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Un festival dans la tournerie de Ken Hardie


TAHITI INFOS, le 11 octobre 2021 - Ken Hardie, artiste tourneur, organise son festival du saladier, les 22 et 23 octobre prochains. L’occasion pour lui de présenter ses œuvres et objets usuels, de faire une démonstration de tournage et d’inaugurer sa boutique. Tout un programme.

"Qu’est-ce que le tournage ? De la poésie, de la magie", répond Ken Hardie. Formé en Métropole, ce tourneur polynésien s’installe sur le territoire. Il vient de rentrer et ouvre une boutique dans son atelier, à Tipaerui. Pour présenter son espace et son art, il organise un festival du saladier. "Pourquoi un festival consacré seulement aux saladiers ? Car j’aime cet objet du quotidien. Il a plusieurs fonctions, il mérite d’être mis en valeur."

Les visiteurs pourront découvrir les objets qu’il a lui-même fabriqués. Des saladiers en bois local principalement, de différentes tailles et formes, de différents prix. "Tous seront utilisables en cuisine. Il n’y a aucun produit chimique intégré au cours du processus de fabrication, si ce n’est un mélange d’huile de noix et cire d’abeille qu’on appelle la popote", insiste Ken Hardie. Cette popote nourrit et donne un éclat de jeunesse aux objets en bois et peut être utilisée par ailleurs. Des pots seront en vente lors du festival.

Un métier en voie de disparition

Tourneur sur bois est un métier. Une activité artisanale atypique en voie de disparition. En France, elle existait déjà à l’époque de Louis XVI. "C’est un vrai savoir-faire." Le tourneur modèle une pièce de bois qui, fixée sur un "tour", tourne à grande vitesse (jusqu’à 3 000 tours/minute). Il façonne des objets usuels ou artistiques avec des outils spécialement conçus. Il enlève de la matière, ponce, texture. Il fabrique des pièces uniques, puisque c’est l’homme qui travaille une matière première vivante.

Ken Hardie s’est formé dans la seule école au monde de tournage. "Il existe des écoles dans lesquelles on apprend, entre autres, le tournage, mais l’école Escoulen où je suis allée ne fait que ça." De retour à Tahiti, il a commandé une machine en Australie, "la Rolls Royce" des équipements qu’il a baptisée Keyly, a cherché un local, trouvé une place dans un atelier relais.

Il n’a pas cessé pendant ce temps de créer. En mai dernier, il exposait certaines de ses œuvres d’art à la galerie Winkler. Il y était avec Tahe pour l’événement intitulé Artefacts du passé. Lors de son festival du saladier, il tient à faire découvrir des objets de tous les jours.

Étapes de fabrication

Avant toute chose, Ken Hardie récupère des morceaux de bois brut en forêt. À son atelier, il les prépare pour pouvoir les fixer sur son tour. Il a déjà trouvé du bois de rose, du maru maru, du manguier ou bien encore du 'aito. Ce dernier porte bien son nom : il a une couleur "de fou", des motifs de "malades" et il est "lourd et dense". Il est chargé "en force et énergie", il est un "guerrier qui ne se laisse pas faire". Il demande deux ou trois fois plus de temps au tourneur, mais aussi aux sculpteurs qui osent "le combat". Il est plus intéressant "mais il faut être prêt physiquement".

Ensuite, une fois l’objet tourné, il est mis à sécher. Il est repris pour quelques touches de finitions. Le tournage est un métier manuel, donc de répétition très satisfaisante selon Ken Hardie. "On vise le geste parfait et, pour cela, il n’y a d’autre choix que de le répéter." L’activité procure une "sensation de glisse sur le bois" et a un aspect "méditatif, car toute l’attention est focalisée sur la pièce en cours de réalisation." Il faut, selon l’artiste tourneur, beaucoup d’humilité. "Je démarre, je n’y connais rien comparé aux monstres français qui exercent. Je suis fier de ce que j’ai fait, mais je sais aussi qu’il y a encore beaucoup de travail et que je peux mieux faire."

Ken Hardie participera avec deux autres artistes du fenua au salon Révélations à Paris, en juin 2022. Il s’y prépare déjà. "C’est le plus grand salon artistique célébrant la création nationale et internationale, le saint Graal. J’y retrouverai les meilleurs tourneurs", se réjouit-il.

Pratique

Le 22 et 23 octobre à l’atelier relais de Tipaerui.
Entrée libre. Démonstration de tournage le 22 et le 23 à 10 heures.
Des cours privés sont possibles, de 2 ou 4 heures selon l’intérêt.
La boutique sera ouverte le vendredi de 9 à 17 heures et le samedi de 9 heures à midi.


Contacts

Tél. : 87 71 42 19
[email protected]
FB : Ken Hardie – Tourneur sur bois

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 11 Octobre 2021 à 16:40 | Lu 1115 fois