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Ucar Pacific tente sa révolution d'offre de transports


Tahiti, le 6 février – Ucar Pacific a présenté lundi matin sa nouvelle application pour VTC, semblable à celle d'Uber. Avec cette plateforme, son cofondateur Jessy Salmon souhaite faciliter l'offre de transports notamment pour les résidents. Cependant, lancée il y a quelques jours, Ucar fait déjà des remous.
 
Une toute nouvelle application mobile pour Voitures de transport avec chauffeur (VTC), est présente sur internet à l’attention des usagers polynésiens. Ucar Pacific s'est calqué sur les modèles “d'Uber, de Taxi G7 ou encore de Blablacar” pour “répondre aux problèmes de transport des résidents des îles ou à celui des touristes”, selon Jessy Salmon, le cofondateur de l'entreprise. Cette application permet aux clients d'être mis en relation avec un chauffeur 24h/24 et 7j/7, tout en payant directement en ligne. Depuis son lancement, l'application cartonne, d'après les chiffres avancés, plus de “3000 comptes ont déjà été créés et plus d'une centaine de courses ont été commandées”. Avec ce nouveau service dont la création a demandé un an et demi, Ucar Pacific à l'ambition d'offrir une “offre complémentaire aux taxis” en “cohabitant avec eux” comme c'est le cas dans de nombreux autres pays. Ainsi, la plateforme fonctionne de manière entièrement digitalisée. Le tarif est transparent et affiché avant de valider sa course. Ucar propose deux catégories de services. Celle des taxis qui auront accepté de travailler avec Ucar. Ils sont actuellement “une quinzaine”, selon Jessy Salmon. Et enfin, celle nommée “Partage” avec des chauffeurs sélectionnés par l'entreprise elle-même. L'application est déjà disponible sur Tahiti mais elle est vouée à étendre sa couverture sur Moorea et dans le reste de la Polynésie.
 
Répondre aux problèmes d'offres de transports
 
Selon son cofondateur, Ucar Pacific présente plusieurs avantages, comme celui de répondre au problème d'offre de transports, notamment pour les résidents : “Beaucoup [d’entre eux] ont du mal à trouver des taxis. On est confronté à ce manque, notamment en soirée. Ça va permettre d'élargir l'offre de transports et la mobilité des clients”. Digitaliser et géolocaliser la prise en charge offre aussi la possibilité “d'élargir la gamme de clientèle touristique, qui a parfois du mal joindre les taxis”, observe Jessy Salmon. En outre, toujours selon lui, ce nouveau service de transport aurait la faculté de “booster l'économie” en offrant une source de revenus complémentaire aux chauffeurs partenaires : “Ça permettra à beaucoup de catégories sociales différentes, d'étudiants à retraités, de pouvoir avoir accès à un complément de salaire plus ou moins flexible pour arrondir leurs fins de mois. Quelqu'un qui fait cinq trajets Papeete-Punaauia par jour peut gagner jusqu'à 220 000 Fcfp par mois. Actuellement parmi les chauffeurs déjà recrutés, on a 80% de femmes, la plupart mères de famille, entre 40 et 50 ans”. Enfin, l'application pourrait apporter de la transparence sur l'activité des taxis illégaux.
Pour devenir chauffeur Ucar, il y a peu de critère de sélection. Il suffit de posséder une voiture assez récente, avec une carte grise au nom de l'intéressé, une photo, un casier judiciaire vierge. Un entretien est ensuite proposé par la plateforme afin de valider ou non la candidature. Pour l'instant, Jessy Salmon n'a pas souhaité révéler le nombre de chauffeurs déjà recrutés.
 
Questions de légalité
 
Interrogé à propos de la création de cette plateforme, le directeur de la direction des transports terrestres se dit “interloqué” par la mise en ligne de l'application. “Je suis pour les projets innovants comme celui-là, mais il faut qu'ils rentrent dans le cadre légal. En l'occurrence je ne vois pas comment Ucar le respecterait”, a réagi Lucien Pommiez. “Ils ne peuvent pas être complémentaires aux taxis à moins de proposer des prestations de VTC privées de luxe, où le prix de la place doit être de minimum 8 000 Fcfp”, observe-t-il. “Pour respecter le cadre légal, il faudrait soit qu'ils n'emploient que des taxis ou alors que des services de luxe. Mais alors il serait également nécessaire que nous homologuions le paramétrage du taximètre de l'application pour vérifier le respect de la tarification en vigueur, ce qui n'a également pas été effectué.” Le prix au km fixé par Ucar Pacific est d'ailleurs de 80 à 90 Fcfp pour ses chauffeurs, bien inférieur à celui des taxis qui est plafonné à 130 Fcfp. De plus, alors que les chauffeurs de taxi et VTC de luxe payent une licence et ont l'obligation de passer leur véhicule à des visites techniques régulières, les chauffeurs d'Ucar n'ont pour l’heure aucune obligation de ce type pour pouvoir exercer. “La plateforme n'engage pas du tout sa responsabilité au niveau de la sécurité. Nous vérifions simplement la partie assurance et que l'ensemble des documents nécessaires soient en règle comme la pièce d'identité, la carte grise, la photo. Nous faisons juste la mise en relations entre les clients et les chauffeurs. C'est leur assurance qui rentre en compte”, se défend Jessy Salmon. Le cofondateur d'Ucar Pacific assure malgré tout que son activité est bien légale. Mais une rencontre avec les autorités du Pays est prévue mardi matin afin déterminer si la société est conforme à la réglementation en vigueur.

 

Rédigé par Thibault Segalard le Lundi 6 Mars 2023 à 19:24 | Lu 3737 fois