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Livre : le commandant Destremau raconté par son petit-fils


«Jours de guerre à Tahiti. Les fausses notes du clairon» publié aux Editions du Pacifique sera disponible dans les librairies de Tahiti dès le 18 septembre. L’auteur sera présent à Papeete pour les commémorations du centenaire du bombardement de la ville.
«Jours de guerre à Tahiti. Les fausses notes du clairon» publié aux Editions du Pacifique sera disponible dans les librairies de Tahiti dès le 18 septembre. L’auteur sera présent à Papeete pour les commémorations du centenaire du bombardement de la ville.
PAPEETE, le 2 septembre 2014. Le 22 septembre 1914, le commandant Maxime Destremau réussit avec sa faible troupe à résister à deux navires de guerre allemands qui pointent leur nez dans la rade de Papeete. Un siècle plus tard, son petit-fils lui rend hommage dans une biographie romancée qui sortira en librairie le 18 septembre.
En ouvrant le livre, on s’interroge : est-ce un livre historique ? Une biographie romancée du commandant Maxime Destremau ? L’auteur lui-même semble hésiter et laisse les lecteurs faire leur choix entre les genres littéraires. Il avertit : «certains romans sont comme des vies, logiques, raisonnables, si bien ficelés qu’ils apparaissent inhumainement ordonnés. Mais il est aussi de certaines vies comme des romans : irréelles tant elles sont originales, chaotiques, dramatiques, parfois même hors du sens commun» écrit-il dans l'avant-propos.

De fait, la vie de Maxime Destremau et son épisode tahitien est un concentré épique : à Papeete plus qu’ailleurs l’année 1914 est encore baignée des atours du XIXe siècle. Les voitures sont rares, la radio TSF est encore peu usitée, les informations transitent à bord des bateaux alimentés au charbon assurant les liaisons entre la Nouvelle-Calédonie où siège l’Etat major militaire de l’Océanie et Tahiti. Tout est lent. Pourtant, pour le commandant Destremau, tout s’agite brutalement en août 1914 avec l’entrée en guerre de l’Allemagne avec la Grande-Bretagne tout d’abord puis avec la France.

En quelques semaines, le commandant Destremau et ses hommes de La Zélée vont organiser avec le soutien de civils, la défense de Papeete contre une éventuelle attaque de la marine allemande basée dans le Pacifique. Ces bateaux de guerre solidement équipés vont chercher à rejoindre le front en Europe, et en chemin, ils auront besoin de vivres et de se ravitailler en charbon. Destremau connait la puissance de feu de l’impressionnant arsenal allemand et la faiblesse de ses propres forces. Pour contrer une éventuelle attaque, il faudra ruser, prévoir de saborder La Zélée et brûler les réserves de charbon du port pour ne pas soutenir les forces ennemies.

Il réussit si bien son scénario que les navires allemands s’éloignent de Papeete, sans avoir pu rentrer dans le port, mais après avoir ouvert le feu sur la ville. Le 22 septembre 1914, les canons dévastent les quartiers situés autour de la cathédrale : un tiers de la ville est détruit. Mais Destremau se trouve en conflit d’autorité avec le gouverneur William Fawtier. Ce dernier entend aussi préserver les intérêts économiques de Tahiti. Le "sauveur de Tahiti" doit quitter son poste à Papeete dans les mois qui suivent, il est renvoyé avec un rang d’officier subalterne en métropole où il meurt trois mois plus tard de complications rénales mal soignées. Il ne sera réhabilité définitivement qu’en février 1919 par la marine. La ville de Papeete nommera une avenue de son nom.
En dépit des liens familiaux entre l’auteur et l’objet de ce roman historique, «Jours de guerre à Tahiti, les fausses notes du clairon» s’appuie sur les événements avérés par des documents officiels et des lettres conservées par la famille Destremau. Il se lit véritablement comme un roman tant la trame tragique de ces quelques mois est intense et bien rendue par l’auteur. A déguster.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 2 Septembre 2014 à 16:46 | Lu 2221 fois