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Une campagne sur les dangers de la mer


Tahiti, le 9 juillet 2020 - Le ministère de l’Économie bleue et la Fédération des sports subaquatiques lancent une campagne de sensibilisation aux dangers de la pêche sous-marine. Une vidéo qui sera diffusée à la télévision et sur internet pour toucher les jeunes pêcheurs, de plus en plus victimes d’accidents mortels.

La pêche sous-marine au harpon n’est pas une activité anodine. Une vidéo diffusée à la télévision et sur internet depuis ce mercredi 8 juillet rappelle au grand public les quelques consignes de bases à respecter pour éviter les drames. Une campagne de sensibilisation devenue urgente : l’année dernière, 4 pêcheurs ont perdu la vie en Polynésie pendant une chasse sous-marine. Depuis le début de l’année, le lagon a déjà pris 6 vies supplémentaires...

Le profil de ces victimes : tous des jeunes hommes, souvent des pères de famille. Ils pêchaient par passion, mais aussi pour fournir du poisson et un supplément de revenu à leurs proches. Surtout, ils ne respectaient pas toutes les règles de sécurité de base de cette activité, parfois par manque d’information.

Teva Rohfritsch et Romuald Montagnon ont présenté ensemble la vidéo de sensibilisation aux accidents de pêche sous-marine à la presse hier après-midi.
Teva Rohfritsch et Romuald Montagnon ont présenté ensemble la vidéo de sensibilisation aux accidents de pêche sous-marine à la presse hier après-midi.
Par exemple, aucun n’était membre des clubs de la Fédération tahitienne des sports subaquatiques de compétition, qui rassemble 300 pratiquants de la pêche sous-marine sportive et de l’apnée. La Fédération n’a pas connu d’incident mortel depuis 20 ans car elle veille à un respect strict des consignes de sécurité dans ses clubs et pendant ses compétitions.

C’est donc naturellement cette fédération qui s’est saisie du problème pour sensibiliser le grand public, avec des financements du ministère de l’Économie bleue (un porte-feuille du vice-président Teva Rohfritsch). Depuis 2017, la fédération forme 150 à 200 Polynésiens chaque année aux bonnes pratiques de la pêche sous-marine, dans tous les archipels.

Mais pour atteindre immédiatement l’ensemble des 1500 pratiquants et arrêter les pratiques les plus dangereuses, ces partenaires ont décidé de diffuser largement une vidéo de sensibilisation. Tournée à Tikehau, avec des acteurs locaux et l’intervention du champion d’apnée et instructeur de pêche sous-marine Denis Gromaire, elle met en scène une histoire poignante qui rappelle l’importante de bien vérifier son matériel, s’hydrater, s’équiper d’une bouée de signalisation, et surtout la règle d’or : toujours pêcher en tandem.

Cette vidéo sera diffusée sur TNTV, partenaire de l’opération, et sur les réseaux sociaux. Teva Rohfritsch serait également en discutions avec le ministère de l’Éducation pour la diffuser auprès de tous les élèves de 4ème et 3ème de Polynésie. Le message, toujours le même : « ramenez du poisson, pas des mauvaises nouvelles ».

La vidéo en français :


La vidéo en tahitien :


Romuald Montagnon, président de la Fédération tahitienne des sports subaquatiques de compétition

« Ils n’ont jamais vendu autant de fusils de chasse sous-marine , c’est phénoménal »

Comment expliquer cette recrudescence des accidents de pêche ?

Il y a plusieurs facteurs. Le premier c’est qu’il y a beaucoup plus de pêcheurs en Polynésie ces dernières années. Pour le plaisir bien sûr, mais surtout avec la crise économique, par besoin pour le manger ou pour le vendre. Je me suis renseigné auprès des magasins spécialisés, et ils confirment qu’ils n’ont jamais vendu autant de fusils de chasse sous-marine , c’est phénoménal.

Un deuxième facteur est que quand il y a des accidents, ce ne sont pas des professionnels. Il y a des problèmes de formation, et des certitudes que les jeunes ont. Dans nos formations, on voit que beaucoup ont des lacunes en matière de sécurité.

Ensuite il y a le fait qu’il y a beaucoup moins de poissons dans les Îles du Vent, et même aux Îles-sous-le-Vent. Il est plus farouche et il faut le chercher plus profond, ce qui augmente le risque.

Enfin, il y a l’émulation entre les jeunes sur les réseaux sociaux, à celui qui aura la photo avec le plus gros poisson, la vidéo de chasse la plus spectaculaire… Ça les pousse à repousser leurs limites. Donc ce film est parfait parce qu’il sera présent sur les réseaux sociaux.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 9 Juillet 2020 à 16:36 | Lu 2687 fois