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Une formation pour "garantir la qualité du bois de pin" produit au fenua


"On a repris les techniques de sciage et de séchage. Mais le but de cette formation est de trier les bois et de faire de la reconnaissance visuelle. Identifier les défauts afin de sélectionner les bois qui répondent aux normes du marché", explique Yoann Moussu de la cellule foret et aménagement rurale à la direction de l'agriculture.
"On a repris les techniques de sciage et de séchage. Mais le but de cette formation est de trier les bois et de faire de la reconnaissance visuelle. Identifier les défauts afin de sélectionner les bois qui répondent aux normes du marché", explique Yoann Moussu de la cellule foret et aménagement rurale à la direction de l'agriculture.
PAPEETE, le 12 mars 2019 - Depuis ce 7 mars une vingtaine de personnes, des gérants de scierie et leurs salariés, participent à une formation relative à la reconnaissance du classement visuel des bois de pins issus des forêts polynésiennes. Pour pouvoir développer de manière significative son utilisation dans la construction il est nécessaire de disposer d’un cadre normatif garantissant la qualité du bois produit.

La filière bois poursuit sa révolution en Polynésie française. Pour rappel en avril 2018 le conseil des ministres prenait deux arrêtés qui posaient le cadre réglementaire normatif pour l'utilisation du bois provenant des pins des Caraïbes locaux (Pinus du Fenua). Ceux-ci peuvent désormais être utilisés dans la construction d'édifices locaux. Ce qui ne pouvait pas être le cas jusqu'à cette date.
 
Ainsi dans la continuité de ces actions pour valoriser la filière du bois au fenua, la Direction de l’agriculture et le Centre de formation professionnel et de promotion agricoles (CFPPA), organisent depuis ce 7 mars une formation relative à la reconnaissance du classement visuel des bois. Pour pouvoir développer de manière significative l'utilisation des pins des Caraïbes locaux (Pinus du Fenua) dans la construction et répondre aux appels d’offres dans le cadre des programmes de construction de logements sociaux et de travaux divers, il est nécessaire de disposer d’un cadre normatif garantissant la qualité du bois produit.
 
"On a repris les techniques de sciage et de séchage. Mais le but de cette formation est de trier les bois et de faire de la reconnaissance visuelle. Identifier les défauts afin de sélectionner les bois qui répondent aux normes du marché", explique Yoann Moussu de la cellule foret et aménagement rurale à la direction de l'agriculture.  
 
"Les nœuds, la présence d'autre écorce,  ou encore  les fissures sont les principaux défauts d'une pièce de bois", indique pour sa part Patrick Langbour, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), et chargé de cette formation. Ce dernier ajoute par ailleurs, "ce sont des défauts qui fragilisent la pièce mécaniquement. Il faut évidemment qu'une pièce soit solide pour de la construction, d'autant plus quand il s'agit de la construction d'un bâtiment public comme par exemple une école, ou une salle de sport."



"CREER DE L'EMPLOI ET UNE DYNAMIQUE DANS LES ILES"

Cette formation a concerné une vingtaine de personnes. Principalement des gérants de scierie et leurs salariés venus de tous les archipels exceptés des Tuamotu.  Sur l'ensemble du territoire la ressource exploitable en pins des Caraïbes couvre  2 030 hectares, répartie entre les Marquises (39 %), les îles Sous-le-vent (31 %), les îles du Vent (21 %) et les Australes (9 %). Un objectif de production de 1 500 mètres cube de bois par an a été fixé. "Et l'on vise une fois l'activité bien lancée, les 7 000 mètres cube de production de bois de sciage par an", rapporte Yoann Moussu.  
 
Des bras supplémentaires pour faire tourner cette activité seront bien évidement nécessaire, comme le confirme le cadre de la Direction de l'agriculture. "Aujourd'hui on estime à peu près une centaine emplois directs pour l'ensemble des scieries du territoire. Après cela crée aussi d'autres filières connexes. Aujourd'hui nous avons des scieries installées dans les archipels exceptés aux Tuamotu. En développant cette filière on pourra  permettre aux populations de rester sur leur île, de créer de l'emploi et une dynamique dans les îles."
 
Une analyse partagée par Yvonne Watanabe, qui ouvrira prochainement sa scierie à Rapa, dans l'archipel des Australes (lire encadré). Un producteur de bois, basé à Moorea est quant à lui plus sceptique : "Pour le moment les prix d'achat de notre bois n'ont pas encore été fixés et ça fait plus de 20 ans que l'on attend ça. Et deuxièmement comment s'ouvrir aux marchés publics de façon équitable.  Sachant que tous les producteurs locaux ne pourront satisfaire que 20% de la demande annuel du marché public. Il y a encore pas mal de choses à régler." Affaire à suivre.

PAROLE A

Yvonne Watanabe, gérante de la scierie de Rapa
"On fait venir des tonnes de béton alors que l'on dispose de bois à profusion"

Comment t'es venu l'idée de mettre en place une scierie à Rapa ?
On s'est lancé dans cette filière parce qu'on voulait abattre tous les Pinus qu'on avait sur notre terrain à Rapa. On a nous avertit ensuite qu'on ne pouvait pas abattre les arbres comme ça et qu'on devait avoir une autorisation du service de développement rural (SDR). En faisant cette demande on nous a proposé de couper et de scier les troncs d'arbres parce que personne ne s'était positionné pour le faire. Et il fallait vraiment le faire parce que les arbres devenaient vraiment envahissants. On a réfléchit à la question bien que mon mari et moi ne connaissions rien à ce domaine. Et puis finalement on a décidé de se lancer dans ce projet. Nous avons aussi le soutien de la mairie et du conseil des sages de l'île.
 
Où en est ton projet aujourd'hui ?
Pour le moment j'ai ma patente. On attend juste un terrain pour pouvoir construire notre hangar. Après on va s'attaquer au financement de nos machines. On a prévu un investissement de 20 à 30 millions en comptant avec l'aide que le Pays peut nous procurer.  En ouvrant cette scierie on espère évidemment créer de l'emploi sur l'île. En plus en coupant du bois ça faire plus d'espace pour faire de l'agriculture. Et mon rêve est de pouvoir proposer un jour des chalets made in Rapa, construits à 100% avec notre bois. On fait venir des tonnes de béton alors que nous disposons de bois à profusion.
 
En quoi cette formation  va te servir ?
Je crois que cette formation va servir pour faire monter la réputation de notre bois. Et puis ça met tout le monde à la même enseigne.  
 

Rédigé par Désiré Teivao le Mardi 12 Mars 2019 à 16:51 | Lu 2718 fois