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Un patrouilleur de nouvelle génération attendu en Polynésie


Selon le calendrier annoncé en fin d'année 2013 par la direction générale de l'Armement, le premier B2M doit être livré en 2016 à Nouméa et quelques mois plus tard le second devrait arriver à Papeete.
Selon le calendrier annoncé en fin d'année 2013 par la direction générale de l'Armement, le premier B2M doit être livré en 2016 à Nouméa et quelques mois plus tard le second devrait arriver à Papeete.
PAPEETE, 7 octobre 2015 - En cours d'assemblage actuellement en Bretagne, le bateau multi-missions B2M, ce bâtiment baptisé Bougainville est destiné à la marine nationale à Tahiti. Il devrait, dans le courant de l'année 2017 au plus tard, venir remplacer l'Arago.

A la fin de l'année 2013, la direction générale de l'Armement (DGA) commandait à une entreprise bretonne la construction de trois unités de bateau multi-missions (B2M). Deux de ces bateaux ont été prévus dès l'origine pour sillonner le Pacifique, puisque le premier d'entre eux le D'Entrecasteaux devrait rejoindre la Nouvelle-Calédonie et son port d'attache de Nouméa dans le courant du premier semestre 2016 ; le second bateau, le Bougainville, est destiné à la Polynésie française au sein de la base navale de Papeete. Le calendrier initial laissait entendre que ce bâtiment patrouilleur de nouvelle génération serait mis en service et livré à la marine nationale dans le courant de l'année 2016, quelques mois seulement après celui de Nouméa. Mais auprès du Com Sup de Polynésie française, on ne semble pas l'attendre avant 2017 et on reste très prudent en raison d'éventuels changements de programmes ou d'affectation qui peuvent survenir d'ici là.

C'est ainsi que mercredi a été annoncé que le troisième B2M, le futur Champlain -en cours de construction- qui devait être livré en 2017 aux Antilles, a été finalement affecté à La Réunion. Une décision prise pour "éviter toute rupture capacitaire au sud de l'océan Indien" alors que d'autres bâtiments de la marine nationale dans cet océan ont été retirés du service ou placés en retraite. Aussi, en Polynésie française on reste dans l'expectative. D'autant que le transfert de ce bâtiment des chantiers navals bretons jusqu'au Pacifique est loin d'être aussi facile qu'on pourrait le croire. Si la robustesse de ce bâtiment patrouilleur et la tenue en mer pendant 30 jours d'affilée sont quelques-unes des qualités mises en avant par le constructeur, ce n'est pas aussi simple quand il s'agit de traverser le Pacifique. "Cela implique de multiples petites escales, comme ce fut le cas pour l'Arago lors de son arrivée en 2011, en tenant compte de toutes les contraintes de la météo" nous explique-t-on.

Bonne nouvelle néanmoins, en mai dernier à l'occasion de l'actualisation de la loi de programmation militaire, la commande par la direction générale des armées d'un quatrième bâtiment B2M -prévu jusque-là en simple option- a été confirmée. Ce qui donne une chance supplémentaire à la marine nationale à Tahiti d'avoir en 2016 ou en 2017 au plus tard l'arrivée d'un bâtiment tout neuf sur sa base navale et pour assurer l’ensemble des actions de l’État en mer. A savoir : la surveillance et la protection de la ZEE (zone économique exclusive), la sauvegarde et l’assistance au profit des populations notamment en cas de catastrophes naturelles, la projection de forces de police ou de gendarmerie dans le cadre de la lutte contre l’immigration illégale, le narcotrafic, la piraterie ou encore la police des pêches. S'y ajoute en Polynésie française des actions de contrôles en mer au bénéfice des douanes qui n'ont plus de patrouilleur affecté depuis la perte de l'Arafenua.

Le B2M qualifié de "couteau suisse" par la Défense

Quels sont les points forts du B2M ? L'an dernier un article publié sur le site Internet du ministère de la Défense surnommait ce bateau, le "couteau suisse de la Marine nationale" en mettant en avant leur robustesse et leur endurance. Avec une longueur de 65 m, une largeur de 14 m et un tirant d’eau de 4,2 m, ils ont un design qui s’inspire des navires de soutien à l’offshore (vers les plateformes pétrolières notamment) et peuvent atteindre la vitesse de 13 nœuds. Ensuite, leur autonomie : ils sont capables de naviguer 250 jours par an et permettent des opérations de 30 jours sans ravitaillement avec 40 personnes à bord. Mais la grande nouveauté, c'est leur plateforme multi-misions avec une palette d'équipement très large. Ainsi : un pont d’une surface importante pour stocker des conteneurs, et véhicules 4x4 ; une grue de 17 tonnes pour manutentionner seul ses conteneurs et son embarcation de servitude ; des capacités importantes pour stocker et livrer de l’essence, de l’eau douce… ; une infirmerie pouvant accueillir jusqu’à trois personnes hospitalisées ; un treuil pour porter assistance et remorquer des navires en difficulté ; une embarcation de 8 mètres pour débarquer personnels et fret ; un dispositif de lutte contre les incendies et des canons à eau d'assistance ; deux embarcations rapides pour projeter des forces de police ; une capacité de réaliser des opérations d’hélitreuillage ; une passerelle panoramique avec une visibilité à 360° pour une surveillance optimale ; de solides moyens de communication ; la possibilité de mettre en œuvre des plongeurs via une plateforme spécifique ; une capacité de poser un hélicoptère léger sur le pont.

EN CHIFFRES

Les effectifs des militaires présents en Polynésie française se stabilisent désormais à 1250 personnes (tout compris avec les militaires en mission de courte durée qui se relaient tout au long de l'année pour des missions de quatre à six mois, mais sans comptabiliser les effectifs du service militaire adapté). Après plusieurs années de baisse consécutive des effectifs militaires sur le territoire polynésien, à l'image de ce qui a été effectué au plan national, il n'est pas envisagé d'autre retrait. A noter qu'en 2008, il y avait encore 2140 militaires en Polynésie française.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 7 Octobre 2015 à 16:25 | Lu 3003 fois