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Un contaminé avec les décontamineurs


Tahiti, le 5 mai 2020 – Un nouveau cas « importé » de coronavirus a été dépisté en Polynésie française parmi l’équipage de l’appareil militaire A330 MRTT Phenix arrivé dimanche, notamment pour transporter une deuxième équipe de décontamination au fenua. Le membre d’équipage n’avait effectué ni test, ni quatorzaine au départ de Paris, mais n’était « pas contagieux », ont assuré les représentants de l’Etat dans un communiqué.
 
Un 59e cas de coronavirus « importé » assez particulier a été dépisté lundi soir en Polynésie française. En effet, un membre de l’équipage de l’avion militaire A330 MRTT Phenix, arrivé dimanche soir à l’aéroport de Tahiti-Faa’a, a été testé positif au Covid-19 au cours de son escale de 48 heures en Polynésie française. Passé par La Réunion et la Nouvelle-Calédonie, l’appareil effectuait une mission de ravitaillement au fenua pour les forces armées, l’Etat et le Pays en transportant notamment une deuxième équipe de décontamination anti-coronavirus composée de douze militaires. Avant son départ pour la métropole, via les Etats-Unis, l’équipage de l’appareil devait se conformer à un test anti-coronavirus demandé par les autorités américaines. Et c’est à cette occasion que le dépistage d’un des membres de l’équipage de l’appareil s’est avéré positif.
 
L’équipe de décontamination « clean »
 
Une découverte pour le moins surprenante, puisque les représentants de l’Etat et des Forces armées en Polynésie française ont largement insisté ces derniers jours sur les protocoles « stricts » de quatorzaine et de tests négatifs effectués au départ de la métropole par tous les civils et militaires souhaitant débarquer au fenua. Mardi matin, les autorités de l’Etat en Polynésie ont réagi à ce nouveau cas en confirmant que l’équipage de l’A330 était resté totalement confiné « sans aucun contact local » pendant les 48 heures passées à Tahiti, et que le cas positif était reparti mardi matin avec l’appareil vers la métropole, via les Etats-Unis. Les mêmes autorités ont également confirmé avec certitude que l’équipe de décontamination était actuellement en confinement en Polynésie française, qu’elle avait effectué une quatorzaine dans le camps de Mourmelon dans la Marne et que tous ses membres avaient été dépistés négatifs avant le départ vers la Polynésie française.
 
Le vrai-faux dépistage calédonien
 
En revanche, les Forces armées ont d’abord assuré que la totalité des passagers et de l’équipage de l’A330 MRTT avait tous été dépistés négatifs au coronavirus en fin de semaine dernière à Nouméa, y compris le cas positif découvert en Polynésie. En cours de journée pourtant, les autorités sanitaires polynésiennes et calédoniennes ont mis en doute cette affirmation vu le faible temps passé par l’équipage sur le Caillou. Et dans la soirée, les Forces armées en Polynésie ont finalement précisé que l’équipage n’avait été soumis qu’à un « protocole sanitaire strict » avec prise de température et questionnaire de santé.
 
Pas « contagieux » mais pas testé, ni confiné
 
Finalement, un communiqué conjoint Etat-Forces Armées a été diffusé mardi soir pour « préciser » les conditions d’entrée de ce cas de coronavirus en Polynésie. « Un des tests a révélé, pour un des membres de l’équipage, une très faible trace virale », indique le communiqué. « Ce phénomène de persistance de trace virale est bien connu et peut se retrouver pendant plusieurs semaines chez des personnes ne présentant plus aucun signe clinique de la maladie covid-19 depuis au moins 14 jours. Cette personne n’est donc pas contagieuse », affirme les services de l’Etat et de l’armée. Le cas dépisté avait-il contracté la maladie bien antérieurement à sa mission en Polynésie ? C’est probable, mais les services de l’Etat n’en avait pas eu connaissance.
 
Autre information, en revanche plus problématique, précisée par le communiqué : « En raison de contraintes opérationnelles de cette mission et comme c’est le cas pour les personnels navigants des compagnies aériennes civiles, l’équipage de l’A330 n’a pas effectué de quatorzaine ni de test avant son départ de métropole ». Seuls les militaires restant en Polynésie française ont été soumis au protocole ‘test et quatorzaine’ mais pas l’équipage. « Durant tout le vol, l’ensemble de l’équipage a porté des masques et des gants, tout en veillant à appliquer la distanciation sociale avec les passagers dans l’avion », rassure néanmoins le communiqué.
 
Pas du meilleur effet…
 
Ce 59e cas de coronavirus a donc quitté le territoire dès mardi matin, sans laisser a priori d’autres traces sanitaires au fenua que celle d’un chiffre supplémentaire dans les statistiques de la cellule de crise du Pays. Et pourtant, sur un plan plus politique, l’arrivée d’un nouveau cas importé en cette période d’allègement du confinement n’est pas du meilleur effet… Surtout dans le contexte de forte méfiance envers les arrivées à venir de résidents polynésiens bloqués à Paris ou de nouveaux fonctionnaires métropolitains. On n’hésitait pas à glisser mardi soir, côté Pays, que cette affaire avait porté un sérieux coup à la confiance dans les protocoles sanitaires menés hors du territoire.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 5 Mai 2020 à 09:14 | Lu 38790 fois