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Unité et écologie au congrès des maires


Tahiti, le 19 septembre 2023. Avant les épreuves de surf des prochains Jeux olympiques, les maires de Polynésie française, réunis pour leur 32e congrès à Teahupo’o, ont décidé de surfer une nouvelle vague, celle de la transition écologique. Une épreuve qui ne s’annonce pas facile pour les 48 communes qui devront s’unir et s’entendre en parfaite cohésion pour éviter de s’échouer sur le récif.
 
Pour le 32e congrès des maires de Polynésie, le Syndicat pour la promotion des communes de Polynésie française (SPCPF) a investi l’école Ahototeina de Teahupo’o depuis ce mardi pour débattre sur des thèmes aussi variés que les ressources en eau, l’alimentation saine et durable, la consommation énergétique ou encore la conciliation entre aménagement et transition écologique. Tour à tour, les discours se sont succédé après la coutume kanak menée par une délégation de Nouvelle-Calédonie, devant près d’une centaine de tāvana et de cadres municipaux venus de tous les archipels.
 
En ouverture, le tāvana de Taiarapu-Est, Tetuanui Hamblin, s’est exprimé sur l’importance capitale du 32e congrès des maires, un congrès accueilli pour la première fois dans sa commune : “Il nous réunit pour partager non seulement nos idées, nos expériences, mais aussi pour tracer une vision commune de l’avenir”. En réfutant l’idée que la transition écologique ne soit qu’une option, il aura déclaré ouvertement “qu’elle est une nécessité impérieuse et exige de nous des actions audacieuses et des prises de décisions éclairées qui contribueront à un monde plus propre, plus vert, plus durable, afin de garantir un avenir viable pour les générations futures”.

Les communautés de communes en marche

Le centralisme du Pays prime sur les capacités des territoires communaux à dessiner leur propre trajectoire, ainsi assiste-ton depuis plusieurs années à l’émergence des communautés de communes avec pour missions de permettre un développement cohérent. À commencer par les pionniers des Marquises qui ont ouvert le bal avec la création de la toute première communauté de communes des îles marquisiennes, la Codim, créée en novembre 2010. Par la suite, les communes de Papara, Hitia’a o te Ra, Taiarapu-Est et Taiarapu-Ouest se sont également regroupées au sein de Terehēamanu. Il en est de même pour les îles Sous-le-Vent, avec la communauté des communes de Hava’i.
 
Le haut-commissariat a pris un arrêté délimitant le périmètre de la communauté de Papeete, Pirae et Arue et a également émis un avis favorable pour la création de celle des Australes. Pour les Tuamotu, le rapprochement des atolls éloignés verra sans doute l’émergence d’une nouvelle communauté de communes. À ce propos, le président du SPCPF, Cyril Tetuanui, a encouragé les maires dans leurs initiatives respectives à s’unir, en précisant “qu’ils pourront compter sur le soutien du syndicat qu’il préside pour les accompagner jusqu’au bout”. Néanmoins, devant “un risque de perte d’unité” dû à un certain centralisme décisionnel du gouvernement en vigueur à travers l’article 43.2 du statut de la Polynésie, il appelle l’État et le Pays, premiers partenaires des communes, à être les garants de l’unité nécessaire des collectivités communales. “Pour autant”, poursuit-il, “cette cohérence qu’il faut garder ne doit pas être une excuse à l’inaction et à l’empêchement du développement des communes et des archipels.” Avant de conclure : “Seuls, nous allons plus vite, mais ensemble, nous irons plus loin.”

Fin du “jacobinisme” tahitien

À sa prise de parole, le président du Pays a suivi l’idée de son hôte en rappelant que “la transition écologique n’est pas une option, mais bien une obligation”. En réponse à l’appel du pied du président du SPCPF, Moetai Brotherson reconnait qu’il y a “depuis bien des années, cette question de centralisme tahitien, de cette transposition polynésienne du jacobinisme parisien, qu’on a fait un copier-coller, et depuis trop longtemps c’est Tahiti qui décide de tout pour l’ensemble de la Polynésie”. Ainsi, pour donner plus d’autonomie aux communes, “se pose la question de la cohérence, de l’unité et du pragmatisme”, a-t-il souligné en précisant qu’au-delà du fameux article statutaire énoncé par le président du SPCPF, “il y en a d’autres qui permettent aujourd’hui d’envisager de nouveaux modes de partage, d’exercice et de délégation de compétences, et plutôt que d’y réfléchir dans un mode abstrait, le gouvernement proposera deux cas concrets de réflexion aux travers des Fare Ora et du traitement des déchets”.
 
À noter qu’en début de discours, le président du Pays a souhaité, devant son président de parti Oscar Temaru, “que le 42e congrès des maires puisse être organisé dans les Tuamotu, que le 52e congrès des maires puisse se tenir à Rapa aux Australes, parce qu’on aura su y maintenir l’activité économique, les infrastructures d’éducation et de santé”.

Rédigé par Aldo Raveino le Mardi 19 Septembre 2023 à 19:59 | Lu 1292 fois