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Un accouchement dramatique sur une autoroute relance le débat sur les déserts médicaux


Un accouchement dramatique sur une autoroute relance le débat sur les déserts médicaux
TOULOUSE, 20 oct 2012 (AFP) - Une femme de 35 ans a perdu son enfant vendredi alors qu'elle se rendait à la maternité de Brive, à plus d'une heure de chez elle dans le Lot, un drame qui relance le débat sur la désertification médicale en milieu rural.

Résidant dans le village de Lacapelle-Marival(nord-est du Lot), la jeune femme enceinte de 7 mois et son mari ont dû choisir entre Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), Cahors et Brive, trois maternités distantes de plus d'une heure de route.

Le Lot, département de 170.000 habitants, n'a qu'une maternité, à Cahors, depuis la fermeture de celle de Figeac, passée sous le cap des 300 accouchements par an, et fermée en 2009.

Au lendemain du drame, la jeune femme était en état de choc au centre hospitalier de Cahors.

Le président François Hollande a demandé une enquête administrative pour connaître les circonstances de la mort du nouveau-né, une petite fille, qui devait être le premier enfant du couple.

"Le drame (...) nous appelle une nouvelle fois, encore, à ne rien accepter en matière de désert médical", a déclaré le chef de l'Etat à Nice. "Et en même temps je prends l'engagement, celui que j'avais déjà énoncé avant l'élection présidentielle, et que je rappelle ici comme chef de l'Etat: aucun Français ne doit se trouver à plus de 30 minutes de soins d'urgence", a ajouté François Hollande.

L'ARS a diligenté une mission d’enquête pour faire la lumière sur cette affaire.

De son côté, le président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens français Syngof s'est ému de "la dégradation globale de la périnatalité". "Le drame de ce couple qui s'est retrouvé dans un isolement total" est "une conséquence de la politique de démobilisation et de concentration des moyens (de services de santé, ndlr) autour des capitales régionales", a déclaré à l'AFP Jean Marty.



M. Malvy relate un autre accouchement qui aurait pu tourner au drame. Une femme a mis au monde des jumeaux prématurés à Figeac. Un hélicoptère décolle de Toulouse pour les tranférer dans une maternité. A cause du brouillard, il ne peut pas se poser et c'est finalement une ambulance qui va les conduire à Toulouse. Mais en chemin, le véhicule est dérouté vers Bordeaux, à plus de 300 kilomètres du domicile familial.

Il faut selon lui tirer les enseignements de la fermeture de la maternité de Figeac. "Il faut maintenir les petits hôpitaux en allant vers la mutualisation des moyens", préconise l'ancien ministre.

Pour la Coordination nationale pour la défense des hôpitaux et maternités de proximité, cet accouchement illustre "l'aspect néfaste des regroupements de maternité" et elle exige un moratoire sur les fermetures de maternités.

Nicolas Dupont-Aignan, député, président de Debout la République (DLR, droite), a estimé que l'Etat avait "failli dans sa mission de service public". "Le cas du département du Lot est hélas devenu la règle dans notre pays (...) Nos territoires ruraux, a-t-il souligné, sont victimes d'un abandon criminel de la part des pouvoirs publics depuis 10 ans".

Un accouchement dramatique sur une autoroute relance le débat sur les déserts médicaux
"Abandon criminel"

Le bilan de la fermeture de maternités privées et publiques est mauvais, assure-t-il, "sur le plan économique, car on a déplacé les accouchements vers des lieux où c'est plus cher, mais aussi en termes de sécurité".

"Pourquoi ce drame s'est-il produit ? Ce drame se serait-il produit s'il y avait eu une maternité plus proche ?" s'est interrogé le président PS de la région Midi-Pyrénées Martin Malvy, engagé il y a trois ans contre la fermeture de la maternité de Figeac, ville dont il a longtemps été le maire.

Lors de la fermeture de la maternité de Figeac en 2009, de nombreux médecins et agents hospitaliers du Lot avaient alerté contre les risques liés à la désertification médicale. Ils avaient alors dénoncé un arbitrage budgétaire dangereux.

Rédigé par Par Alexandre PEYRILLE le Samedi 20 Octobre 2012 à 05:52 | Lu 1076 fois
           



Commentaires

1.Posté par Lux le 20/10/2012 11:32 | Alerter
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Les petites maternités publiques et privées de proximité n'avaient le plus souvent pas les moyens d'offrir une sécurité maximale.
Pas de maternité de proximité,on va accuser l'état.
Petite maternité de proximité sans sécurité maximale, on va accuser la maternité et les médecins.

Aussi, en attendant que la France soit assez riche pour ouvrir des maternités de proximité de qualité :
-toute femme ayant une grossesse ou un accouchement à risque doit avoir un bon suivi et doit se rapprocher d'un grand hôpital au moindre problème .
-toute femme devrait aller vivre près d'une maternité suffisamment équipée bien avant la date prévue de l'accouchement.
Ce sont des principes de précaution.

2.Posté par Topikite le 20/10/2012 13:09 | Alerter
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Et comment font les Québecquois….?
Des distances immenses, des températures et conditions climatique parfois difficiles.
Ce décès est bien triste mais un pays ne peut pas mettre à la disposition de population des hôpitaux à tous les coins de rue.
Une maternité doit faire naitre un minimum de bébés pour s permettre d'avoir de équipes suffisamment aguerries , un service post natal et un bloc opératoire 24h/24h dispo.
aussi, entre le début de travail et l'accouchement, faut pas exagérer, c'est bien rare qu'il y ait moins de 3 à 4 h de temps.
Et parlons de déserts médicaux, quand j'entends Flamby crétin Hollande dire qu'il faut que chaque français doit pouvoir être à moins de 1/2h d'un service d'urgence, QUE DIRENT DE NOS ILES en POLYNESIE ????
Le gouvernement fait ce qu'il faut pour fermer l'hôpital de Raiatea et celui des Marquises qui n'a AUCUNE utilité sans hélicoptère.
Des pays comme L'Australie et le Canada ont mis en place des schémas de santé publique desquels nous pourrons nous inspirer si nous avions un tant soit peu d'intérêt pour la santé de nos concitoyens , MAIS AUSSI le polynésiens doivent réclamer une égalité de traitement, mais il semble que seul le montant de la bière PPT/les iles soit une priorité….
Pour rappel, une EVASAN correctement organisée PPT/RAPA, ou FATU HIVA, OU HIVA OA, ce sont entre 9 et 10 h……!

3.Posté par kakaviovio le 20/10/2012 21:17 | Alerter
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Je ne suis pas du tout d'accord avec ce qui à été dit précedement, j'ai moi même travaillé dans une petite maternité de proximité qui pouvait accueillir une maman et la prendre en charge dans des conditions de parfaite sécurité. Le regroupement des maternités est une bétise mais c'est vrai qu'elle est ECONOMIQUE. Contrairement à ce qui est dit plus haut , il arrive que des femmes accouchent très rapidement et dans la majorité des cas , celà se passe bien , mais parfois NON..... et si c'est vousou votre famille !!! On ne peut pas habiter pendant un mois au pied de la mater (surtout s'il faut s'occuper des autres enfants)
A Tahiti , il n'est pas rare que le SMUR prenne en charge les Mamans et dans ce cas , une Sage femme est présente et peut faire l'accouchement et commencer à prendre en charge le bébé s'il ne va pas bien. Cette histoire est la conséquence d'une politique d'économie , qui malheureusement à des conséquence fâcheuses.

4.Posté par Lux le 20/10/2012 22:55 | Alerter
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@kakaviovio
Pour avoir assisté dans une île à un accouchement ... fait par une sage femme qui n'a pas appelé le gynécologue obstétricien, je me suis dit que jamais je ne ferai naître un de mes enfants dans ces conditions.
J'avais déjà d'autres enfants. Quand plus tard j'ai été enceinte, j'ai décidé d'aller accoucher au CHT à Tahiti.
Je suis donc partie de l'île pour Tahiti 2 semaines avant la date prévue , laissant derrière moi mari et enfants et j'ai habité près de l'hôpital.
Le jour où j'ai senti les fortes contractions je suis allée au CHT, je savais que j'allais accoucher. Là on m'a fait un monitoring et j'ai vu le gynécologue en fin de matinée. Il m'a dit que ce n'était pas pour maintenant et que je pouvais rentrer. J'ai dit que je ne voulais pas rentrer car je sentais que j'allais accoucher et j'étais sûre de ne pas pouvoir revenir à temps. Il m'a proposé de rester dans une chambre d'hôpital si je le souhaitais, je suis restée.En début d'après-midi j'ai accouché en urgence.
J'ai assuré à mon enfant à naître les conditions optimales de sécurité.

5.Posté par Topikite le 21/10/2012 04:56 | Alerter
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@kakaviovio
"il arrive que des femmes accouchent très rapidement"
Oui certainement, c'est plutôt rare, qu'un travail complet dure moins de 2 heures!
Au Québec, ils ont mis au point des maisons de naissance, économiquement plus "rentables' et ^lus humaines, la médication a outrance d e l'accouchement amène à ce genre de réflexion quand un incident rarissime survient;
Il y a une part de risque que l'être humain doit être prêt à accepter surtout si il habite des régions ou des contrées peu peuplées.
De plus, cette femme était enceinte de 7 mois, aussi, elle avait besoin d'une prise en charge immédiate au défit de faire naitre un petit prématuré.
Celui qui a déjà fait de l'obstétrique, c'est que l'on passe très vite du'n stade de normalité à l'enfer quand une dystocie se présente.
La mortalité péri natale est -elle plus importe depuis que les regroupements ont été mis en place ..?
Le personnel para médical, le médecins des campagnes suivent des formations en parallèle avec les service des pompiers et les SMUR pour pouvoir répondre au plus vite, et efficacement aux demandes urgentes en milieu isolé.
Mais maintenait une maternité avec ce que cela comporte comme obligation sécuritaire pour 300 accouchements/an, c'est impossible.
Car maternité, c'est obstétricien, sage femme, IDE, personnels santé divers et administratifs, bloc opératoire, équipe de garde, salle de couveuse ect
Raiatéa, presque 17 000 hab, bientôt, ils n'auront plus rien de tout cela, les patientes des iles partent de 5 à 7 semaines par avance près d'une maternité, qui accepterait cela en métropole ?
Forcement c'est la conséquence d' un politique économique, reste que l'on peut faire toujours mieux même avec des moyens moindres.

6.Posté par Lux le 21/10/2012 06:53 | Alerter
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@kakaviovio et Topilite

On voit que kakaviovio ne connait pas la vie des femmes des îles.
La Polynésie ne se résume pas à Tahiti.
Topikite a raison et certaines femmes font mieux que moi , elles viennent avec leurs enfants à Tahiti et les scolarisent ici le temps de la fin de leur grossesse et de l'accouchement puis repartent ensuite avec toute leur petite famille.
A noter qu'Il faut faire une consultation gynéco obligatoire et se faire délivrer un certificat médical pour être autorisée à prendre l'avion.

7.Posté par mcgiver le 21/10/2012 17:01 | Alerter
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Tout à fait d'accord avec Kakaviovio ! Quant à aller habiter à côté de l'hôpital comme le dit Lux....Franchement, tout le monde n'a pas les moyens ou la possibilité de se payer une location ou un hôtel pendant 15 jours en attendant un accouchement.
Les fermetures de maternité ont effectivement été décidées par l'UMP au pouvoir pour une question économique et non en fonction des besoins de la population. A la place de cette dame, je porterai plainte contre ceux qui ont engagé la procédure de fermeture de la maternité de Figeac, ville que je connais trés bien; l'Etat UMP porte la responsabilité et c'est maintenant à la collectivité de payer à cause de ces politiques.

8.Posté par Lux le 21/10/2012 19:08 | Alerter
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@mcgiver

Evidemment tout le monde est favorable à une sécurité maximale rapprochée pour tous, mais en a-t-on les moyens?
Le message que j'ai essayé de faire passer est : "si vous n'êtes pas dans un contexte de sécurité optimale, essayez d'aller dans ce contexte" .
La plupart des femmes des îles ont des amis et/ou de la famille à Tahiti.
Bien sûr c'est attristant ce qui est arrivé à ce couple et à cet enfant attendu .Ils vont probablement porter plainte.
Mais quand leur plainte va passer en justice, qui sera probablement mis en examen dans la chaîne des responsabilités ?
L'état? Je ne pense pas.

9.Posté par Lux le 23/10/2012 16:37 | Alerter
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Après avoir entendu cette Dame ce matin aux informations à la radio je tiens à saluer ici sa Dignité, sa Probité .
Et je souhaite très fort pour elle que cette difficile épreuve soit suivie d'un grand Bonheur.

10.Posté par kakaviovio le 23/10/2012 17:10 | Alerter
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Je connais très bien la situation des femmes enceintes en Polynésie parce que je suis sage femme depuis 15 ans en polynésie!!!C'est dire !!! Ma reflexion ne concernait pas la Polynésie mais la France.Quand il faut faire 150km pour accoucher ,je pense que c'est trop.En Polynésie c'est différent et en effet , les mères viennent à Tahiti pour accoucher, mais en France personne ne se rapproche des villes 1 mois avant le terme. Et pour Lux , Ce sont bien des sages femmes qui font les accouchement au CHT et non LES gynéco.Ils ne se déplacent qu'en cas de probème.

11.Posté par Lux le 24/10/2012 03:49 | Alerter
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@kakaviovio
Je sais bien que ce sont les sages femmes qui accouchent au CHT quand il n'y a pas de problème.
Mais au moins s'il y a un problème elles n'hésitent pas à appeler le gynéco, cette situation est donc sécurisante.
Perso j'ai été accouchée au CHT par une sage femme , elle a quand même appelé le gynéco même s'il n'y avait aucun problème mais l'enfant est sortie très vite sans l'attendre.
Ma réflexion concernait l'adaptation souhaitable aux conditions d'insécurité en cherchant la sécurité.
Bien sûr que pour les femmes enceintes ici ou ailleurs, ce serait mieux qu'il y ait des maternités rapprochées aux conditions de sécurité maximale mais actuellement ce n'est pas le cas.Sur ce forum on n'a pas assez de poids pour faire créer des maternités supplémentaires en métropole mais on peut essayer d'avoir une action sur les femmes des îles réticentes à venir accoucher à Tahiti parce que certaines refusent même si leur grossesse ou leur accouchement sont à risque.