Tahiti Infos

​L'île sœur à l'heure du couvre-feu


Moorea, le 28 octobre 2020 - Afin de limiter la propagation du Covid-19, le couvre-feu, interdisant toute sortie nocturne de 21 heures à 4 heures, a été mis en place sur les îles de Tahiti et Moorea depuis samedi dernier jusqu’au 16 novembre prochain. Tahiti infos est allé à la rencontre de quelques acteurs, touristes et résidents de Moorea afin de recueillir leur avis sur cette mesure.

Ronui Rota
Chef de la police municipale
"Après le couvre-feu, les gens vont se remettre à boire et se bagarrer"
"Le couvre-feu se passe bien à Moorea. Les habitants respectent cette mesure durant la nuit. En allant faire des contrôles de 21 heures à 4 heures du matin, on ne voit pas de gens ou de voitures sur la route. Mais il y a des jeunes, notamment à Papetoai, qui ne respectent pas. On est obligé de discuter avec eux pour qu’ils rentrent à la maison. A partir de cette semaine, nous allons verbaliser ceux qui n’écoutent pas. Sinon certains ne vont pas le faire. Le couvre-feu est positif pour la police municipale car on fait rarement durant cette période des interventions pour des nuisances sonores, des bagarres, des disputes conjugales, etc. Après le couvre-feu, les gens vont se remettre à boire et se bagarrer. On a vécu cela quand nos interventions ont recommencé à augmenter juste après le dernier confinement. On verra si le nombre de victimes du Covid-19 va baisser d’ici le 16 novembre pour savoir si le couvre-feu est une mesure efficace ou pas."

Taylor Booth
Touriste californienne
"Ce couvre-feu ne nous affecte pas"
"Je pense que le couvre-feu est une bonne mesure de prévention. On apprécie que le pays impose toutes ces étapes nécessaires pour éviter que le Covid-19 se répande. Cela impacte les touristes qui veulent se rendre dans les bars ou les restaurants après 9 heures du soir. Sinon, c’est bien aussi de rester à l‘hôtel pour se détendre. On sort dans les restaurants mais on était toujours rentré avant 21heures auparavant. Sortir le soir est quelque chose qui manque dans nos vacances ici, mais cela vaut la peine de faire en même temps de la prévention. Je pense que cela peut empêcher les autres touristes de venir en Polynésie française parce qu’ils veulent venir ici pour échapper aux fortes mesures strictes des pays d’Europe ou des Etats-Unis. Ils voudraient peut-être venir ici sans avoir à connaitre de restrictions. Mais le gouvernement local a besoin de faire ce qui est juste pour la population."

Zoè Grihangue
Gérante de Vaiare Pizzeria
"Non, le couvre-feu n’est pas une bonne mesure"
"On perd une partie de notre clientèle en fermant plus tôt. Le fait d’annuler nos soirées du week-end (musique, karaoké...) nous fait aussi perdre 50% de notre chiffre d’affaires. Il faudrait peut-être que le gouvernement attribue des aides qui correspondent aux pertes de chiffres d’affaires durant cette période. Il faudrait au moins qu’on puisse stabiliser nos emplois et ne pas mettre la clef sous la porte. Je ne pense pas que le couvre-feu est une mesure adaptée car la vie va s’organiser autrement. Les gens vont aller manger dehors plus tôt. Ce qui a marché, c’est le confinement. Il n y a pas eu de cas et de propagation de la maladie. Le couvre-feu par contre nous embête plus qu’autre chose. Non, le couvre-feu n’est pas une bonne mesure. S’il faut qu’on arrête la maladie, qu’on aille jusqu’au bout. J’aurai préféré un confinement avec des aides."

Syd Pollock
Propriétaire du restaurant Rudy
"21 heures, c’est trop juste"
"Je pense que le couvre-feu impacte tous les restaurateurs. Je comprends les raisons car la situation sanitaire nous oblige à faire des efforts. Maison aurait préféré que le couvre-feu commence à 22heures et non à 21 heures. Cette heure est un peu trop juste pour nous. Quand les gens viennent diner le soir, ils trainent un peu jusqu’à 21 heures ou 21h30. On est obligé, comme hier soir, de refuser des gens qui viennent dîner à 20 heures ou 20h30.Le temps nous dira si cela va apporter quelque chose sur le plan sanitaire. Mais je suis sceptique. Soit on doit confiner complètement, soit on doit laisser faire les choses. Ce n’est quand même pas extraordinaire pour le pays économiquement parlant. On a perdu 20 à 30% de notre chiffre d’affaires. On a même perdu 50% de notre chiffre d’affaires par rapport à la situation avant le confinement dernier. Je comprends qu’il faut essayer de faire un effort face à ce problème sanitaire, mais je le répète: 21 heures, c’est trop juste. J’espère que la situation sanitaire va aller dans le bon sens de manière à nous libérer de ces obligations. Je ne peux me permettre d’être pessimiste, sinon ça serait la catastrophe."

Rose Richmond
Directrice de l’hôtel Hilton Moorea
"On se contente des clients de l’hôtel"
"Je ne pense pas que la mise en place du couvre-feu impacte directement l’hôtel. Nous avons par contre refusé que les gens de l’extérieur entrent le soir afin qu’ils ne se retrouvent pas dans l’hôtel après 21 heures. On se contente des clients de l’hôtel. On doit plutôt régler la situation des employés car l’hôtel travaille 24 heures sur24. Il faut leur faire des dérogations. Cela n’impacte pas nos touristes car nos points de ventes (restaurants, ventes...) ferment à 21heures. On prévient aussi ceux qui sortent le soir, au restaurant par exemple, de revenir avant21 heures. On n’a pas encore reçu d’avis de leur part concernant cette situation "

Roger Igual
Propriétaire du restaurant Te Honu Iti
"Notre restaurant est menacé"
"Ce couvre-feu nous fait déjà une baisse d’affaires de 40 à 45%. On nous demande de payer des impôts. Mais ce n’est pas avec des recettes comme ça qu’on va les payer. On reçoit seulement quelques clients le soir. On ne va aller nulle part comme cela. On s’endette. Je fais aussi des transferts dans les hôtels. J’ai intérêt à ramener les gens à 20h45. Sinon, les hôtels vont me barrer de leur liste. Il faut que les gens se protègent pour ne pas que la maladie se propage. Pour vivre avec, il faut se protéger. Le couvre-feu est très utile, mais il ya des heures où on aimerait s’en passer. On aimerait qu’il soit mis en place à partir de 22 heures. On ne peut même pas vendre les desserts, tellement il faut se dépêcher. Notre restaurant est menacé. "

Rédigé par Toatane le Mercredi 28 Octobre 2020 à 18:08 | Lu 2610 fois