tard. Il vient d’être frappé à coup de poing et de pied au visage, sur le buste jusqu’au dernier coup de pied porté pour « écraser la tête » du papy qui tentait de se relever et l’"endormir".

Ces faits ont été reconnus par l’accusé lors de ses auditions. Rappelé en ouverture d’audience par la présidente pour éclairer les jurés, ils seront ponctués par un laconique "C’est la vérité", lâché le regard droit et l’air vaguement contrit, par Lewis Opuu depuis le box des accusés. Il semble regarder ses événements graves comme s’ils avaient été commis par un autre lui-même. Celui qui, il y a à peine 2 ans déclarait voler "pour le plaisir, pour jouer". Il pourrait passer pour quelqu’un qui est dans le repentir en quête des "vraies valeurs" consignées dans la Bible. Mais sur le banc des parties civiles, c’est l’affliction. Et lorsque l’expert psychiatre est entendu, le portrait du jeune homme se terni d’un coup et sa sincérité vole en éclats. Bien que reconnu responsable de ses actes, Lewis Opuu est décrit comme quelqu’un à "tendance psychopathique avec une aptitude pour la manipulation". Un jeune homme qui "aime donner de lui une image favorable", "d’une intelligence normale" mais "dénué de toute empathie " Il l’a reconnu : le jour des faits, il avait la certitude que quelqu’un était dans la maison, lorsqu’il s’y est introduit pour trouver les clés du Vitara. 

Il ne trouvera pas les clés, mais une sacoche contenant 3000 francs, un chéquier et une carte de crédit. Dans la poche de sa victime, il dérobe un téléphone portable. C’est grâce à ce dernier qu’il sera confondu par les enquêteurs de la police judiciaire, près de trois semaines plus tard, le 9 janvier 2017.

Le procès de Lewis Opuu se poursuit ce vendredi. Le verdict est attendu en soirée.  

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 27 Juin 2019 à 19:36 | Lu 868 fois