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Un tiers d'activité économique en moins en mars


Tahiti, le 20 avril 2020 – Une note des Comptes Economiques Rapides pour l'Outremer (CEROM) sur la conjoncture économique actuelle et l'impact des mesures de confinement en lien avec le covid-19 a été publiée. Elle fait état d'une perte d’activité pour l'économie polynésienne estimée à plus d'un tiers pour mars 2020. Des impacts très différents selon les secteurs d'activité. 

Cette publication spécifique des CEROM répond à la nécessité de « mesurer le choc économique » avec pour objectif « de pouvoir quantifier (...) les ordres de grandeurs et ébaucher des perspectives révisables (…) comme la durée du confinement ou la vitesse de reprise de l'activité ». Un travail d'évaluation qui est avant tout un exercice de comparaison avec une année dite « normale » pour évaluer, au moment où la Polynésie traverse cette crise sanitaire et économique, le « choc d’offre sur une année économique connue et (...) comparer les différences ». Un exercice qui repose sur des données classiques mais « en s’appuyant sur des méthodes inhabituelles ». Le but est ainsi de fournir des « estimations d’impact pour éclairer la décision des pouvoirs publics et des agents économiques ». Et les impacts sont nombreux et différents selon les secteurs d'activité.
Selon la note du CEROM, « la perte d’activité économique polynésienne est actuellement estimée à 34 % par rapport à une situation 'normale' pour le mois de mars ». Un calcul qui apparaît cohérent par rapport à « la situation des salariés dont un tiers des effectifs serait en arrêt ».
L'industrie et la construction plongent, l'Energie se maintient
Une estimation qui est issue d'une analyse branche par branche, « l'impact des mesures de confinement est plus ou moins marqué suivant les branches d’activité ». La note indique ainsi que « les activités agricoles devraient se poursuivre un peu en-deçà de la 'normale' alors que les industries agroalimentaires subissent un contrecoup plus marqué », deux branches « principalement touchées par l’arrêt de la demande touristique alors que le marché domestique reste soutenu mais en recul ». L'agriculture perd ainsi la moitié de son activité. L’ensemble de l’industrie verrait son activité fléchir de -72%, « d’autant plus que les produits de la mer (perles et poissons) ne sont plus exportés ». Un chiffre assez proche de celui de la perte d'activité dans le secteur de la construction, estimée à -70% Pour les différentes branches industrielles (hors électricité), « moins d’un tiers de l’activité serait maintenue pour ce premier mois de confinement ». L’activité énergie préserverait quant à elle 85 % de sa production, « la hausse de la consommation des ménages confinés compensant partiellement la baisse de celle des entreprises ». Parmi les services marchands, certaines branches « sont très sévèrement touchées (transports, hôtellerie, restauration, loisirs, etc.) et d’autres moins (télécommunications, assurance, etc.) ». En moyenne, la perte d'activité des services marchands est de -51%.
3 points de PIB en moins par mois de confinement
Si la note évoque la perte instantanée d'activité, elle s'attarde également sur le coût du confinement. Un mois de confinement aurait ainsi un impact d'une baisse de 3 points de PIB annuel. Un chiffre sous-évalué car il ne prend pas en compte les modalités de reprise des activités ou le déconfinement progressif. L'économie « ne redémarrera pas immédiatement avec un rendement maximum » et tous ces éléments « impacteront également les finances publiques ». Selon la note, c'est la vitesse de reprise de l'activité économique qui sera décisive. Pour les comptes des entreprises mais également pour ceux du Pays.

Rédigé par Sébastien Petit le Dimanche 19 Avril 2020 à 20:00 | Lu 4605 fois