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Cri d'alarme du contrôleur des prisons sur l'état du centre pénitentiaire de Nouméa


Cri d'alarme du contrôleur des prisons sur l'état du centre pénitentiaire de Nouméa
PARIS, 6 décembre 2011 (AFP) - L'état déplorable et la surpopulation de la prison de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, relèvent d'une "violation grave des droits fondamentaux" des personnes qu'il héberge, déplore le contrôleur des prisons dans des "recommandations" publiées mardi au Journal officiel.

Lors d'une visite inopinée effectuée en octobre par quatre contrôleurs, il a été constaté que 438 personnes étaient écrouées dans cette prison appelée Camp Est, pour une capacité de 218 places, précise le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Jean-Marie Delarue.

La sur-occupation atteint 300% dans la maison d'arrêt, quartier destiné aux personnes en détention provisoire ou condamnées à de courtes peines.

Jusqu'à six détenus cohabitent dans des cellules insalubres de 12m2. Trois lits superposés d'un côté, deux de l'autre et, "souvent, entre les deux rangées de lits, un matelas posé à même un sol crasseux où circulent des rats et des cafards".

"Les WC, à la turque, sont situés dans un coin" de la cellule. "Les remontées d'égoûts fréquentes empestent l'atmosphère", la chaleur "est vite éprouvante", "les grilles d'aération sont souvent obstruées afin d'empêcher les rats" d'entrer.

Quant aux cellules disciplinaires et d'isolement, elles sont "dans un état répugnant".

Par ailleurs, les activités proposées étant "quasi-inexistantes", les personnes détenues sont "confinées dans leurs cellules entre 22 et 23 heures par jour".

Le texte rappelle que le ministère de la Justice a annoncé en mai "la réhabilitation et l'extension" de la prison, avec "livraison de la première tranche en 2016". Mais du fait d'un "imbroglio" avec la ville de Nouméa, le permis de construire n'a toujours pas été délivré.

Plutôt qu'un déménagement, le contrôleur constate qu'une "reconstruction sur place", certes "graduelle", pourrait "avoir un début de réalisation immédiat, précieux pour les personnes détenues comme pour le personnel".

M. Delarue dit avoir communiqué ses observations selon une procédure d'urgence, le 25 octobre, au ministre de la Justice, qui lui a adressée une réponse le 2 décembre, dont la teneur n'a pas été rendue publique.

La ligue des droits de l'homme de Nouvelle-Calédonie (LDH-NC) a dénoncé récemment "l'horreur" de la prison de Nouméa, où deux jeunes détenus sont morts en octobre. L'un a été battu à mort par ses codétenus, l'autre s'est pendu.

Rédigé par AFP le Lundi 5 Décembre 2011 à 22:21 | Lu 784 fois