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Donner au patient polynésien une chance de vivre grâce à la technique de l'Ecmo


Le Pr Alain Combes,  le Dr Mathieu Schmidt, de la Pitié-Salpêtrière et le Dr Éric Bonnieux, du Centre Hospitalier de Polynésie française.
Le Pr Alain Combes, le Dr Mathieu Schmidt, de la Pitié-Salpêtrière et le Dr Éric Bonnieux, du Centre Hospitalier de Polynésie française.
Papeete, le 7 juin 2018- Deux spécialistes de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris dispensent jusqu'au 8 juin une formation à une trentaine de médecins et infirmiers de l'hôpital du Taaone sur une technique de circulation extra corporelle complexe, appelée Ecmo. Déjà utilisée au Taaone, cette technique, qui permet de suppléer la fonction respiratoire et/ou cardiaque pendant plusieurs jours ou semaines, pourra être bientôt mise en place lors d'une évasan vers Paris, à des patients qui seraient sinon condamnés.

"Cette technique de l'Ecmo, que nous pratiquons depuis 2001, a été une vraie révolution, elle tend à se développer de plus en plus. Actuellement, environ 500 Ecmos sont effectuées à la Pitié chaque année ", explique le Pr Alain Combes, chef de Service de Réanimation à la Pitié-Salpêtrière. L'hôpital parisien est l'un, si ce n'est l'hôpital le plus expérimenté en Europe dans cette pratique. Venus spécialement à Tahiti, le Professeur Combes, accompagné de son collègue parisien, le Dr Mathieu Schmidt, dispensent pendant une semaine cette technique complexe qu'est l'Ecmo, dans le cadre d'un diplôme universitaire. Une première session avec deux autres spécialistes de la Pitié a déjà eu lieu en février dernier. A l'issue de ces sessions, la trentaine de médecins et d'infirmiers seront titulaires du DU d'Ecmo de l'Université de Paris-La Sorbonne (Paris VI).

ENVIRON 60% DES PATIENTS MIS SUR ECMO SURVIVENT

La machine permettant de réaliser la technique de circulation extra corporelle complexe.
La machine permettant de réaliser la technique de circulation extra corporelle complexe.
L’Ecmo n’est pas un traitement curatif, elle permet de mettre au repos sur une période de plusieurs jours, voire pendant plusieurs semaines les organes défaillantes. Cette technique de circulation extra corporelle, qui vise à suppléer la fonction respiratoire et/ou cardiaque de patients dans un état très grave, permet à des patients, qui seraient condamnés, de leur donner du temps. "Environ 60% des patients mis sur Ecmo survivent, sans cette technique, ils ne surviraient pas", précise le Dr Schmidt.
Ce temps donné permet "soit d'attendre la récupération du fonctionnement des organes défaillants (cœur ou poumon), soit dans de très rares cas, lorsque l’atteinte cardiaque est irréversible, de sauver ces patients en les adressant vers le centre de référence de la Pitié en vue d’une transplantation cardiaque ou de la mise en place d’une assistance cardiaque prolongée", détaille le Dr Eric Bonnieux, du service de Réanimation du Centre Hospitalier de Polynésie française (CHPF).
Cette technique, pratiquée depuis 2011 au CHPF, se fait de façon percutanée au lit du patient et nécessite des connaissances et des gestes précis.


UNE EVASAN DE 30 HEURES

En 2017, ce sont pas moins de onze patients qui ont été placés sous Ecmo au CHPF. Grâce à ces deux sessions très complètes de formation, une trentaine de médecins et infirmières exerçant principalement à l'hôpital en réanimation et en cardiologie, mais également un médecin d'Europ Assistance, sauront désormais à même de pratiquer cette technique complexe. Et surtout ces personnes seront capables d'accompagner tout patient, qui nécessite d'être evasané sous Ecmo de Tahiti vers la Pitié. Jamais une telle evasan sous Ecmo aussi longue, à l'exception d'une déjà pratiquée vers l'Australie par une compagnie privée il y a 18 mois environ, n'a jamais été réalisée. "Entre le départ de l'hôpital de Tahiti et l'arrivée à la Pitié Salpêtrière, il faut compter environ une trentaine d'heures, cela mobilise deux médecins et deux infirmiers", note le Dr Bonnieux qui travaille à ce projet depuis plusieurs mois. "Il y a quelques temps, un patient jeune a failli partir sous Ecmo, cela nous a permis de faire accélérer toute les démarches administrative et logistique, auprès de la compagnie aérienne, du ministère de la Santé, de la CPS… Finalement, le patient s'est rétabli, mais tout était prêt pour le départ", souligne le Dr Bonnieux.
Ce type d'evasan sous Ecmo devrait concerner entre deux ou trois patients polynésiens par an et donner à ces personnes une chance de vivre.

Deux types d'Ecmo :
ECMO VV assistance respiratoire, en cas d’oxygénation insuffisante (hypoxémie) réfractaire, elle représente environ 2/3 des Ecmo réalisées en CHPF.
ECMO VA assistance cardio-respiratoire en cas de défaillance cardiaque (choc cardiogénique) réfractaire, elle représente environ 1/3 des Ecmo réalisées en CHPF.

le Jeudi 7 Juin 2018 à 16:04 | Lu 5266 fois