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Vers la légalisation du MMA au fenua


Papeete, le 8 octobre 2019 - Présente ce mardi à une conférence de presse en compagnie de nombreux spécialistes de MMA, la ministre des Sports, Christelle Lehartel, veut prendre le temps de « rassurer » la population et d’étudier les conditions de l’encadrement de la discipline avant de l’affilier officiellement à une fédération sportive. Une décision qui pourrait intervenir dès les prochains mois, la fédération polynésienne de lutte s’étant déjà positionnée avec un dossier intéressant.
 
« Il faut être clair, il n'y a pas de concurrence avec la France. Nous travaillons en partenariat avec le cabinet du ministre métropolitain », a expliqué d'entrée de jeu, la ministre des Sports, Christelle Lehartel, mardi lors d'une conférence de presse réunissant notamment experts, professionnels et sociologues autour du MMA (Mixed Martial Arts), à l’occasion de la conférence internationale de la discipline organisée cette semaine au fenua.
 
« Mais à un moment donné, il va falloir que la Polynésie prenne position, que l'on sache ce que l'on veut faire exactement avec le MMA. Je suis de plus en plus rassurée, car nos champions m'ont invitée à venir voir leurs démonstrations. En résumé ce que j'ai pu retenir, le MMA, c'est de la boxe et du taekwondo, c'est la ministre débutante qui vous parle. Je n'ai pas vu de sang (…).Il faut que l'on soit sérieux au niveau du MMA maintenant. Je profite de la venue de cette délégation pour rassurer la population, nos jeunes sur le MMA ».

​Légalisation au 1er janvier en métropole

Réputé comme sport de combat extrême, le MMA a clairement le vent en poupe auprès de la jeunesse polynésienne. La fédération polynésienne de lutte, arts martiaux mixtes, jiu jitsu brésilien et disciplines associées (FPLAJDA) comprend aujourd’hui 800 adhérents, dont la plupart pratiquent déjà cette discipline, souffrant encore d'une image violente pour les non-initiés. L’objectif du Pays, compétent en matière de Sport, est désormais d’encadrer la pratique du MMA amateur en Polynésie, pour développer la formation et d’éventuelles filières de haut niveau.
 
En France, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a procédé à la première étape vers la légalisation du Mixed Martial Arts (MMA), le 24 juin dernier. Cette décision fait suite à la remise d'un rapport parlementaire, puis d'une mission d’observation confiée à la Confédération des arts martiaux et des sports de combat. Avec un même constat : l’évolution nécessaire de l’organisation et de la réglementation de cette pratique.
 
La discipline devrait normalement être affiliée en métropole auprès d'une fédération délégataire. Plusieurs fédérations françaises se sont montrées candidates, parmi lesquelles le kick boxing et le muay thaï, le karaté, la lutte, le judo ou encore la boxe française… La fédération sélectionnée aura une délégation pleine et entière le 1er janvier 2020 pour gérer le monde amateur et professionnel de ce sport. Les premiers combats devraient avoir lieu en métropole dès le milieu de l'année 2020.

​La Polynésie doit se « positionner »

En Polynésie, il n'en est pas encore de même. Les aficionados de ce sport devront encore attendre pour voir les premiers combats professionnels de MMA. Pour l’heure, Christelle Lehartel souhaite prendre son temps avant d'affilier ce sport à une fédération polynésienne. La fédération polynésienne de lutte, qui doit s’affilier à la fédération internationale de MMA (IMMAF) est pour l’heure la seule fédération à avoir répondu à l'appel à manifestation d'intérêt lancé par la direction de la Jeunesse et des Sports en mai dernier. Les services du ministère des Sports examinent aujourd’hui la candidature de la fédération de lutte, le temps également de rassurer la population et les jeunes pratiquants de cette discipline.
 
Concrètement, la « légalisation » du MMA en Polynésie passera par l’octroi d’une délégation de service public (DSP), par arrêté pris en conseil des ministres, si la fédération polynésienne de lutte remplit les conditions pour assumer l’encadrement et la formation à la discipline en Polynésie. Une décision qui pourrait intervenir lors du prochain renouvellement des DSP après le 21 octobre prochain, ou lors de leurs validations au 1er janvier 2020.
 
« Rassurer » sur la pratique de cette discipline où coups de pied, de poing, de genou et de coude, des coups au sol, des étranglements et des clés sont autorisés, était donc clairement le maître-mot de cette réunion pour la ministre et les spécialistes de la discipline. Pour ces professionnels, le meilleur moyen de rassurer sur le MMA est indéniablement de structurer la discipline, d'établir des règles, de former des professeurs compétents, des juges… Tout cela encadré par une structure rigoureuse et sérieuse.
 
Du côté des sportifs, l'un des ténors polynésiens de la discipline, Henri Burns, a bon espoir que la population soit rassurée et que des règles soient bientôt édictées en Polynésie. "J'espère vraiment que la pratique du MMA devienne un moyen pour cette jeunesse qui veut s'en sentir. Merci Madame la ministre de nous entendre !".

Yann Ramirez, docteur en sociologie du sport : "Il peut y avoir de possibles dérives"

"L'intérêt est porté sur les enfants en situation en déviance, car sociétalement, on a peut-être un outil de médiation pour eux. On a peut-être tendance à se focaliser là-dessus, mais sociologiquement, le MMA a une particularité, car il s'est développé dans des couches favorisées via Internet et les peperview à la séance. Or dans les années 90, ce sont les couches favorisées qui avaient les moyens de cela. Depuis, cela s'est démocratisé, il y a un facteur d'ascenseur social avec ce sport. Du coup, ce sport est vu à travers toutes les classes sociales comme un sport à pratiquer et pour certains comme un sport pour réussir. C'est là où il faut faire attention, où il peut y avoir de possibles dérives. Il faut une institutionnalisation des cadres pour éviter des abus de certains managers, de promoteurs, car cela génère de l'argent. La nécessite d'encadrer cela est d'éviter d'avoir des personnes malveillantes."

Le MMA en bref

Le Mixed Martial Arts (appelé «combat libre» ou «free-fight»), est catalogué dans les sports de combats. Il comprend des techniques de karaté, de judo, de lutte, de jiu-jitsu, de boxe thaï, de lutte ou encore de taekwendo… Coups de pied, de poing, de genou et de coude, coups au sol, étranglements et clés son permis. Les combats se déroulent dans une cage. La cage est davantage  sécurisante qu'un ring pour les sportifs. Le vainqueur est désigné par KO, soumission (immobilisation) ou décision des juges.

Programme de la conférence

Vendredi 11 octobre : Conférence sur le MMA de 8 à 17 h : Hôtel Intercontinental Resort Tahiti.
Samedi 12 octobre : Parc Aorai Tinihau de 8 à 17 h : Portes ouvertes des sports de combat.
 

le Mardi 8 Octobre 2019 à 19:34 | Lu 2008 fois