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Vent de colère à la marina Taina


Tahiti, le 20 février 2024 - L’association des voiliers de Polynésie ne décolère pas contre l’augmentation soudaine des tarifs à la marina Taina, à Punaauia. Jusqu’à 250% d’augmentation des prix. Une hausse soudaine qu’elle dénonce comme une volonté de chasser les voiliers des eaux polynésiennes.
 
Dans une publication sur les réseaux sociaux lundi, l’association des voiliers de Polynésie dénonce ce que certains nomment déjà du racket avec l’augmentation soudaine et non concertée des taxes sur place. “La marina Taina voit ses tarifs augmenter d'une manière que l'on juge disproportionnée et soudaine”, écrit l’association. “L'arrêté, dont il n'a été fait aucune publicité à la marina jusqu'à maintenant, décide d'une hausse de 250% de la taxe d'habitation, ce qui fait des augmentations colossales. Elles ne sont basées sur aucune amélioration des services et aucunement motivées.”
 
Dans une atmosphère nauséabonde qui stigmatise les voiliers en Polynésie française, accusés de tous les mots, de la pollution visuelle, sonore, et bien évidemment environnementale, c’est un nouveau coup d’épée porté au secteur. “La ‘vie à bord’ est un concept qui n'est pas défini clairement (dans le temps, par exemple, dans les services rendus (douches, poubelles, annexes) ni facilement vérifiables sans une intrusion dans la vie privée”, poursuit le communiqué.
 
“Cette décision a été publiée le 8 février dernier, sans que Marina Services n’en fasse la moindre publicité”, s’est offusqué ce mardi Arnaud Jordan, président de l’association des voiliers de Polynésie. “Nous sommes mis devant le fait accompli. Il s’agit une fois encore de stigmatiser une partie de la population qui vit pour la voile. Clairement, on nous dirait de dégager, qu’on ne s’y prendrait pas autrement”, poursuit-il, très remonté contre cette nouvelle décision du gouvernement qui surfe sur la haine des gens de voile.

Une suspension des paiements en réflexion

“Un voilier de près de 40 pieds, qui paie aujourd’hui environ 20 000 francs par mois, va se retrouver à 100 000 francs par mois”, poursuit Arnaud Jordan. “Le gouvernement veut quoi ? Qu’on aille tous vivre dans des maisons en béton en ville ? Qu’on augmente de façon exponentielle la consommation de climatiseurs ?”
 
La colère monte alors : “On nous accuse d’être des pollueurs, ce qui est complètement faux. La pollution, elle est dans les vallées qui sont prises pour des dépotoirs, elle est dans le kérosène des avions, dans l’essence des voitures tous les matins sur la RDO. Sous nos bateaux, nous avons des coraux et des poissons. Et parce que nous les aimons, nous y faisons justement très attention. Le danger pour les coraux, c’est le réchauffement climatique lié aux avions, aux voitures, aux climatisations. Le danger, ce n’est pas la plaisance.”
 
Cette nouvelle tarification a été confirmée dans un conseil des ministres qui s’est bien gardé d’en faire la promotion. Le tarif d’amarrage fixé à 750 francs le pied est majoré de 75%, accompagné d’une baisse de 13,3% pour les navires de moins de 24 pieds, soit juste la taille d’un poti mārara. Le tarif mensuel d’amarrage à flot pour un monocoque est majoré de 250%, et 150% pour un multicoque. Ces tarifs comprennent le stationnement d’un véhicule sur une place de parking, l’accès aux sanitaires et aux douches, le remplissage d’eau et la collecte des déchets, huiles et batteries.
 
L’électricité est fournie à 60 francs hors taxes au compteur ou sur la base d’un forfait à 5 500 francs hors taxes par mois. Les tarifs mensuels de stationnement sur remorque sont majorés de 25%, sauf pour les navires de moins de 24 pieds qui, eux, baissent de 13,3%. L’amarrage sur bouée est lui aussi majoré de 150 à 250% alors que le port à sec augmente de 3 000 francs par mois.
 
La nouvelle tarification devrait s'appliquer au 1er mars. L’association des voiliers de Polynésie songe désormais à attaquer cet arrêté au tribunal administratif pour suspendre son exécution le plus rapidement possible. L'association conseille de refuser de payer et de déposer la différence contestée à la caisse des dépôts et consignation en attendant que la justice rende sa décision.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mardi 20 Février 2024 à 17:10 | Lu 5781 fois