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Élodie Cinquin-Beigbeder, femme de sciences


TAHITI, le 1 er juin 2022 - Elle est la présidente de l’association Proscience depuis un an et demi. Avec les membres de cette association elle est à pied d’œuvre pour monter le Village des sciences, événement anniversaire, qui ouvrira ce vendredi à l’Assemblée. Élodie Cinquin-Beigbeder est une scientifique engagée. Elle est biologiste de formation, passionnée par les plantes en particulier, par le vivant en général.

Proscience est une association qui fête ses 30 ans cette année. En tahitien c’est Te Turu ‘ihi qui peut être traduit par : le soutien à la science. Elle a été créée en 1992 par le docteur Raymond Bagnis. Il avait été sollicité à l’époque par le haut-commissaire pour organiser la fête de la science (évènement national) en Polynésie française. Puis l’association s’est maintenue et a élargi son champ d’actions. Elle a continué à organiser les fêtes de la science (27 au total) mais s’est mise aussi à proposer des conférences, des concours dans les établissements scolaires, elle s’est dotée d’un planétarium.


Elle s’est donné pour mission d’éveiller la curiosité du plus grand nombre, de vulgariser les sciences qui peuvent être parfois, et à première vue, inaccessibles. Pourtant, elles tiennent une grande place dans le quotidien de tout un chacun. La vulgarisation scientifique, la transmission aux plus jeunes, le partage des connaissances, c’est tout ce qui motive Élodie Cinquin-Beigbeder qui a accepté il y a un an et demi, et après sept années d’engagement en tant que membre, de prendre la présidence de Proscience. Elle a d’ailleurs fait beaucoup de soutien scolaire et d’animation scientifique depuis qu’elle est étudiante. Jusqu'à ce jour, elle continue les animations scientifiques.

Formée à la bioingénierie

Élodie Cinquin-Beigbeder est ingénieure d’étude en bioingénieries. Elle est passionnée par le monde végétal. "Quand j’ai eu à faire un choix d’orientation à la fin de ma 1re année de sciences générales, j’ai tout de suite opté pour la filière végétale. On commençait également à parler d’OGM, de génétique, d’éthique, et je me suis dit qu’il serait intéressant d’étudier cela pour bien le comprendre. Je me suis ainsi spécialisée en physiologie, génétique et biologie moléculaire." Elle a obtenu un master en bioingénieries végétales (option biotechnologies végétales), puis ne sachant si elle voulait s’orienter vers la recherche fondamentale ou appliquée, elle a travaillé une année dans l’unité mixte de recherche CNRS-UPS 5546 à Toulouse afin d’obtenir un Diplôme d’études supérieures universitaires (DESU). Elle était en génomique fonctionnelle et recherchait les gènes impliqués dans l’acclimatation au froid chez l’eucalyptus. La génomique étant une discipline relativement récente qui étudie le fonctionnement d’un organisme, d’organe, etc. à l’échelle du génome et non à celui d’un seul gène.

Cette année passée au CNRS a été déterminante et lui a donné l'envie de continuer en recherche appliquée. "Finalement, j’ai opté pour un Diplôme d’études supérieures spécialisées (Dess). Je n’ai pas fait de thèse. J’ai enchaîné avec un poste en recherche et développement chez un semencier. J’ai travaillé à l’établissement d’une carte génétique du colza, à la recherche de QTL de résistance et au développement d’outils internes." Et Tahiti s’est présentée. C’était en 2004.

Lycée Gauguin et UPF


Élodie Cinquin-Beigbeder est arrivée avec un sac à dos en Polynésie, et a fait des petits boulots avant de trouver un poste dans son domaine : Enquêtrice pour l’Institut de la statistique de Polynésie française (ISPF) à l’aéroport, tatie chez Envol… Elle a ensuite enseigné comme vacataire plusieurs années les Sciences de la vie et de la terre au lycée Gauguin, puis la génétique, la biologie et la physiologie végétale à l'université de Polynésie française (UPF) durant 1 an.

À la suite de cela, elle est entrée au Service de développement rural (SDR) où elle est restée 8 ans. "Quand je suis arrivée, le laboratoire de culture in vitro était en sommeil depuis plusieurs années, je devais le remettre en fonctionnement." Elle a travaillé sur un programme de renforcement de l’autosuffisance alimentaire par les productions vivrières amylacées issues de la valorisation des ressources génétiques polynésiennes (bananiers, taros, 'uru) et fait de l'assistance technique aux horticulteurs (anthuriums). "Tout cela me plaisait beaucoup, j’ai adoré. Mais j’ai eu envie, besoin de changer, de voir autre chose, d’évoluer dans de nouveaux milieux, d’élargir mes connaissances, mes compétences." Il y a cinq ans, elle a décidé de s'essayer à d'autres activités et de se lancer dans la production et la communication en travaillant avec la Compagnie du Caméléon et en présentant en parallèle l'émission Bien dans son Fare diffusée sur TNTV.

"c’est exactement ce que je cherchais"


En 2017, la compagnie du Caméléon a lancé le recrutement d’un chargé de production, en passant par un bureau spécialisé, "j’y suis allée sans trop y croire, ils cherchaient une ou un chargé de production et de communication, c’était loin de mon domaine, mais j’étais impliquée dans le milieu associatif et avait déjà participé à l’organisation de quelques événements. Et finalement j’ai été prise." Depuis, Élodie Cinquin-Beigbeder s’occupe de la communication bien sûr, mais aussi de l’organisation et la logistique des spectacles, de la recherche de partenaires financiers et de la mise en place de projets socioéducatifs… Avec Caméléon, Élodie Cinquin-Beigbeder travaille avec les artistes bien sûr, les réalisateurs, auteurs, producteurs mais aussi avec les publics empêchés : foyers (SOS Village Papara, Association Emauta), populations des îles éloignées, prison, hôpitaux… C’est très varié, "c’est exactement ce que je cherchais".

En parallèle, entre 2017 et 2021, elle a présenté Bien dans son fare. Une émission "maison déco", une expérience très enrichissante. "Toutes les rencontres ont été belles. Ce qui me plaisait surtout c’étaient les vieilles maisons polynésiennes, les bâtisses des années 1940/1960 qui ont vu passer plusieurs générations et qui ont donc des histoires de vie qui s’inscrivent dans le mobilier, les tableaux exposés sur les murs, dans les tiki sculptés, dans le linge de maison".

Lors des tournages et donc à travers l’émission, beaucoup de choses se racontaient, "il y un échange humain fort qui va au-delà du lieu. À chaque fois, c’était simple et chouette, chargé d’une belle énergie. C’était étonnant mais très vite la relation était forte avec le propriétaire des lieux, un peu comme si on se connaissait depuis longtemps".

Depuis un an et demi, Élodie Cinquin-Beigbeder intervient également comme consultante en bioingénieries et botanique. Elle est l’auteure d’un guide sur les coccinelles de Polynésie paru il y a quelques mois (lire aussi cet article. Elle est revenue à ses premières amours.

Pratique

Village des Sciences - Les 30 ans de Proscience
Le 3 et 4 juin à l’Assemblée de la Polynésie.
Entrée libre.
Ateliers de 9 heures à 16 heures
Conférences de 17 heures à 19 heures.

Contact

[email protected]
87 70 18 31
FB : As ProScience

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 1 Juin 2022 à 17:18 | Lu 3779 fois