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Un colloque majeur autour du plurilinguisme à partir de lundi


Un colloque majeur autour du plurilinguisme à partir de lundi
Le Gouvernement de la Polynésie française, en partenariat avec l’université de Nantes, l’université de la Nouvelle-Calédonie, l’université de la Polynésie française, l’Institut Supérieur de l’Enseignement Privé de Polynésie et l’Institut de Recherche pour le Développement, organise un colloque intitulé « L’École plurilingue en Outre-Mer », prévu à Tahiti, du 14 au 17 novembre 2011. Ce colloque permettra d’apporter un double éclairage sur la place des langues océaniennes à l’école et sur le bilinguisme précoce. Il offrira aux participants, d’une part, une restitution du programme de recherche « Ecole plurilingue Outremer » (ECOLPOM), financé par l’Agence Nationale de la Recherche, mis en œuvre simultanément en Nouvelle Calédonie, en Polynésie française et en Guyane. Les résultats psycholinguistiques constatés au bout de trois sessions d’évaluation, du Cours Préparatoire au Cours Elémentaire 1, ainsi que les éléments des enquêtes sociolinguistiques seront présentés par les chercheurs du programme. D’autre part, cette rencontre sera l’occasion de faire un état de l’art des travaux scientifiques sur la psychologie de l’éducation ainsi que sur le plurilinguisme précoce. Il permettra aussi d’aborder des pratiques pédagogiques innovantes et la formation des enseignants en contexte plurilingue dans une perspective comparative en tirant profit des expériences des collectivités françaises d’outre-mer et plus particulièrement de celles du Pacifique.

Ce colloque s’inscrit dans le prolongement du séminaire "Vers une école plurilingue", 2007, Nouméa, et du colloque international "L’école plurilingue dans les communautés du Pacifique ", 2010, Nouméa.

Plus d'information sur le site du CNEP

Tout le programme du colloque ICI



Vaihere, 20 ans, bilingue Français- Tahitien témoigne de l'importance de l'apprentissage du Tahitien en milieu scolaire

Un colloque majeur autour du plurilinguisme à partir de lundi
Vaihere Tauotaha est étudiante en 3ème année de communication à l'ISEPP. Comme beaucoup de jeunes polynésiens, elle a appris le tahitien en milieu familial et à l'église. "Mes parents me parlaient en tahitien, mais je leur répondais en français quand j'étais petite", explique-t'elle " mais j'ai compris plus tard qu'au delà d'un moyen de communiquer, maîtriser le tahitien me permettait d'acquérir plus de savoir. Auprès des personnes agées, par exemple, pour recueillir des histoires, des informations importantes sur son patrimoine familial, mais aussi culturel."
Pour Vaihere, la langue tahitienne doit vivre : "Il est important que cela ne disparaisse pas, c'est comme un héritage, pour nous les jeunes, soit tu l'acquières, soit tu n'as pas envie de l'appréhender. A mon sens, il faut apprendre, pour savoir, pour comprendre, pour transmettre", explique la jeune femme. Cette étudiante en communication qui propose des interventions en tahitien sur la chaîne Polynésie 1ère comprend qu'elle a un rôle important à jouer dans la transmission des savoirs, et sa maîtrise de la langue tahitienne est un plus à l'échelle de sa génération: " Comment motiver les jeunes polynésiens? "s'interroge-t-elle. "Aujourd'hui, avec l'essor des réseaux sociaux, des nouveaux modes de communication, il n'y a pas beaucoup de place pour le tahitien, déplore-t'elle. "Les jeunes vont sur facebook, sur twitter, et là, le reo tahiti n'a pas beaucoup de place", explique-t-elle, « pourtant, notre histoire, celle que nous transmettent nos parents, nos grands parents, elle se raconte beaucoup en tahitien!"

"Pour faire adhérer les jeunes à la pratique de la langue, il faut rapprocher la théorie de la pratique, du sens", explique-t-elle. " Il faudrait obliger les enseignants à inclure dans leur module d'apprentissage la participation à un évènement du type Heiva, Matarii i ni’a ou autre évènement culturel majeur. Ainsi, les choses se passeraient beaucoup mieux que par le biais d'une discipline "imposée", explique cette jeune femme pleine de bon sens.

Vaihere se réjouit du colloque qui se tiendra la semaine prochaine. "Ainsi nous pourrons comparer avec ce qui se passe dans d'autres régions, avec la langue kanak, par exemple ou en Guyane, en Martinique.."

Vaihere inaugurera les interventions du colloque à l'ISEPP par un ORERO


Retrouver le programme du colloque à l'ISEPP ICI

Des cours de Reo tahitien à l'ISEPP

Les cours de Reo tahitien de l'ISEPP s'articulent autour de cas pratiques,comme en démontre cette vidéo ou l'enseignante explique à des étudiants une recette naturelle à utiliser dans le cadre de soins de toilette intime au féminin. Recettes de cuisine, santé, éducation des enfants, ce sont des sujets de la vie quotidienne qui sont abordés dans ces cours afin de concilier l'usage de la langue à l'activité humaine.

« Apprendre plusieurs langues, plusieurs langues pour apprendre ».Article sur Sorosoro

Dans les collectivités françaises d’Outre-mer, la plupart des enfants naissent et grandissent dans des environnements familiaux et sociaux où s’emploient une ou plusieurs langues, autochtones ou issues de migrations. Le français demeure pourtant la seule langue officielle et la principale langue de scolarisation, ce qui ne va pas sans poser de problèmes : les langues d’origine des élèves ont souvent un statut peu valorisé dans la société, et cela peut avoir des répercussions sur leur motivation et leur estime de soi, et diminuer leurs chances de réussite scolaire.
Il sera question de tout cela lors du colloque de Tahiti, qui présentera les résultats de l’expérience ECOLPOM (Ecole Plurilingue en Outre-mer), et différentes innovations telles que le dispositif « deux enseignants, deux langues », ou les Bb-lecture (voir la vidéo de seroso avec Marie-Adèle Jorédié) en Nouvelle-Calédonie.

Seront abordés aussi, entre autres, les problèmes de graphie, les contenus scolaires, les pratiques didactiques, la formation des enseignants, les relations famille-école, les représentations interculturelles en milieu plurilingue et pluriculturel etc.
Le colloque est ouvert aux chercheurs et enseignants-chercheurs, aux professionnels de l’enseignement public et privé, aux académies de langues, aux familles et aux professionnels de l’édition, publics ou privés.

Parmi les intervenants, on trouve en particulier plusieurs chercheurs bien connus des internautes de Sorosoro : Odile Lescure, qui guide nos travaux en Guyane, Jacques Vernaudon, pour son blog sur « Les langues kanak à l’école en Nouvelle-Calédonie », Weniko Ihage, le directeur de l’Académie des Langues Kanak, Gérard Lavigne, pour son blog intitulé « Compter dans sa langue pour mieux compter dans l’autre », et Michel Launey, membre du Conseil Scientifique de Sorosoro et également auteur d’un blog sur « L’enseignement en langue maternelle dans l’Outre-mer français ».

Rédigé par () le Mardi 8 Novembre 2011 à 09:54 | Lu 1998 fois