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"Une année record en saisie d'ice"


Tahiti, le 12 juin 2020 – La direction régionale des douanes en Polynésie a dressé vendredi le bilan de son acticité en 2019, mettant l'accent sur une année "record" en terme de saisie d'ice, la lutte contre le blanchiment mais aussi des missions moins connues comme la collecte d'un tiers des recettes fiscales du Pays.
 
Un kilo d'ice, trois kilos de paka et cinq cent paquets de cigarettes dans la même pièce… Non ce n'est pas le repère d'un trafiquant, mais bien l'un des bureaux de la direction des douanes de Polynésie française. Vendredi matin, le directeur régional Jean-François Tanneau a invité les médias à une présentation du bilan d'activité 2019 du service qui emploie 130 agents au fenua. "On sort d'une année active", s'est réjoui le patron de la douane, avec notamment 11,7 kg d'ice saisis au cours de l'année dernière. "Cela représente le double des saisies effectuées sur les dix dernières années." Et pourtant les procédés d'entrée de la drogue sont "de plus en plus élaborés", détaille le directeur : "Dans des gants de boxe, des planches de skate, des rames..."
 
L'argent tout aussi surveillé
 
Si la mission première de la douane est la lutte contre la fraude pour le compte de l'Etat, ce sont sans surprise les stupéfiants qui accaparent la plus grande partie de l'activité des agents. Mais parmi les missions moins connues, les douaniers s'occupent aussi de plus en plus régulièrement du contrôle de l'import et de l'export de l'argent. Avec l'économie souterraine générée par le trafic, il devient en effet très pressant de contrôler la circulation des liquidités aux frontières du fenua. Toute somme de plus de 1,2 millions de Fcfp découverte et non déclarée pouvant faire l'objet d'une enquête. Enfin, toujours au titre de la lutte contre la fraude, les douaniers ont saisis 135 000 cigarettes au cours des trois dernières années, plus de 5 000 contrefaçons ou encore 36 kg de viande de tortue.
 
Pour mener à bien ces missions, les agents s'équipent et se forment avec les techniques les plus modernes possibles. En terme de matériel, on parle d'endoscopes, de capteurs de particules de méthamphétamine, de rayons X… "On a du bon matériel, mais on manque toujours de matériel plus performant pour nos missions", glisse Jean-François Tanneau. Côté formation, on insiste sur les relations internationales avec notamment les attachés douaniers aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande pour le renseignement.
 
Du renseignement, plus local, il en est également question. La douane met en place un numéro vert au 89 400 256 pour recueillir tout renseignement permettant d'appréhender des fraudes douanières et notamment des trafics stupéfiants. "C'est important pour nous. L'ice est un fléau et on a besoin de renseignements. On a besoin que la population nous appelle. Nous, on considère que c'est un geste citoyen de nous appeler si vous avez des renseignements ou informations sur ce type d'affaires", conclut le directeur.

L'action fiscale

Une action moins connue encore est la mission fiscale de la douane. En vertu d'une convention passée entre l'Etat et le Pays, les recettes fiscales douanières bénéficient directement au budget de la Polynésie. Et la somme est rondelette : 57 milliards de Fcfp. "On recouvre à peu près 30% du budget du Pays", souligne Jean-François Tanneau.

Jean-François Tanneau, directeur régional des douanes en Polynésie française : "L'ice en recrudescence exponentielle"

Est-ce qu'il ressort de vos saisies une augmentation du trafic d'ice ?
 
"Effectivement, on a une année record en terme de saisie d'ice, puisqu'on a saisi 11,7 kg d'ice. Ca veut dire la majeure partie des affaires en Polynésie. C'est donc vraiment en recrudescence exponentielle. Cela représente le double des saisies effectuées sur les dix dernières années. Ca montre effectivement aussi le professionnalisme des agents des douanes. On a mis le paquet sur la formation, sur le matériel, sur les échanges interministériels avec la Nouvelle-Zélande mais aussi avec d'autres pays. On a renforcé nos moyens, mais c'est vrai qu'il y a une explosion de la consommation et des entrées d'ice."
 
Vous effectuez également des missions moins 'médiatiques' en contrôlant l'importation et l'exportation d'argent liquide ?
 
"La mission des stupéfiants, c'est la mission première de la douane. On a saisi aussi 100 kg de paka sur les trois dernières années. Et parallèlement, on contrôle l'argent qui circule. Et c'est important parce que le trafic d'ice et de paka génère de l'argent. Donc on est une douane de protection des frontières et on contrôle aussi les gens à l'importation comme à l'exportation pour la détention d'argent. Un résident polynésien doit déclarer, à l'entrée comme à la sortie, plus de 1,2 million de Fcfp. Et si la personne ne déclare pas cet argent, on lui consigne et on fait une enquête qui peut durer jusqu'à six mois. Les résultats peuvent ensuite mener jusqu'à du blanchiment qu'on communique au procureur."
 
Vous avez également une activité fiscale, pour le compte du Pays ?
 
"Les recettes qu'on engrange à l'importation sur les différents produits vont en métropole à l'Etat, mais en Polynésie une convention permet à ces recettes d'aller au Pays. A peu près un tiers de l'argent du budget est recouvré par la douane. On recouvre environ 57 milliards de Fcfp qui vont dans les caisses du Pays."
 
Sur la contrefaçon, à quels types de produits êtes-vous confrontés ?
 
"On a beaucoup d'importation, par exemple, à noël. Avec des jouets, des habits, ballons, tee-shirts… On applique la réglementation du Pays. Là, on a saisi 5 000 contrefaçons sur les trois dernières années. On a aussi une mission importante qui est la protection de l'environnement et des espèces protégées. On a saisi cette année 36 kg de viande de tortue. Là-dessus, on applique le code de l'environnement polynésien. Ce type de mission, on en a fait régulièrement. On en a fait la semaine dernière encore."
 
Que deviennent tous ces produits saisis ?
 
"Les produits sont détruits. Tous les produits de contrefaçon sont détruits. Tout ce qui est cigarettes, alcool, ice et autres sont détruits… On garde une infime partie pour l'entrainement de nos chiens. Parce que les chiens sont entraînés à sentir les molécules d'ice et de paka. Sur les 12 kg d'ice saisis, on garde environ 1kg pour nos chiens."

Rédigé par Antoine Samoyeau le Vendredi 12 Juin 2020 à 18:37 | Lu 3623 fois