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Salon du livre 2016 : "Une belle édition"


Crédit : Frank Brouillet
Crédit : Frank Brouillet
PAPEETE, le 14 novembre 2016 - Malgré les dates et l’absence des scolaires - il tombait cette année pendant les vacances – le salon du livre est une réussite. Il s’est tenu du 10 au 13 novembre dernier. Le public a répondu en nombre à l’invitation de l’Association des éditeurs de Tahiti et des îles et de la Maison de culture. Les conférences, tables rondes, ateliers et autres rendez-vous ont fait le plein. Dimanche midi, les carnets d’écriture avaient tous trouvés preneurs.

"Malgré notre inquiétude, force est de reconnaître la fréquentation élevée du salon du livre", note Christian Robert, président de l’Association des éditeurs de Tahiti et des îles (AETI). Association qui a lancé l’évènement il y a 16 ans. Chaque année, ce rendez-vous devenu incontournable est organisé par l’AETI avec la Maison de la culture "par et pour les locaux", ajoute Christian Robert.

Les visiteurs, aux alentours de 5 000 pour cette édition 2016, viennent de tout horizon. Le livre c’est "fun" et ça fait "kiffer" comme se sont plus à le dire les visiteurs lors du jeu concours Facebook organisé en amont de l’événement. Il n’y a pas d’âge pour tourner les pages, la lecture en Polynésie comme ailleurs transcende les genres, les origines ethniques et sociales.

En raison des vacances, les scolaires ont été privés de l’événement. Ce qui a permis à certains jeunes de faire le déplacement dans un autre cadre. "Ils ont eu une approche moins scolaire par rapport à l’objet, ce qui démystifie le support", indique Lucile Bambrigde, chargée de l’organisation du salon. Elle illustre : "Une centaine de jeunes est venue de Moorea dans le cadre de sorties extra-scolaires le jeudi et le vendredi. Des jeunes qui n’ont pas l’habitude de ce genre d’évènement. Ils ont pu rencontrer des auteurs, voir comment on illustrait un livre avec Pierre Cornuel, mettre la main à la pâte avec Marin Ledun, visionner un film tourné par une classe de collège de Makemo à partir d’un ouvrage." La lecture, à l’occasion du salon, est devenue accessible.

Les ateliers d’illustration de Pierre Cornuel et d’écriture de Marin Ledun ont fait le plein pendant les quatre jours. De même que les interventions des Bataclowns. Le regard porté par ces troubadours des temps modernes sur les conférences et tables rondes étaient attendus et suivis de près par les visiteurs. Lesquels se rapprochaient lorsque les Bataclowns entraient en scène sans même avoir suivi les échanges en amont.

Enfin, dernière conclusion remarquable : l’engouement pour les carnets d’écriture. Cinq mille exemplaires de ces carnets ont été mis à disposition à la Maison de la culture du 10 au 13 novembre. "Dimanche midi, ils avaient tous disparu", affirme Lucile Bambridge. "Cinq mille autres exemplaires vont partir dans les agences OPT pour une distribution sur Tahiti et dans les îles." Vous avez jusqu’à fin décembre pour les remplir et saisir l’occasion de devenir l’un des auteurs du livre collectif Le dire et l’écrire, livre d’expression populaire qui paraitra au salon du livre 2017.

Best of, les meilleures ventes du salon

A he’e noa i te tau, mémoires d’une vie partagée de John Doom, Ed. Haere Pō. Cet ouvrage recoupe les dernières années des établissements français de l’Océanie, celle de la Polynésie française, un TOM en 1946 puis un Com en 1983 et un Pom en 2004… L’histoire de John Doom est aussi un peu notre histoire, celle de Tahiti et des îles, un espace aussi vaste que l’Europe, une économie qui passe en moins d’une génération du prélèvement des phosphates et de la nacre à celle des transferts de la métropole, d’une culture traditionnelle à celle d’une post-modérnité d’une génération Y et nostalgique…au sein d’une société qui affiche un taux de chômage de 21,8 % en 2012 et d’illettrisme de 38% parmi les jeunes des Journées de Défense et de citoyenneté de 2013.

La Grande pirogue sans balancier, le Dolphin à Tahiti, de Luc Duflos, Ed. ‘Ura éditions. 20 juin 1767. Le capitaine Wallis et son équipage découvrent, par temps brumeux, la presqu’île de Taiarapu et pensent apercevoir, plus loin dans les nuages, "la cime de plusieurs monts, qui s’étendaient du S au SO, à plus de vingt lieues." Il s’agissait dans leur esprit de la Terra Australis incognita, continent chimérique qui occupait alors l’imagination de tous les marins traversant le Pacifique. De leur côté, les Tahitiens suivaient, depuis son arrivée à Mehetia, cette grande pirogue sans balancier dont l’avènement leur avait été prédit par les anciens. Méfiance d’un côté et préjugés d’époque de l’autre firent de cette première rencontre un affrontement sanglant, les Peretane répondant aux jets de pierre par leurs canons chargés à boulet et mitraille.
Il fallut toute la diplomatie de la “Reine” Pure, et la bienveillance naturelle des Tahitiens, pour surmonter ce premier échec et le transformer en une relation d’amitié. George Robertson, maître de manœuvre à bord de la frégate Dolphin, décrit de manière pittoresque et sensible cette phase essentielle de l’histoire du Tahiti des temps modernes, au tout début de la cohabitation des Polynésiens et des Occidentaux.


Pina de Titaua Peu, Ed. Au Vent des îles. Dans une famille tahitienne qui cumule toutes les misères, Pina, dernière de sa fratrie, observe, du haut de ses huit ans, cette comédie humaine sur fond de révolte, de désamour et de violence. C’est pourtant elle, petite enfant noire aux cheveux crépus, la moins aimée, qui deviendra le guide du clan familial. L’histoire dramatique d’une famille de neuf enfants qui dépeint avec réalisme et finesse les rapports complexes qu’entretiennent les membres d’une même lignée qui se méconnaissent, se heurtent et souffrent dans le silence. Pina brosse le portrait d’une Polynésie déchirée où deux mondes parallèles se côtoient sans se voir. Un livre coup de poing, un grand cri de rage trempé dans la sueur, le sang, le sperme et les larmes.

Maiba de Russell Soaba, Ed. Au Vent des îles. Maiba, dernière héritière d’une chefferie en désuétude et en proie au scandale, est négligée pendant l’enfance qu’elle passe dans la famille de son oncle et sa tante. Peu à peu, la petite sauvageonne gagne en sagesse et réussit à rassembler le village qui est déchiré entre les forces opposées de la modernité et de la tradition. Maiba est une œuvre très littéraire, belle et émouvante. C’est aussi le premier roman de Papouasie-Nouvelle-Guinée à être traduit en français.

Parmi les auteurs invités, se sont Pierre Cornuel et Marin Ledun qui se démarquent.


Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 14 Novembre 2016 à 16:20 | Lu 1382 fois