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Une nouvelle vie pour "Les bénitiers"


Nabila Gaertner-Mazouni, professeure des universités à l’université de la Polynésie française (UPF) et Jean-Claude Gaertner, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Nabila Gaertner-Mazouni, professeure des universités à l’université de la Polynésie française (UPF) et Jean-Claude Gaertner, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
TAHITI, le 22 mars 2022 - L’ouvrage Les Bénitiers, l’autre perle du Pacifique paraît chez Au Vent des îles en version française et en version anglaise. En 2020, 2 000 exemplaires ont été donnés par les auteurs –notamment à des établissements scolaires– qui souhaitent partager et transmettre leurs connaissances au plus grand nombre.

Nabila Gaertner-Mazouni, professeure des universités à l’université de la Polynésie française (UPF) et Jean-Claude Gaertner, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) ont co-dirigé l’ouvrage Les Bénitiers, l’autre perle du Pacifique qui vient de paraître chez Au Vent des îles en français et en anglais. Il se découpe en cinq chapitres qui traitent de la biologie du coquillage, mais également de cosmogonie, de mythes et d’art car le bénitier a inspiré nombre d’auteurs ou de peintres… Il aborde la question de la ressource et de son intérêt comme sentinelle du climat et de l’environnement. De nombreuses photographies illustrent les propos scientifiques et documentés des auteurs (voir encadré).

Déjà 2 000 exemplaires donnés

Ce livre a eu une première vie. Paru sur des fonds de recherche en 2020, il a été tiré à 2 000 exemplaires et donné notamment aux établissements scolaires. Car les auteurs sont animés par une envie de partage des connaissances.

Les bénitiers constituent un groupe d’espèces "très particulier", selon Nabila Gaertner-Mazouni. Sa biologie, sa relation avec l’environnement mais aussi son histoire, l’intérêt qui lui est porté partout à travers le monde fascinent. Les bénitiers sont capables de combiner différents dispositifs pour acquérir l’énergie nécessaire à leur survie et leur développement. Comme dans le cas des coraux, ils vivent en symbiose avec des zooxanthelles (des micro-organismes unicellulaires) ce qui leur permet d’obtenir de l’'énergie, mais aussi d’arborer des couleurs variées. Un même individu peut produire des gamètes [une cellule reproductive, ndlr] mâles et femelles.

En Polynésie française, sa population se porte bien alors qu'ailleurs les stocks s'effondrent. Un tel ouvrage prend donc tout son sens. Cet animal est "un bon ambassadeur", il "fait le lien entre différentes cultures, mais aussi entre le monde animal et végétal", il est porteur de "valeurs fortes". C’est pourquoi une version anglaise a été publiée.

Un animal inspirant

De l’Antiquité à nos jours, le bénitier a traversé les époques et n’a cessé d’inspirer les peuples au-delà de son lieu d’habitat qui se trouve dans la partie tropicale de l’océan Indien et Pacifique. Son nom vernaculaire français vient d’ailleurs du fait que le coquillage tient un rôle emblématique dans les églises. Par ailleurs, de nombreux artistes l’évoquent. Dans Vingt mille lieux sous les mers, Jules Vernes lui donne une place centrale. Il est source aussi de fantasmes. Dans la très sérieuse et officielle Encyclopédie d’histoire naturelle de 1858, le professeur Chenu écrit à propos des valves de bénitiers géants : "On rapporte qu’il en existe en Inde de si grandes et si pesantes, que plus de cent personnes peuvent faire repas de leur chair…" Certes, le Tridacna gigas (bénitier géant) affiche d’impressionnantes mensurations, mais sa coquille ne dépasse 1,40 m de long. Un peu juste pour rassasier tant de convives.

Il reste encore beaucoup à dire sur ce coquillage. "Il garde encore bien des mystères", insiste Jean-Claude Gaertner. Des travaux de recherche sont en cours pour comprendre comment, par exemple, les couleurs prennent forme. En effet, les zooxanthelles sont marrons. Sans elles, le manteau du bénitier reste blanc. Mais comment la symbiose peut-elle donner de telles couleurs à ce coquillage ?

Une équipe d’auteurs pluridisciplinaires

Les Bénitiers, l'autre perle du Pacifique a été dirigé par Nabila Gaertner-Mazouni, professeure des universités à l’université de la Polynésie française (UPF) et Jean-Claude Gaertner, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Ont participé à sa rédaction : Chloé Brahmi, maître de conférence en biologie des organismes à l’UPF, Éric Conte, professeur des universités à l’UPF, Vaimiti Dubousquet, chargée de l’innovation scientifique et technologique à la délégation à la recherche, Georges Remoissenet, chargé des programmes aquaculture à la Direction des ressources marines de Polynésie française et Frédéric Torrente, chercheur en anthropologie à la Maison des sciences de l’homme du Pacifique.


Contacts

FB : Au vent des îles
Tél. : 40 50 95 95
Site internet de Au Vent des îles.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 22 Mars 2022 à 16:23 | Lu 1321 fois