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Une Marche pour dire "Ça suffit ! Y’en a marre !"


PAPEETE, 19 septembre 2015 – La Marche blanche organisée pour appeler à la non-violence a été suivie par près de 5 000 personnes, samedi à Papeete. Une association se constitue pour transformer cette mobilisation et porter plus loin son message de paix.

La manifestation s’est également déroulée en même temps à Bora Bora, Maupiti et Raiatea notamment.

A Tahiti, les deux cortèges, l’un au départ du stade Willy Bambridge à Tipaerui, l’autre de l’ancien centre hospitalier de Mamao, se sont rassemblés sur la place Tarahoi à Papeete vers 16h30. Là, des témoignages, des appels à la paix, des messages de sensibilisation et animations musicales ont été partagés avec les 5 000 manifestants de cette Marche.

Mardi à la mi-journée, la mort cérébrale de Sandy Ellacott, 34 ans, a été constatée quelques 36 heures après qu’il ait été battu et laissé pour mort lors d’une violente altercation, dimanche soir à Bora Bora. Très vite, une mobilisation s’est opérée sur les réseaux sociaux. La mort de ce père de famille, les témoignages douloureux de ses proches, ont interpellé l’opinion publique et souligné la perception d’un climat d’insécurité et de violence dans la société polynésienne. "Les Polynésiens, ce n’est pas ça", a lancé à la foule samedi Naea Bennett, le capitaine des Tiki Toa, lors de sa brève allocution entouré de ses coéquipiers. "Nous sommes tous pères de famille. Nous ne souhaitons pas vivre cela : stop à la violence !" a-t-il dit avant de lancer l'injonction : "Aimons-nous les uns les autres !".

Et c'est bien de ce dont il s'agit, de ramener l'amour là où rode de manière si spectaculaire la folie et la haine. Pour que cette mort ne soit pas vaine, pour qu’elle soit utile à la collectivité, les organisateurs de la Marche blanche en souvenir de Sandy ont souhaité qu’elle permette surtout une prise de conscience dans les familles polynésiennes. Ils redoutent par-dessus tout qu'elle ne soit qu'une manifestation sans lendemain.

"On est là pour dire Ça suffit ! Y’en a marre !"

Stanley Ellacott
Stanley Ellacott
Stanley Ellacott reconnaît volontiers être ému et réconforté par ce vibrant soutien populaire, dans le deuil que traverse sa famille. Mais il souhaite plus encore, pour la collectivité : "J’espère être l’élément déclencheur d’un mouvement qui va perdurer et non vivre l’espace d’une journée puis se finir. J’espère que, derrière, cela permettra une prise de conscience dans tout le pays, non seulement des autorités mais aussi des familles. Nous sommes arrivés à un point où cette violence, j’ai l’impression, fait partie du quotidien de certaines familles. Il ne s’agit pas de parler simplement de Sandy, parce que c’est spectaculaire et parce que c’est le fils de… ; mais de provoquer une prise de conscience : on commence par là, on commence à semer et puis un jour, on récoltera".

Vœu que partage Mateata Maamaatuaiahutapu, qui perd un cousin avec le décès de Sandy. En quelques minutes, dès mardi, par le biais des réseaux sociaux et grâce à l'élan de nombreux bénévoles, elle a pu mettre sur pied cette manifestation. Aujourd'hui, elle annonce la création d’une association pour transformer cet élan collectif en un message durable de paix sociale : "Cette mobilisation fait chaud au cœur. On est là pour dire « Ça suffit ! Y’en a marre ! ». Un gars, un jour, dans un accès de violence, peut bouleverser la vie de nombreuses personnes. En même temps, on a beaucoup de peine pour lui aussi et pour sa famille. Ce jeune va passer des années en prison pour un instant de folie, lié à l’alcool, au paka peut-être. Pour moi, nous sommes tous responsables de ce qui se passe. On ne peut pas mettre ça sur le dos de l’État, du Pays, du maire ou des mutoi. Ça doit passer par nous, par les familles ! On doit apprendre à ramener la paix dans les familles. Comme tonton Stanley l’a dit, cette marche ce n’est pas seulement pour Sandy. Elle doit servir à tous. Après cette marche, nous avons décidé de nous constituer en association et de continuer le combat. Il ne s’agit pas de faire une marche et puis d’oublier. Nous avons demandé à être reçus par le haut-commissaire et le Président du Pays, pour voir avec ces autorités quelles mesures concrètes peuvent être mises en place".

Une famille vit des moments douloureux et touchants, ces jours-ci après la perte d’un être cher mais la Polynésie pourrait gagner une prise de conscience et un élan durables qui lui permettront peut-être de sortir grandie de cette tragédie. C'est le souhait de tous.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Samedi 19 Septembre 2015 à 19:33 | Lu 5001 fois
           



Commentaires

1.Posté par TuladiBouffi le 20/09/2015 15:24 | Alerter
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Une association contre la violence, c'est respectable, mais cela ne changera rien. Il y a des tas d'associations pacifistes contre la guerre et est-ce que les guerres ont cessé ? Je vous laisse méditer la-dessus. Et pour le pauvre Sandy, paix à son âme, il était là au mauvais endroit au mauvais moment.

2.Posté par torix le 21/09/2015 08:55 | Alerter
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Les parents abandonnent l'éductaion de leurs enfants, ne leur donnent plus les clés de leur avenir : ne leur parlent plus, ne les écoutent plus, ne leur donnent plus l'exemple. Les jeunes s'instruisent dans la rue, avec la télé ou internet. Moins un enfant dispose d'une base éducative, plus il est un ado fragile, donc tenté par la violence, la pornographie, les drogues diverses... Vu la démission des parents (et de la société), je ne vois qu'une seule piste de très long terme pour sortir de cette tendance : éduquer nos jeunes à la parentalité. Leur enseigner à éduquer leurs futurs enfants : écoute, respect d'autrui, exemple, morale de base, hygiène alimentaire...

3.Posté par liberté le 21/09/2015 09:06 | Alerter
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Mais bien sur ! des assos on peut en créer des centaines par jour ET ALORS la violence , l'alcool le paka seront toujours là et j'en passe .Sandy repose en paix si tu peut,

4.Posté par Vidal le 21/09/2015 17:08 | Alerter
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Bizarre !
vous avez dit bizarre ?
Comme c'est étrange !

bien sûr ! plus jamais ça ... évidemment plus jamais ça !
vous étiez autant de monde pour dénoncer le catastrophisme de l'enseignement laïc, gratuit et obligatoire le 17 septembre, à propos des dernières réformes annoncées ?

5.Posté par zozo le 22/09/2015 12:28 | Alerter
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malheureusement régler les conflits ou affirmer sa position en se battant physiquement fait parti des mœurs et est admis comme tel; Dans ce cas nous avons entendu le père de la victime non pas déploré la bagarre mais l'acharnement ! Un maire admet la bagarre comme compréhensible et d'usage mais se rebelle contre l'utilisation de barre de fer ou autre !. Les guides de voyage signale cette propensions à la bagarre en polynésie et conseille de s'éclipser passer une certaine heures. La violence physique est encore une coutume pour beaucoup de polynésiens de toutes conditions sociales ;Elle n'est pas récente et du à la crise NON! Ce n'est pas de la violence gratuite ou vénale, c'est le mode d'expression et un moyen culturel de régler les différents il faut arrêter de PARDONNER !!!