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George Tupou V a été porté à sa dernière demeure


George Tupou V a été porté à sa dernière demeure
NUKU’ALOFA, mardi 27 mars 2012 (Flash d’Océanie) – George Tupou V, roi de Tonga décédé subitement le 18 mars 2012 à Hong Kong, a été enterré mardi a terme de funérailles nationales qui ont mobilisé le pays tout entier, en présence de hauts dignitaires venus des pays voisins.
Le corps du monarque avait été rapatrié lundi à bord d’un avion mis à la disposition par la Chine Populaire.
Avant les funérailles, mardi, une capelle ardente avait été mise en place pour le corps du défunt monarque.
Depuis le week-end, des centaines de Tongiens expatriés en Nouvelle-Zélande voisine avaient convergé vers le royaume à bord de vols supplémentaires organisés par la compagnie Air New Zealand.

Mardi, jour des funérailles, le cérémonial, trois heures durant, a alterné entre religieux et le service de l’église wesleyenne (méthodiste), le protocole royal et la pompe traditionnelle, dans le cimetière royal où est enterrée toute la lignée de celui qui avait succédé à son père Tupou IV, décédé en septembre 2006.
Anonymes et hauts dignitaires, ainsi qu’un important contingent de médias locaux et régionaux, ont formé une foule compacte mardi, faite de plusieurs milliers de personnes.
Dans la tribune d’honneur se trouvaient notamment de hauts représentants australiens et néo-zélandais (et en tête les Gouverneurs Généraux -représentants officiels de la Reine d’Angleterre dans ces deux pays du Commonwealth-), des représentants de la famille royale Maori de Nouvelle-Zélande, ainsi que le Président fidjien, Ratu Epeli Nailatikau.
Ce dernier était présent à deux titres : en tant que chef de l’État fidjien, mais aussi en tant que représentant de la famille Mara, très proche de la maison de Tonga.

Outre le Gouverneur Général néo-zélandais Sir Jerry Mateparae, la délégation néo-zélandaise (transportée par avion spécial de l’armée néo-zélandaise) était aussi composée du ministre des affaires étrangères Murray McCully, de la ministre des affaires du Pacifique, Hekia Parata, du ministre des affaires Maori, Pita Sharples, du chef de l’opposition parlementaire, David Shearer, du maire d’Auckland Len Brown et de nombreux représentants de la communauté tongienne d’Auckland et de sa grande banlieue.
La délégation australienne, conduite par la Gouverneure Générale Quentin Bryce, inclut aussi le Secrétaire d’État aux affaires du Pacifique et aux affaires étrangères, Richard Marles.
Le chef de l’État de Samoa était aussi présent, ainsi que les dirigeants des autres États polynésiens de Kiribati et de Niue.
Le gouvernement américain était représenté par une délégation mandatée par le Président Barack Obama et conduite par Mme Frankie Reed, l’ambassadrice américaine basée à Suva et accréditée sur une base non-résidente à Kiribati, Nauru, Tonga et Tuvalu.
Faisaient aussi partie de cette délégation présidentielle le sous-secrétaire d’État pour les affaires insulaires, Anthony Babauta, ainsi que le Général de division (***) Duane Thiessen, Commandant en chef des forces américaines maritimes dans le Pacifique.

Une délégation était aussi venue de la Nouvelle-Calédonie toute proche, avec notamment les autorités militaires françaises qui y sont basées, ainsi que le Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Roch Wamytan, mandaté par le Président du gouvernement de cette collectivité française du Pacifique, Harold Martin.
Avant l’enterrement, au son de musique alternativement religieuse et classique (Haendl), un énorme catafalque, frappé des armoiries royales (et des initiales GT V, pour George Tupou V) et tendu de noir et de pourpre, a été précédé par une garde d’honneur des Tonga Defence Services (TDS, force paramilitaire dont le roi est le commandant en chef) et porté par une succession de collégiens et de guerriers en tenue traditionnelle.
Sur le chemin menant au cimetière sacré de Mala’ekula, les routes étaient le plus souvent couvertes de tapas (de l’écorce de mûrier assouplie et peinte) de grande valeur.
Le successeur de George Tupou V n’est autre que son frère cadet, qui règnera sous le nom de Tupou VI.


Tout le pays marque un temps d’arrêt

George Tupou V a été porté à sa dernière demeure
Depuis l’annonce de la mort de George Tupou V, qui a été officiellement faite lundi 19 mars 2012 par le Premier ministre Lord Tu‘ivakano, de nombreux bâtiments de la capitale Nuku’alofa arborent des tentures noires et pourpres.
Tous les drapeaux sont en berne, pour une période de deuil national officiellement fixée à trois mois.
Toute cette semaine, du fait de ces funérailles, l’activité économique du royaume devrait aussi être largement affectée, les entreprises et administrations devant fermer pendant deux jours, entre l’arrivée du corps et les funérailles nationales, à savoir lundi 26 et mardi 27 mars.

L’annonce du décès de George Tupou V, lundi, a aussi été assortie d’une déclaration solennelle sous forme d’acte instrumentalisant la passation de tous les pouvoirs du défunt monarque à son successeur désigné, afin d’assurer la continuité du pouvoir réputé de droit divin.
C’est Tupouto\\\\\\\'a Lavaka Ata, 52 ans, qui succède à son frère aîné sous le nom de Tupou VI.
Tupouto\\\\\\\'a Lavaka Ata occupait jusqu’ici la poste de chef de la mission diplomatique tongienne à Canberra (Australie).
Au cours des douze dernières années, il a aussi occupé le rôle de Premier ministre (2000-2006).

« Alors qu’il a plu à Dieu Tout-puissant de rappeler à sa miséricorde Feu Sa Majesté le Roi George Tupou V, la couronne du royaume de Tonga est dévolue au Prince Héritier Tupouto\\\\\\\'a Lavaka », a officiellement proclamé Lord Tu\\\\\\\'ivakano, « au nom du Roi Tupou V », ainsi que son gouvernement, qui, tous, déclarent aussi prêter allégeance, « fidélité et obéissance constantes, avec toute l’affection chaleureuse et humble », envers celui qui « est désormais devenu le seul héritier légitime du trône, Roi du Royaume de Tonga ».

Depuis l’annonce du décès subit du roi, les hommages et messages de condoléances se sont multipliés.


Hommages venus du monde entier

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Ces hommages ont afflué, en premier lieu de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande voisine, dont les deux dirigeants, Julia Gillard et John Key, ont tous deux salué le rôle moteur du monarque dans le processus de démocratisation du royaume, au cours de son court règne (2006-2012).
Un autre hommage n’est pas passé inaperçu : il est venu du Président américain Barack Obama qui a évoqué lundi 19 mars 2012 un « dirigeant visionnaire » dédié à cette mission de démocratisation pacifique de son pays.
« Les États-Unis ont perdu un ami et le peuple de Tonga un dirigeant visionnaire », souligne notamment M. Obama dans un communiqué qui rappelle aussi le récent engagement de soldats de l’armée tongienne en Afghanistan.
John Key, Premier ministre néo-zélandais, a lui aussi rapidement rendu hommage au roi défunt en exprimant la « tristesse » à l’annonce du décès de celui qui fut « l’architecte » des évolutions démocratiques de son pays, « de toute évidence un grand héritage pour quelqu’un que le peuple de Tonga aime beaucoup ».
M. Key a aussi reconnu la contribution du roi dans le processus de « pilotage du royaume vers la démocratie ».
« Il pensait que la monarchie était un instrument pour le changement », a souligné le chef de l’exécutif néo-zélandais.
Julia Gillard, Première ministre australienne, a pour sa part souligné la perte d’un « grand ami de l’Australie ».
Le chef de file du mouvement pro-démocratie à Tonga, ‘Akilisi Pohiva, a rendu hommage notamment à l’œuvre de George Tupou V dans le processus d’élargissement de la représentativité populaire démocratique au sein des institution du royaume.
Tonga met en œuvre depuis plus de cinq ans et après les émeutes du 16 novembre 2006 (qui ont détruit une partie du centre-ville de la capitale Nuku’alofa, sur fond de revendications pro-démocratie) une série de réformes politiques qui ont vu, lors des dernières élections de fin 2010, l’avènement d’un Parlement comportant une proportion plus élevée d’élus non membres de la famille royale, une sorte de monarchie démocratique parlementaire calquée sur le modèle britannique.


L’hommage français

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« J’aimerais transmettre, au nom du gouvernement français, mes sincères condoléances à l’Assemblée Législative pour le décès soudain du Roi George Tupou V à Hong Kong. Les Tonga et la France ont une longue histoire d’amitié, depuis la signature d’un traité entre nos deux pays, en 1855 », a rappelé l’ambassadeur de France en poste à Suva (Fidji), mais aussi accrédité pour Tonga, Kiribati, Nauru et Tuvalu, Gilles Montagnier, qui se trouvait alors en déplacement à Tonga, dans le cadre de la visite du bâtiment de transport léger (Batral) Jacques Cartier basé en Nouvelle-Calédonie.
Les relations ont été notamment soutenues, ces dernières années, en matière de coopération militaire avec une multiplication de la participation des forces tongiennes à des exercices et manœuvres régionales organisées par les forces armées françaises basées en Nouvelle-Calédonie voisine.
De récentes visites à Tonga de délégations de sénateurs français sont aussi venues jeter les bases d’une coopération interparlementaire renforcée.
Par ailleurs, il est prévu dans les mois à venir d’inaugurer à Nuku’alofa une alliance française et une fréquence dédiée localement sur la bande FM à Radio France Internationale (rfi).

Autre hommage venu de Suva, mercredi 21 mars 2012 : celui du Contre-amiral Premier ministre Franck Bainimarama, qui parle de la « perte de l’un des plus grands dirigeants de notre région », « ressentie à travers tout le Pacifique ».
L’homme fort de Suva a aussi rappelé les liens anciens et historiques entre les deux archipels voisins, dont les familles royales se sont souvent confondues (y compris celle du père de l’indépendance fidjienne Ratu Sir Kamisese Mara, décédé en avril 2004, dont la famille appartient à la maison de Tonga).
L’un des membres de cette famille, Ratu Tevita Uluilakeba Mara, officier supérieur un temps proche du Contre-amiral, a affiché depuis 2011 (et un départ sous forme d’évasion, au bénéfice d’une remise en liberté provisoire, entre deux audiences d’un procès à son encontre pour sédition) une dissidence active et avait alors obtenu la discrète mais réelle protection de la maison royale tongienne, qui lui avait très rapidement accordé un passeport et la citoyenneté.


George Tupou V a été porté à sa dernière demeure
La communauté tongienne d’Auckland déçue

En Nouvelle-Zélande, où réside une communauté forte de quelque soixante dix mille Tongiens (la plus importante communauté tongienne expatriée, estimée à un total d’une centaine de milliers de Tongiens en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis, en Australie), les préparatifs vont aussi bon train, pour organiser des cérémonies à la mémoire du défunt.
Mais contrairement aux espérances des dirigeants de cette communauté le corps du défunt roi n’a pas pu transiter par la Nouvelle-Zélande.
À Auckland et dans sa banlieue, où réside la très grande majorité de la communauté tongienne, la nouvelle de la mort du monarque a aussi provoqué un vif émoi et un courant de sympathie posthume pour ce monarque qui possédait entre autre la particularité de porter des casques de type colonial, un monocle et de se déplacer en taxi londonien, mais surtout en reconnaissant son rôle dans la poursuite du processus de démocratisation.
Lundi 19 mars 2012, l’annonce du chef du gouvernement est venue d’abord par un discours radiodiffusé à la nation prononcé en Tongien, lundi.
« C’est avec une grande humilité et un profond chagrin, partagé avec la famille royale, les Nobles, le gouvernement, les dirigeants religieux et e peuple de Tonga, que j’annonce avec respect le décès lamentable de sa Majesté Tupou V, survenu à Hong Kong à 15h00 locales le 18 mars 2012 », a repris un communiqué officiel diffusé peu après et qui annonce des détails à venir concernant la date et les modalités d’organisation de funérailles nationales.
Selon la presse néo-zélandaise, le roi Tupou George V avait été hospitalisé en soins intensifs il y a une dizaine de jours à Hong Kong, mais son état s’est rapidement détérioré.
George Tupou V avait subi l’ablation d’un rein cancéreux en 2011, lors d’un séjour dans un établissement californien.



Voir le Pape et mourir

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L’une des dernières apparitions publiques de George Tupou V remonte à fin février 2012, à l’occasion d’un déplacement à Rome, où le monarque avait été reçu en audience privée par le Pape Benoît XVI.
L’information officielle de son décès confirme aussi le fait que le Prince héritier et frère du défunt roi, Tupouto\\\\\\\'a Lavaka Ata, se trouvait avec lui, y compris à l’hôpital de Hong Kong.
George Tupou V, né le 4 mai 1948, a prêté serment en tant que roi le 11 septembre 2006, mais il n’a été officiellement couronné que le 2 août 2008, succédant ainsi à son père, Taufa\\\\\\\'ahau Tupou IV, décédé en 2006 à l’âge de 88 ans et après une durée record de 41 ans.
Outre son règne en tant que roi, George « Tupouto\\\\\\\'a » avait aussi été ministre des affaires étrangères au sein de plusieurs gouvernements, entre 1979 et 1998.

pad

George Tupou V a été porté à sa dernière demeure

Rédigé par PAD le Mardi 27 Mars 2012 à 06:22 | Lu 1300 fois