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Un escroc dissimule ses ressources pour échapper à Airbus


Tahiti, le 19 janvier 2021 - Gérard Israël, 66 ans, connu notamment pour avoir été le patron de la boutique de rachat d’or, White Star Pacific de Papeete, a été condamné mardi à trois ans de prison ferme. La justice lui reprochait d'avoir organisé son insolvabilité en vue de se soustraire à l'exécution d'une précédente peine. L'intéressé avait été condamné en 2014 par la cour d'appel de Paris à indemniser la société Airbus à hauteur de 1,2 millions d'euros (près de 144 millions de Fcfp) suite à une escroquerie. 

"Un dossier touffu", a déclaré mardi le président du tribunal, Nicolas Léger, au moment d'aborder l'affaire de Gérard Israël, connu notamment pour avoir été le patron de la boutique de rachat d’or, White Star Pacific de Papeete. Ce dernier est d'ailleurs toujours suspecté d'avoir pris part à une organisation de cambrioleurs et de receleurs, soupçonnés de s’être organisés et d’avoir écoulé leur marchandise à travers la boutique de rachat d'or du sexagénaire. Ce dossier suit son cours auprès du juge d'instruction et les faits qui ont intéressé le tribunal correctionnel mardi étaient en partie liés à cette activité.

Avant de lancer sa boutique de rachat d'or dans le courant de l'année 2015, Gérard Israël avait été condamné en 2014 par la cour d'appel de Paris à indemniser la société Airbus à hauteur de 1,2 millions d'euros (près de 144 millions de Fcfp). En 2006, l'homme avait en effet monté une fausse société pour acheter des pièces auprès du géant européen de l'aéronautique sans régler la note. "C'étaient des déchets et ils me les ont revendus au prix de pièces neuves", a indiqué l'homme à la barre mardi.

Hôtel, voiture de location et voyage

Si le prévenu et son avocat, Me Dubois, se sont attachés à dire au cours de l'audience qu'il s'était acquitté en partie de sa peine, en versant 15 000 puis 40 000 Fcfp tous les mois avant la faillite de son entreprise en 2017, pour le parquet, l'homme a dissimulé une partie de ses ressources pour se faire déclarer insolvable, en vue de se soustraire à l'exécution de la peine prononcée en 2014.

Toutefois, son train de vie mené entre 2015 et 2016 ne plaide pas en sa faveur : Un séjour longue durée dans un hôtel de la côte ouest pour une note totale de 65 000 euros (près de 7,8 millions de Fcfp). Ajoutés à cela des frais de location de voiture à hauteur de 35 000 euros (près de 4,3 millions de Fcfp) et plusieurs voyages aux États-Unis au cours de la même période.

"Cet argent aurait pu déjà pu vous servir à vous acquitter d'une partie de votre peine", a lâché le président du tribunal avant de l'interroger sur la provenance de tout cet argent. Un peu maladroitement et après avoir été repris par son avocat, Gérard Israël explique finalement que c'était son associé en affaire, M. Chang, qui lui avait avancé les sommes. "Je l'aurais remboursé une fois que nos affaires à la boutique d'achat d'or et de vente de meubles auraient été bien lancées. Mais aujourd'hui je n'ai plus rien. J'ai tout dépensé", a avoué le prévenu.

"Aucune mesure de recouvrement lancée par Airbus"

Me Dubois s'est de son côté étonné de l'immobilisme de la société Airbus qui n'a lancé "aucune mesure de recouvrement" à l'encontre de son client ces dernières années. "S'il voulait organiser son insolvabilité, il n'aurait pas ouvert une boutique de rachat d'or et une affaire d'achat de meubles", a renchéri le conseil. Me Jourdainne, qui défendait les intérêts d'Airbus au cours de l'audience, explique pour sa part que le prévenu avait "disparu dans la nature, avec une fausse adresse et un faux numéro de fax." 

Avec un casier judiciaire où apparait également une condamnation pour abus de confiance et escroquerie prononcée au début des années 2000 par le tribunal de Papeete, le procureur a requis une peine de trois ans d'emprisonnement ferme. Des réquisitions qui seront suivies par le tribunal qui a donc condamné Gérard Israël à trois ans de prison ferme en prononçant un mandat de dépôt différé à son encontre. À noter cependant que le sexagénaire a été relaxé du délit d'abus de confiance, pour la vente d'un faux-vrai diamant de 1,85 carat (lire encadré). Quand on parlait de dossier touffu. 

Relaxé pour l'affaire du faux-vrai et finalement vrai diamant

En plus du délit d'organisation frauduleuse d'insolvabilité, Gérard Israël devait également répondre du délit d'abus de confiance. Par l'intermédiaire de sa boutique de rachat d'or, l'homme rachetait à des particuliers des bijoux, à moindre prix et sans s'interroger plus que ça sur la provenance de la marchandise. Il dessertissait ensuite les bijoux pour récupérer les pierres précieuses et faisait fondre l'or qu'il revendait localement.

Ainsi en 2016, ce dernier est convaincu de vendre un diamant marquise de 1,85 carat à une femme, qui lui a par ailleurs avancé la somme de 10 millions de Fcfp, jamais remboursés. Mais après la vente, la cliente est informée par des amis que le diamant est un faux. Un faux diamant qui se révèlera finalement être vrai, à la suite de l'expertise d'un bijoutier. Fort de tous ces éléments, le tribunal a décidé de relaxer Gérard Israël pour le délit d'abus de confiance.

Rédigé par Désiré Teivao le Mardi 19 Janvier 2021 à 20:28 | Lu 4018 fois