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Une victime de violences conjugales « sous emprise », selon le parquet


Tahiti, le 7 juin 2021 -- La mère de 22 ans avait écopé de cinq jours d’interruption temporaire de travail. Elle était présente lundi au jugement en comparution immédiate de son compagnon, qui l’avait étranglée mi-avril à Moorea. À la barre, elle le défend et refuse de signer l’ordonnance d’interdiction de contact avec lui.
 
Le compagnon faisait l’objet d’un mandat de recherche lors de son interpellation. Le soir du 16 au 17 avril dernier à Moorea, il lui est reproché d’avoir commis des violences sur la mère de ses deux enfants. Plus précisément, de l’avoir étranglée et d’avoir menacé d’introduire l’un de ses pieds dans un feu. Les faits s’inscrivent dans un contexte ancien et fait de violences. Selon les enquêteurs, la jeune femme aurait été empêchée de sortir, de reprendre ses études et se serait fait confisquer téléphone portable et ordinateur alors qu’elle devait passer son code de la route. À l’audience, le procureur brosse son portrait : elle serait anesthésiée psychiquement, privée de ses émotions, avec un déni de réalité à la suite d’une série de violences dans la sphère intime et familiale.
 
La présidente demande à la jeune victime s’il y a eu des étranglements ce soir là. "Oui, un seul", lâche t-elle, avant d’ajouter qu’elle n’a pas peur de lui : "Ce sont seulement les enfants qui le craignent. L’aîné est chez ma grand-mère. Le cadet est en famille d’accueil. Parce que les services sociaux ont estimé que le papa ne gagnait pas assez". Elle vit avec son aîné depuis 1 mois, et qualifie sa grand-mère de menteuse : "Je ne vis là-bas que parce qu’elle a le petit".
 
 
"Plus de 20 étranglements" en un soir
 
 
Le prévenu déclare avoir "juste tenu son cou". Il a plusieurs mentions à son casier judiciaire, dont trois pour des faits de violences sur cette même compagne. Le procureur reprend ensuite les auditions de la plaignante, elle explique alors tout aux gendarmes. Elle a le malheur de passer une demi-journée sans lui, de consommer de l’alcool et de ne pas rentrer assez tôt. Entre 21 heures et 22 heures, il y a eu plus de 20 étranglements. Il lui serrait le cou jusqu’à ce qu’elle tousse, en l’insultant, et elle lui disait merci. Le lendemain cependant, il a demandé pardon toute la journée.
 
Charles T. est finalement condamné à deux ans d’emprisonnement dont six assortis d’un sursis probatoire. Le procureur avait requis une peine mixte de 36 mois dont six avec sursis. Il lui sera interdit d’entrer en contact avec sa conjointe. Au moment de signer l’ordonnance, elle refuse et sort de la salle, désespérée.

Rédigé par Valentin Guelet le Lundi 7 Juin 2021 à 19:57 | Lu 2773 fois