Tahiti Infos

​Ça coince toujours pour Jackson


Tahiti, le 17 mai 2022 - Le sort du perroquet Jackson a encore été examiné par le juge des référés du tribunal administratif de Papeete. Le 15 mars dernier, la juridiction avait ordonné au Pays sous astreinte de prendre un arrêté actant l’introduction à titre dérogatoire en Polynésie du volatile. Sept semaines plus tard, une nouvelle procédure –la sixième– a été engagée par le propriétaire de l’animal qui considère que l’administration polynésienne répond aux abonnés absents et joue la montre.

Le cas de l’introduction en Polynésie française du perroquet Jackson semblait réglé il y a deux mois. Le Tribunal administratif de Papeete avait ainsi ordonné “d’accorder, par arrêté du conseil des ministres, et sous astreinte d’un montant de 50 000 Fcfp par jour de retard, la dérogation” demandée et prévue par les textes. Le propriétaire de l’oiseau, l’animateur Benny de Radio 1, avait notamment produit un rapport vétérinaire prouvant la non-dangerosité de l’animal sur l’environnement polynésien. L’ordonnance prévoyait la réalisation de trois tests sanitaires.
 
À la limite des noms d’oiseau
 
Selon Me Quinquis, avocat de l’animateur, l’administration procède à “un nouveau blocage”, dénonçant cette “manière infantile de l’administration de travailler”. En cause des demandes de précisions techniques sur les tests restées lettre morte, des services du Pays sollicités mais qui ne répondent jamais ou se renvoient la balle ou encore un courrier produit par le Pays au Tribunal mais jamais arrivé dans les mains de son destinataire, le propriétaire de Jackson, pour qui le temps presse. Le perroquet ne pourra plus voyager en soute au départ du Canada, son lieu de quarantaine, entre septembre 2022 et avril 2023 et “personne ne nous répond nulle part”. Un fonctionnement “kafkaien” et “absurde” de l’administration polynésienne selon Me Quinquis, qui a conduit à ce nouveau contentieux ne surprenant guère le représentant du Pays. “Je ne cacherai pas qu’il y a une certaine réticence de la part de certaines autorités polynésiennes quant à l’introduction de l’animal en Polynésie”. Les oreilles des chefs de services et d’agents de la Direction de l’environnement et la Direction de la Biosécurité ont dû bourdonner pendant l’heure de débat, parfois houleux, chacun volant dans les plumes de l’autre. Pour examiner le sort du volatile, les noms d’oiseaux ont ainsi failli voler. “Un dialogue qui semble compliqué” selon les mots du juge.
 
Dossier repoussé au Conseil des ministres
 
Et le Pays d’accuser le propriétaire de l’animal de confondre la réglementation environnementale, qui ne concerne que les règles d’introduction de l’animal avec les risques sur le milieu naturel, et la réglementation sanitaire, qui définit les règles précises sur les tests précis à opérer sur l’oiseau avant l’arrivée sur le territoire. Or, cette réglementation sanitaire spécifique, nécessaire à l’entrée de l’animal sur le territoire, est encore dans les tuyaux. Un arrêté a bien été présenté en ce sens au conseil des ministres du 16 mai mais le dossier a de nouveau été repoussé par le gouvernement pour en “vérifier la légalité”. Un délai supplémentaire qui ne garantit en rien un dénouement rapide de la situation. À l’audience, le représentant du Pays a bien confirmé que le dossier allait être inscrit à l’ordre du jour du Conseil des ministres mercredi prochain mais que rien ne laissait présager qu’il serait approuvé par le gouvernement. Un retard qui pourrait rapidement conduire au paiement de l’astreinte journalière, le Pays perdant alors des plumes dans l’affaire.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Mardi 17 Mai 2022 à 20:46 | Lu 2702 fois