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Vinci Airports rafle l'aéroport, la CCISM annonce un recours


Tahiti, le 9 septembre 2022 – La Direction générale de l'aviation civile à Paris a annoncé vendredi l'attribution de la concession de l'aéroport de Tahiti-Faa'a à Vinci Airports, candidat arrivé en deuxième position derrière la candidature annulée d'Egis-CDC en 2021. Troisième candidat de cet appel d'offres, le groupement emmené par la CCISM annonce d'ores et déjà un recours devant les juridictions administratives contre cette décision.
 
Nouveau rebondissement dans la saga de la concession aéroportuaire de Tahiti-Faa'a. Vendredi à Paris, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a publié un communiqué de presse annonçant la désignation de la société Vinci Airports comme attributaire de la concession de l'aéroport international de Polynésie française. La décision de l'État était attendue depuis mars dernier, après la confirmation par le Conseil d'État de l'annulation de l'attribution de cette concession au groupement Egis-Caisse des dépôts et consignations (CDC). Le dossier était d'ailleurs au cœur des échanges entre le président Édouard Fritch et le ministre délégué chargé des Transports à Paris, Clément Beaune, la semaine dernière. Vinci Airports étant arrivée deuxième candidat, derrière Egis-CDC, c'est elle qui a été choisie après l'annulation de l'offre d'Egis.
 
Vinci Airports "très fier"
 
"Vinci Airports propose un projet cohérent, efficace et ambitieux pour la plateforme", commente le communiqué de la DGAC à Paris, précisant que cette désignation enclenche désormais la phase de "mise au point de la concession en vue de sa signature". Phase durant laquelle Vinci Airports doit constituer la future société concessionnaire avec la Polynésie française, qui détiendra 49% du capital de cette société. La DGAC qui rappelle également que le contrat de concession porte sur "l’exploitation, l’entretien et le développement de la plateforme" pour les 40 prochaines années, ainsi que sur la réalisation de travaux initiaux comprenant "le réaménagement de l’aérogare et des parkings voiture, la création d’une nouvelle voie de circulation pour les avions, reliant la zone militaire à la piste, et le doublement du canal de drainage". Dernière information confirmée par la DGAC, l'entrée en vigueur de la nouvelle concession est prévue avant la fin du premier semestre 2023.
 
Dans la foulée, Vinci Airports a diffusé un communiqué un peu plus précis sur ses ambitions pour l'aéroport. Premier opérateur aéroportuaire privé au monde, il gère déjà 53 aéroports dans 12 pays d'Europe, d'Asie et d'Amérique. Engagé dans une stratégie environnementale de "zéro émission nette de carbone sur l'ensemble de son réseau d'ici 2050", Vinci Airports assure qu'il "déploiera des solutions innovantes" pour permettre à l’aéroport de Tahiti-Faa'a d'atteindre cet objectif. "Cette nouvelle concession, la première pour Vinci Airports dans une collectivité d'outre-mer, lui permet d’étendre son réseau dans la région Pacifique", précise également le communiqué qui cite le directeur général de la société, Nicolas Notebaert : "Nous sommes très fiers que Vinci Airports ait été désigné candidat attributaire de la concession de l’aéroport de Tahiti Faa’a, mission qu’il assurera aux côtés de la Polynésie française. Nous serons pleinement engagés pour faire de cette infrastructure une porte d’entrée à la hauteur des besoins et des attentes du territoire, tant en termes de qualité de service que d’ambition environnementale, pour un développement pérenne et durable de la connectivité de la Polynésie".
 
Des recours, encore des recours
 
Reste un bémol de taille pour Vinci Airport et la DGAC, avec l'annonce dès vendredi d'un recours du troisième candidat à cet appel d'offres : le groupement constitué de la CCISM, de la société Boyer, de la société Meridiam SAS et de la société Aéroport Marseille Provence. "Depuis l'origine, la position de la Chambre est sans équivoque", expliquait vendredi le président de la CCISM, Stéphane Chin Loy, "la procédure est viciée, la justice l'a attesté. Comme en octobre dernier, nous allons saisir la justice, et je n'ai pas de doute sur l'issue de cette requête. La décision d'attribution sera annulée par le juge".
 
Un tel recours, a priori en référé et sur le fond devant le tribunal administratif de Papeete, pourrait donc entretenir une incertitude juridique sur l'attribution de cette concession. Rappelons que depuis l'origine il y a douze ans, ce dossier a connu d'innombrables aléas juridiques. La concession attribuée en 2010 à Egis-CDC avait été annulée définitivement en 2017 pour un vice de forme, au terme d'une longue bataille devant les juridictions administratives entre la mairie de Faa'a et la DGAC. Le second appel d'offres a mis plusieurs années à être lancé, avec notamment une procédure annulée en raison du transfert de trois aérodromes d'État à la Polynésie en cours de lancement de la consultation. Et en octobre 2021 puis en mars 2022, le résultat de ce second appel d'offres a été annulé par un recours du groupement mené par la CCISM à nouveau pour un vice de procédure.
 
Résultat l'aéroport de Tahiti-Faa'a tarde à engager une réorganisation et une rénovation en profondeur hautement nécessaires pour l'accueil des usagers de la plateforme et des compagnies aériennes locales et internationales. Le sujet de l'arrivée possible de la compagnie Delta Air Lines en Polynésie était d'ailleurs tout récemment suspendu à ces questions d'engorgement de l'actuelle plateforme aéroportuaire. En cas de nouvelles joutes devant les juridictions administratives, la Polynésie pourrait donc perdre -de nouveau- un temps précieux sur le dossier de la concession de l'aéroport de Tahiti-Faa'a.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Vendredi 9 Septembre 2022 à 16:51 | Lu 4016 fois