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Voyage à Venise avec Pro Musica


TAHITI, le 19 février 2020 - L’ensemble vocal et instrumental Pro Musica prépare un événement intitulé Venise au XVIIIe siècle. Le chœur reprendra quatre œuvres de Vivaldi, Hasse et Galuppi accompagné par un orchestre constitué pour l’occasion. Deux dates sont prévues, une troisième pourrait être ajoutée.

Jean-Paul Berlier est chef de chœur. C’est lui qui dirige les voix de l’association Pro Musica dont il est président. "Cette association est née en 1984, je suis arrivé sur le territoire en 1986 et ai pris le relai à la direction en 1992."

Depuis, l’association assure fidèlement deux ou trois représentations par an. "Cela dépend un peu de l’accueil qui est fait aux deux premiers concerts. Quand on nous le demande, on revient en avril ou mai."

L’objectif du rendez-vous est de faire plaisir au chœur, de se fixer des objectifs de manière à progresser, de contenter le public avec des œuvres connues, mais aussi de faire découvrir des œuvres moins connues.

Le chœur compte une bonne trentaine de voix réparties en quatre pupitres : sopranos, altos, ténors et basses. "Comme dans tous les chœurs", explique Jean-Paul Berlier qui ajoute : "Comme dans tous les chœurs aussi, nous manquons d’hommes", regrette-t-il.

Cette année, Pro Musica emmènera les amateurs dans l’Italie du XVIIIe siècle, et précisément à Venise. Une ville où les arts vibraient alors sur toutes les scènes. La mode était au voyage, les artistes et aristocrates effectuaient à cette époque "leur grand tour". Ils passaient inévitablement par Venise qui attirait pour sa beauté et ses divertissements.

Trois compositeurs au programme


"J’ai choisi trois compositeurs en fonction des compétences du chœur, mais également de mes propres compétences et de mes goûts", admet-il. "C’est toujours difficile de diriger des voix sur des musiques que l’on n’apprécie pas."

Jean-Paul Berlier sélectionne aussi les morceaux en fonction de l’ère du temps. "Cela ne se voit pas cette année, mais ces derniers temps ce sont les nouveaux compositeurs qui ont la cote comme Rutter, Jenkis ou Forest."

En août dernier, le chef de chœur a assisté à des concerts de la 23e édition des Choralies de Vaison-la-Romaine. L’événement a confirmé la tendance.

Le concert 2020 de Pro Musica démarrera avec Antonio Vivaldi (1678 - 1741) et son Dixit Dominus en ré majeur, RV 595. "C’est un compositeur que certains peuvent considérer comme assez simple", commente Jean-Paul Berlier, "qui reste néanmoins une tête d’affiche".

Ce morceau sera suivi par Miserere en ut mineur, écrit par un contemporain de Vivaldi : Johann Adolph Hasse (1699 – 1783). Hasse vola la vedette de Vivaldi à la disparition de ce dernier. De nationalité allemande, marié à une vénitienne, il a été considéré comme vénitien lui-même.

À propos de Hasse, Jean-Paul Berlier rapporte une anecdote. L’un des derniers castrats, Farinelli (1705 – 1782) chanta un jour devant le roi d’Espagne Ferdinand VI. Le castrat avait un ambitus exceptionnel de trois octaves. Il fit grand effet au régnant qui lui demanda de venir chanter pour lui. Embauché pour quelques semaines, il resta 20 ans à la cour, chantant toujours les deux mêmes extraits de l’Artaserse de Hasse : Pallido il sole et E pu questo dolce amplesso.

Le chœur interprètera ensuite Dixit Dominus en mi bémol majeur de Baldassare Galuppi puis terminera comme il a commencé avec Antonio Vivaldi (Gloria en ré majeur, RV 589).

Les chanteurs seront accompagnés d’un orchestre, spécialement composé pour l’occasion. Il varie d’une année sur l’autre en fonction de la programmation. Les musiciens sont, pour la plupart, issus du Conservatoire artistique de Polynésie française. Cette année, l’orchestre comptera un clavier, une flûte et une trompette ainsi que des deux violons, deux altos, deux violoncelles et une contrebasse.

Les dons reversés à SOS village d’enfants

Le concert est gratuit, mais des dons sont les bienvenus. Ils seront entièrement adressés à SOS village d’enfants. "Il ne faut pas oublier que les compositeurs étaient payés par les institutions religieuses. Ils écrivaient pour des pensionnats ou orphelinats de jeunes filles", indique Jean-Paul Berlier.

Les morceaux, considérés comme de véritables œuvres d’art aujourd’hui, consistaient à l’époque en "de la consommation courante". Elles étaient commandées pour être chantées au quotidien par les jeunes filles des pensionnats et orphelinats.

Pratique

Le dimanche 23 février et le samedi 29 février 2020 à la cathédrale de Papeete.
Entrée libre.
Le concert dure 1h15.
Une troisième date pourrait être proposée en avril ou mai en fonction du succès et du bouche à oreilles.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 19 Février 2020 à 17:43 | Lu 2536 fois