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Voyage, un festival de partages


Tahiti, le 13 avril 2022 – Le festival Voyage tient sa 6e édition du 15 au 23 avril dans les jardins du musée de Tahiti et des Îles. A travers une programmation riche et variée, le festival “d'arts mêlés” propose de voyager vers “une Terre de partages”.
 
La 6e édition du festival Voyage, organisé par la compagnie du Caméléon, se tiendra du 15 au 23 avril, toujours dans les jardins du musée de Tahiti et des Îles, à Punaauia. Réunissant une quarantaine d'artistes et intervenants, le “festival d'arts mêlés”, comme l'appelle Guillaume Gay, directeur artistique de la compagnie, souhaite proposer des voyages artistiques en plein air sous formes de concerts et de projections, d'ateliers, de danses, de contes et de performances artistiques avec en points d'orgue les concerts d'Eto, le 15 avril et d'Ayo, le 22 avril. Avec une visée résolument familiale et éco-responsable, le festival se déroulera, en effet, en deux fois deux journées :  le vendredi 15 et samedi 16 avril, puis, le vendredi 22 et samedi 23 avril.

Après deux années en format réduit, en raison de la pandémie et dans un contexte marqué par “les guerres, une pandémie qui n'est pas terminée, des enjeux climatiques”, le festival veut s'inscrire, selon Guillaume Gay, dans une “dynamique de vivre ensemble, de solidarité et de partage” de façon la plus ouverte et en multipliant les propositions. Ce sont donc des voyages vers “une terre de partages” que le festival entend proposer à un public “le plus mixte possible”.

Concerts au sunset, films sous les étoiles

“Les vendredis sont plus à destination des familles avec des ados, pré-ados. On propose des concerts, Eto en première semaine, Ayo en deuxième semaine. On est très heureux de les accueillir sur le paepae des jardins du musée, au sunset, face à la mer, ça va être magistral. Suivront des projections en plein air, sur grand écran, sous les étoiles”, nous détaille l'organisateur. Il s'agira des films Woman at war, le 15 avril et La Forme de l'eau, le 22.

Les samedis seront dévolus à un public plus large. À partir de 14h30 et jusqu'à 17h30, sera proposé un riche panel d'ateliers artistiques et artisanaux : danses, tressage, initiation musicale, peinture sur galets ou sur toile, écriture de chanson, contes, photographie, voire de l'origami… Toutefois certains ateliers, comme la sculpture, utilisant un outillage potentiellement dangereux sont réservés aux adultes et d'autres nécessitent une inscription préalable en raison de places limitées. Ces ateliers sont autant de moments de rencontres plus longs. “Il ne s'agit pas seulement d'apprendre à tresser, mais de s'assoir, en cercle”, explique Rehia Itchner, qui s'occupera d'un atelier de tressage de ni'au. “Quand on a les mains occupées, l'esprit vagabonde, la parole se libère parfois et les échanges sont riches”.  
 
“Venir ici, c'est explorer”
 
“Si c'était pour faire du divertissement, je ne viendrais pas”, détaille à son tour Libor Prokop, qui animera des ateliers autour d'instruments de musique océaniens. “Venir ici, c'est explorer, parler de la fonction des instruments”. “C'est quoi le pahu ?”, demande-t-il en désignant son cœur. “C'est quoi le vivo ?”, continue-t-il en traçant une ligne de l'arrière de son crâne jusqu'à sa bouche.
Pour compléter ces propositions, l'organisation insiste aussi sur les “espaces plus cachés”, comme un arbre à livres, “la cabane des voyageurs” où des courts métrages sont projetés dans un cadre plus intimiste, ou encore un espace massage. À partir de 17h30, des performances artistiques seront proposées dans le jardin et à 18h30 aura lieu une nouvelle projection sous les étoiles : Le Peuple loup, samedi 16 avril et La Panthère des neiges, le 23 avril.
 
L'éthique du voyage
 
C'est aussi un voyage culinaire auquel le public est invité. Passion des traditions proposera un choix de tapas bio colorées, revisitées en n'utilisant que des produits locaux, conformément à l'éthique culinaire de Romane et Yoann, les deux traiteurs, qui s'activent à réadapter “des recettes issues des quatre coins du monde, en utilisant un maximum de produits locaux”, notamment de la farine de 'uru ou de manioc et travaillent en partenariat avec la Direction de l'agriculture. Travaillant habituellement pour l'événementiel, Passion des traditions rend depuis peu disponibles ses produits en vente directe sur leur page Facebook ou via la plateforme de livraison e'lien.

Pour aider à l'installation des décors, le festival fait appel cette année à des jeunes en formation aux métiers de la scénographie, encadrés par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). L'entrée au festival coûte cependant 2 000 Fcfp par personne et par jour, ce qui peut être conséquent pour une famille. “C'est 500 francs de moins que les années précédentes”, pondère Guillaume Gay. L'entrée est valable pour toute la journée et toutes les activités. Le Pass festival, à 5 000 Fcfp, permet une entrée sur l'ensemble des quatre jours de la manifestation.

Rehia Itchner : "les mains occupées, la parole se libère"
 Atelier de tressage de ni'au
 
Comment se déroulent tes ateliers ?
 
"Je prends sept personnes maximum, à partir de 9 ans. Je vais animer deux ateliers. Un premier qui va durer deux heures pour réaliser un petit sac et un autre atelier d'une heure pour fabriquer un éventail. L'idée c'est de se réapproprier le fait qu'on est tous manuels, si quelqu'un t'explique et que t'y crois, c'est beaucoup plus facile. À la fin, en général, les gens sont fiers d'avoir réalisé les deux objets. En fait, il ne s'agit pas seulement d'apprendre à tresser, mais de s'assoir, en cercle, en général petit à petit chacun prend la parole un peu quand il veut. Quand on a les mains occupées, l'esprit vagabonde, la parole se libère parfois et les échanges sont riches. Je trouve que c’est important de ne pas partager simplement le fait de tresser, mais aussi sa vie, son expérience, ses idées."
 
Qu'est-ce qui t'a amené au tressage ?
 
"J'ai changé de vie. J'ai laissé mon CDI dans un bureau à la clim' pour le tressage. Ça fait deux ans et demi. Et c'est possible. Je peux vivre de ma passion. Il faut faire les études, mais notre chemin n'est pas tout tracé. Tu peux changer d'envie, si tu acceptes de perdre peut-être un peu ton apparente sécurité financière en échange d’une sécurité plus intérieure : celle de se lever le matin et d'être contente d'aller travailler."
 
Pourquoi tresser la feuille de cocotier plutôt que le pandanus ?
 
"Le ni'au c'est une fibre qu'on trouve partout facilement, un peu moins à Tahiti, hélas, les cocotiers sont trop hauts. C'est une matière facile à travailler, mais ce n'est pas comme le pae'ore (pandanus, ndlr). Là, tu dois épouser la forme de la palme. Et comme les palmes sont toutes différentes, tu n'auras jamais un objet identique. On aura tous le même schéma de départ, les mêmes instructions, mais tous les objets seront différents, parce que les feuilles sont différentes, parce que les personnes sont différentes."


Rédigé par Antoine Launey le Mercredi 13 Avril 2022 à 19:35 | Lu 1616 fois