Paris, France | AFP | mercredi 19/01/2022 - Un projet "obsessionnel" mûri en vase clos par une femme et son fils. Deux Américains sont jugés à partir de vendredi aux assises de Paris pour de rocambolesques tentatives d'assassinat du père français du jeune homme.
A base de micros placés et de menaces anonymes, June Hopkins, 60 ans, et son fils Brendan Walsh, 30 ans, sont soupçonnés d'avoir espionné pendant des mois le père de ce dernier, Grégoire L., sur fond d'affaires d'héritage et d'argent de famille.
En 1990, c'est à bord d'un Orient-express que Grégoire L. et June Hopkins se rencontrent. Elle tombe rapidement enceinte mais repart aux États-Unis avant la naissance de Brendan, "pour divorcer" de son mari américain, aurait-elle dit.
June revient à Paris un an plus tard et tombe enceinte de leur deuxième fils. Mais elle repart à nouveau avant la naissance, cette fois pour de bon: l'Américaine ne reprendra contact avec Grégoire que quinze ans plus tard, à la mort du père de ce dernier.
En 2009, elle passe un mois en France avec ses deux fils, désormais grands adolescents. Elle aimerait qu'ils prennent le nom de Grégoire L. Les démarches sont faites.
June Hopkins et son aîné sont de retour en 2010 et logés dans l'appartement du père. Quand il s'aperçoit qu'elle en a profité pour photocopier son avis d'impôt sur la fortune, des documents de la succession de son père et un contrat d'assurance-vie à hauteur de 500.000 euros, une dispute éclate.
Assis sur le canapé, Grégoire L. sent un liquide couler dans son dos et entend un cliquetis répété. Il se retourne: son fils lui a versé de l'essence dessus et tient un briquet, dira-t-il aux enquêteurs.
Le frère de Grégoire L. est présent, il intervient. Brendan sort "un petit sabre japonais" - son oncle le plaque au sol. June n'a pas bougé, selon son ex-conjoint.
Grégoire L. porte plainte pour cette première tentative d'assassinat mais les Américains - qui la contestent - ont déjà quitté le pays.
Il modifie les bénéficiaires de son assurance-vie (ses nièces plutôt que ses fils) et plonge dans une profonde dépression, qui ne s'arrange pas quand il apprend que le mari américain de June Hopkins s'est fracassé le crâne dans son garage, en tombant d'une échelle sur un outil de perçage. Une mort "suspecte", selon les enquêteurs américains, qui concluront cependant à un accident.
Fils sous emprise
Quelques mois plus tard, Grégoire L. et ses proches croient voir rôder la mère et le fils. Dans son hall d'immeuble à Paris, des affichettes sont collées: "Greg vous êtes un meurtrier ! ".
En 2015, la sœur de Grégoire L. rentre chez elle quand un homme et une femme, visages masqués sous des casques de moto, lui sautent dessus et tentent de l'étrangler. Des voisins interviennent, faisant fuir les agresseurs. Grégoire L. sort du pavillon et voit sa sœur au sol, choquée. C'est "les Américains", gémit-elle.
Il se lance à leurs trousses. Son ex-compagne lui enfonce les doigts dans les yeux, son fils tente de l'étrangler avec une cordelette. Là encore, des voisins les mettent en fuite.
L'enquête après leur interpellation révèlera un "projet criminel" au "caractère obsessionnel" selon l'accusation, auquel la mère et le fils consacraient leur temps depuis leur installation "en vase clos" et en secret à Paris, dès 2012.
En plus des micros placés devant chez Grégoire L., des repérages filmés, des affichettes le poussant au suicide, on découvre une lettre d'un avocat au notaire chargé de la succession du grand-père, indiquant que June Hopkins souhaite porter à sa connaissance l'existence de ses fils.
Les enquêteurs trouveront aussi sous le lit de l'Américaine une grand pelle à jardin dans une housse. A la cave, une scie, une hache, une machette, des lunettes de protection, un rouleau de cordelette.
Mère et fils ont toujours nié, assurant au contraire que Grégoire L. et sa famille avaient pour projet de "les éliminer", dira June Hopkins aux enquêteurs.
"C'est un dossier qui se tient dans une sphère familiale et repose sur beaucoup d'hypothèses", estime son avocate Me Béryl Brown.
Selon une expertise psychiatrique, Brendan Walsh était à l'époque sous l'emprise d'un "lien totalisant" avec sa mère qui avait pu altérer son discernement.
June Hopkins, qui a tenté de s'évader de prison en 2016 en nouant les draps de sa cellule avant de faire une chute de six mètres, a finalement été placée sous contrôle judiciaire en 2018, comme son fils. Ils avaient fui aux États-Unis où ils ont été interpellés en 2019, puis extradés en France en février dernier.
Verdict attendu vendredi 28.
A base de micros placés et de menaces anonymes, June Hopkins, 60 ans, et son fils Brendan Walsh, 30 ans, sont soupçonnés d'avoir espionné pendant des mois le père de ce dernier, Grégoire L., sur fond d'affaires d'héritage et d'argent de famille.
En 1990, c'est à bord d'un Orient-express que Grégoire L. et June Hopkins se rencontrent. Elle tombe rapidement enceinte mais repart aux États-Unis avant la naissance de Brendan, "pour divorcer" de son mari américain, aurait-elle dit.
June revient à Paris un an plus tard et tombe enceinte de leur deuxième fils. Mais elle repart à nouveau avant la naissance, cette fois pour de bon: l'Américaine ne reprendra contact avec Grégoire que quinze ans plus tard, à la mort du père de ce dernier.
En 2009, elle passe un mois en France avec ses deux fils, désormais grands adolescents. Elle aimerait qu'ils prennent le nom de Grégoire L. Les démarches sont faites.
June Hopkins et son aîné sont de retour en 2010 et logés dans l'appartement du père. Quand il s'aperçoit qu'elle en a profité pour photocopier son avis d'impôt sur la fortune, des documents de la succession de son père et un contrat d'assurance-vie à hauteur de 500.000 euros, une dispute éclate.
Assis sur le canapé, Grégoire L. sent un liquide couler dans son dos et entend un cliquetis répété. Il se retourne: son fils lui a versé de l'essence dessus et tient un briquet, dira-t-il aux enquêteurs.
Le frère de Grégoire L. est présent, il intervient. Brendan sort "un petit sabre japonais" - son oncle le plaque au sol. June n'a pas bougé, selon son ex-conjoint.
Grégoire L. porte plainte pour cette première tentative d'assassinat mais les Américains - qui la contestent - ont déjà quitté le pays.
Il modifie les bénéficiaires de son assurance-vie (ses nièces plutôt que ses fils) et plonge dans une profonde dépression, qui ne s'arrange pas quand il apprend que le mari américain de June Hopkins s'est fracassé le crâne dans son garage, en tombant d'une échelle sur un outil de perçage. Une mort "suspecte", selon les enquêteurs américains, qui concluront cependant à un accident.
Fils sous emprise
Quelques mois plus tard, Grégoire L. et ses proches croient voir rôder la mère et le fils. Dans son hall d'immeuble à Paris, des affichettes sont collées: "Greg vous êtes un meurtrier ! ".
En 2015, la sœur de Grégoire L. rentre chez elle quand un homme et une femme, visages masqués sous des casques de moto, lui sautent dessus et tentent de l'étrangler. Des voisins interviennent, faisant fuir les agresseurs. Grégoire L. sort du pavillon et voit sa sœur au sol, choquée. C'est "les Américains", gémit-elle.
Il se lance à leurs trousses. Son ex-compagne lui enfonce les doigts dans les yeux, son fils tente de l'étrangler avec une cordelette. Là encore, des voisins les mettent en fuite.
L'enquête après leur interpellation révèlera un "projet criminel" au "caractère obsessionnel" selon l'accusation, auquel la mère et le fils consacraient leur temps depuis leur installation "en vase clos" et en secret à Paris, dès 2012.
En plus des micros placés devant chez Grégoire L., des repérages filmés, des affichettes le poussant au suicide, on découvre une lettre d'un avocat au notaire chargé de la succession du grand-père, indiquant que June Hopkins souhaite porter à sa connaissance l'existence de ses fils.
Les enquêteurs trouveront aussi sous le lit de l'Américaine une grand pelle à jardin dans une housse. A la cave, une scie, une hache, une machette, des lunettes de protection, un rouleau de cordelette.
Mère et fils ont toujours nié, assurant au contraire que Grégoire L. et sa famille avaient pour projet de "les éliminer", dira June Hopkins aux enquêteurs.
"C'est un dossier qui se tient dans une sphère familiale et repose sur beaucoup d'hypothèses", estime son avocate Me Béryl Brown.
Selon une expertise psychiatrique, Brendan Walsh était à l'époque sous l'emprise d'un "lien totalisant" avec sa mère qui avait pu altérer son discernement.
June Hopkins, qui a tenté de s'évader de prison en 2016 en nouant les draps de sa cellule avant de faire une chute de six mètres, a finalement été placée sous contrôle judiciaire en 2018, comme son fils. Ils avaient fui aux États-Unis où ils ont été interpellés en 2019, puis extradés en France en février dernier.
Verdict attendu vendredi 28.