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Mission UE-ACP à Fidji : fin juillet, annonce Suva


Mission UE-ACP à Fidji : fin juillet, annonce Suva
Suva, jeudi 12 juillet 2012 (Flash d’Océanie) – Ratu Inoke Kubuabola, ministre fidjien des affaires étrangères, a une nouvelle fois évoqué mercredi la venue prochaine d’une délégation conjointe de hauts-responsables de l’Union Européenne et des pays ACP, avec pour mission d’évaluer l’état d’avancement du processus de retour à la démocratie dans cet archipel, théâtre d’un coup d’État le 5 décembre 2006.

M. Kubuabola, qui évoquait déjà la venue de cette mission fin mai 2012, a précisé des dates, à savoir du 23 au 25 juillet 2012, rapporte jeudi le quotidien local Fiji Sun.
Au total, ce groupe ACP-UE devrait être composé d’une dizaine de membres, sous la houlette de l’assemblée parlementaire conjointe de ces deux organismes, liés par l’Accord de Cotonou.

Ce groupe, selon M. Kubuabola, devrait être mené par le Belge Louis Michel, Coprésident de la délégation européenne à l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE (et ancien commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire) et, du côté ACP, par le Kenyan Musikari Kombo, Coprésident de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE.
Au cours de leur séjour, les missionnaires prévoient de rencontrer et de s’entretenir avec les autorités locales, les représentants des secteurs socio-économiques ainsi que les responsables des diverses organisations régionales et internationales, ainsi que les missions diplomatiques (dont le siège régional de l’UE pour le Pacifique) représentées à Fidji, selon les mêmes sources.

Un volet de cette mission devrait être consacré l’important secteur de la canne à sucre à Fidji, qui devait bénéficier ces dernières années d’une aide européenne pour sa refonte.
Mais les fonds européens, prévus sous le Fonds Européen de développement (FED) avaient été gelés après le putsch de décembre 2006.
À l’issue de cette visite, les membres de cette délégation devraient rendre compte, sous forme de rapport de mission, à leur assemblée et à ses diverses commissions politiques chargées de suivre la question fidjienne.

L’une de ces commissions doit se réunir courant septembre 2012 à Bruxelles, a précisé le chef de la diplomatie fidjienne.
L'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE découle de l’Accord de Cotonou, qui lie ces deux groupes dans le cadre de relations privilégiées établies depuis la série des accords de Lomé (I à IV).

L’annonce de cette visite intervient après la visite à Fidji, fin juin 2012, de plusieurs ministres de l’UE et des ACP, à l’occasion d’une réunion régionale consacrée aux pêcheries.
Cette réunion intervenait elle-même dans la foulée d’un conseil des ministres des deux groupements, tenu mi-juin 2012 dans la capitale voisine de Port-Vila (Vanuatu).
Ce sont en fait deux réunions qui ont eu lieu dans la capitale vanuatuane, entre le 11 et le 15 juin 2012 : la première, du 11 au 13 juin, était la 95ème session du Conseil des ministres ACP.

La seconde, les 14 et 15 juin 2012, était la 37ème session d’un Conseil des ministres ACP-UE.

Lors des réunions des ministres ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique) et de l’UE à Port-Vila, mi-juin 2012, le cas de Fidji s’était déjà invité dans les débats entre les 79 pays ACP et l’UE.
Ratu Inoke Kubuabola avait alors une nouvelle fois demandé que les aides européennes destinées au secteur sucrier fidjien, prévues dans le cadre du fonds européens de développement (FED), soient remises à disposition.

Ces fonds sont censés contribuer à restructurer ce secteur en difficulté, mais ils ont été gelés depuis le putsch de décembre 2006.
Ce gel des fonds européens destinés à Fidji entre dans la logique de sanctions imposées par Bruxelles aux pays ACP ne respectant les dispositions et valeurs fondamentales qui sous-tendent l’accord de Cotonou (signé entre UE et ACP en juin 2000 et qui succédait alors à la série des quatre accords de Lomé, depuis 1975).
Ces valeurs fondamentales sont répertoriées à l’article 96 de cet accord.
Le gel européen, toutefois, ne concerne pas les programmes classés humanitaires.

Fin mai 2012, déjà, à l’occasion de sa participation aux travaux d’une commission sur les affaires politiques dans le cadre de l’assemblée parlementaire conjointe Union Européenne – pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique), à Horsens (Danemark), M. Kubuabola avait une nouvelle fois appelé à la « compréhension » et au « soutien » des pays membres de ces groupements concernant la situation politique à Fidji, ainsi que pour les réformes lancées ces derniers mois.
Le gouvernement fidjien dirigé par le Contre-amiral Franck Bainimarama annonce depuis juillet 2009 des élections législatives pour le dernier trimestre 2014.
Depuis le début juillet 2012, il a par ailleurs lancé un processus de mise à jour des listes électorales, effectué par la mise en place d’un système électronique censé supprimer les erreurs, voire les fraudes.

Parallèlement, une commission consultative et des soumissions de la part du public devraient être synthétisées par un groupe d’experts, présidé par le Sud-africain Yash Ghai.
Ce groupe est chargé de rédiger une nouvelle constitution, dont le texte devrait ensuite être entériné par une assemblée constituante.
Le Premier ministre Contre-amiral Bainimarama a indiqué à plusieurs reprises que dans ce nouveau texte, toute notion « clivante », comme la notion de circonscriptions réservées à l’une ou l’autre des deux principales ethnies (les fidjiens indigènes et les citoyens d’origine indienne, amenée à la fin du dix-neuvième siècle pour cultiver la canne à sucre), présentes dans la précédente Constitution (abrogée mi-avril 2009), ne figureraient pas dans le nouveau texte.
Selon Suva, la nouvelle Constitution devrait être finalisée courant 2013.

Depuis le putsch, l’aide non-humanitaire européenne en faveur de Fidji a été gelée en vertu d’une infraction aux principes clés de l’accord de Cotonou (qui, depuis juin 2000, lie Bruxelles aux pays ACP), contenus notamment dans l’article 16 (relatif aux principes d’état de droit, de bonne gouvernance et de démocratie) de ce pacte.
Les mesures d’urgence réimposée en avril 2009 ont été levées en janvier 2012.

« La route de Fidji vers l’élection parlementaire est bien enclenchée », a assuré M. Kubuabola.
La mission européenne-ACP fait suite à trois précédentes missions de haut niveau, ces deux derniers mois, des Nations-Unies, du Forum des Îles du Pacifique et du Commonwealth.
Fidji est suspendu de ces deux dernières organisations, respectivement depuis mai et septembre 2009, pour cause de non-retour rapide à la démocratie.

Dans le Pacifique, le groupe ACP (« P » des ACP) inclut tous les 14 États insulaires membres du Forum des Îles du Pacifique (sauf l’Australie et la Nouvelle-Zélande).
Cette région, au regard de la relation avec l’UE, comprend aussi les quatre « PTOM » (pays et territoires d’outre-mer), dont trois sont des collectivités françaises (Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie française) et le dernière britannique (la minuscule île polynésienne de Pitcairn).
Ces PTOM sont reconnus pour l’UR en vertu de leur qualité de territoire ou dépendance d’un es États membres de l’UE.
Ils bénéficient aussi d’une aide provenant du Fonds Européen de Développement (le FED), mais par des canaux différents.
L’aide européenne qui se matérialise par le Fonds Européen de Développement (le FED), représente (pour le 11ème FED, période 2014-2020) pas moins de 34 milliards d’euros dédiés à des projets de développement.

Pour le 10ème FED (période courante, 2008-2013), l’enveloppe européenne était de 22 milliards d’euros, dont 95 millions étaient consacrés à des projets concernant le Pacifique, avec une emphase sur la gestion des ressources naturelles, les énergies renouvelables, l’intégration régionale avec comme instituions références le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, dont le siège est à Nouméa, Nouvelle-Calédonie) et le Forum des Îles du Pacifique (FIP, dont le siège est à Suva, Fidji).

Rédigé par PAD le Mercredi 11 Juillet 2012 à 19:18 | Lu 610 fois