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Une mère condamnée pour non dénonciation d’agression sexuelle


PAPEETE, le 20 février 2018 - La mère de famille était poursuivie pour ne pas avoir dénoncé les violences sexuelles commises par son conjoint sur la personne de leur fille âgée de 15 ans. La femme a été condamné à 12 mois de prison avec sursis. Son mari a écopé d’une peine de 5 ans de prison ferme.

Les faits avaient été dénoncés par l’un des fils du couple qui s’était rendu à la DSP. Face aux enquêteurs, le jeune homme avait expliqué que l’une de ses sœurs, mineure, avait subi des attouchements commis par leur père. Ce dernier, condamné pour les viols de ses deux filles aînées, venait à peine de sortir de prison et n’avait pas le droit de se rendre au domicile familial. A la demande de sa femme, poursuivie ce mardi pour ne pas avoir dénoncé les faits, il était toutefois rentré au sein du foyer conjugal. La famille, composée de 13 enfants, était bien connue des services sociaux pour des faits de violences et d’abus sexuels. Le couple étant, selon l’enquête, notoirement alcoolique. Après plusieurs auditions, l’auteur des violences sexuelles avait reconnu les faits. Depuis la dénonciation des agressions, l’on ignore où réside la jeune fille.



Versions des faits

Face au tribunal correctionnel ce mardi, le couple s’est retranché dans de nombreuses contradictions. Il n’a pas semblé préoccupé par le destin de la victime qui a quitté le domicile familial depuis les faits. L’homme est resté silencieux, la femme a changé de version, indiquant cependant qu’elle n’était « pas idiote » et qu’elle s’était douté du danger potentiel lors du retour de son mari. Parmi les 13 enfants, la quasi-totalité a déjà été placé par les services sociaux ou adoptés. Seuls restent un bébé de 8 mois et une petite fille âgée de 2 ans.

Le conseil de la victime, qui n’a jamais pu rencontrer sa cliente, a qualifié l’affaire de « difficile (…) Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer cette jeune fille mais les faits sont reconnus. Il est aussi établi que la mère était clairement au courant (…) A l’heure actuelle, la victime est en déshérence. Elle a subi une violation particulièrement grave de son intimité.»

Avant de requérir 5 ans de prison ferme contre le père et 2 ans de prison dont 18 mois avec sursis à l’encontre de la mère, le procureur de la République a évoqué la fragilité de la situation actuelle de la victime : « Il est difficile d’y voir clair dans les déclarations de ces deux individus. Ils se renvoient le flou dans lequel ils font baigner cette audience. Parmi ces contradictions, ces approximations, il ne faut pas oublier le cœur du problème : la particulière vulnérabilité de la victime. Car, au-delà des codes, il y a l’universalité des valeurs qui induit qu’une famille doit protéger ses enfants mineurs. Pendant des années, cette jeune fille a évolué au sein d’un milieu incestueux et ce, dans un climat de grande insécurité. »

Après en avoir délibéré, les magistrats ont condamné le père de famille à 5 ans de prison ferme. L'autorité parentale lui a été retire. Sa femme, qui a indiqué qu’elle ne croyait toujours pas son enfant, a écopé d’une peine de 12 mois de prison avec sursis.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 20 Février 2018 à 15:59 | Lu 4669 fois