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Trois jours pour mieux connaitre le tifaifai à Punaauia


Jerry Biret, aux côtés de Virginie Biret, présidente de l’association Terama Nui, et Marie Rose Teuru-Taiarui, 8e adjointe chargée de la culture à la mairie de Punaauia.
Jerry Biret, aux côtés de Virginie Biret, présidente de l’association Terama Nui, et Marie Rose Teuru-Taiarui, 8e adjointe chargée de la culture à la mairie de Punaauia.
PUNAAUIA, le 4 octobre 2018. Le Tifaifai International Festival aura lieu le 12, 13 et 14 octobre à la mairie de Punaauia et réunira des tifaifai venus de tous les archipels de la Polynésie française.

Du 12 au 14 octobre, la mairie de Punaauia accueille le Tifaifai International Festival. Des tifaifai seront exposés dans le hall du fare oire. Tandis que les modèles les plus anciens et uniques seront présentés dans une exposition payante.

Appliqué, Patchwork, crochet ou brodé, le tifaifai exprime l’histoire de son créateur. Ce savoir-faire traditionnel mérite d’être montré, partagé et perpétué. C’est pourquoi le public aura l’occasion de rencontrer les artisans et d'échanger avec eux sur leur travail. À cette occasion sortira la première édition du magazine spécial tifaifai. Actuellement, il est possible de précommander le magazine au tarif de 1000 Fcfp. Il sera ensuite vendu au public au prix de 1 500 Fcfp.

L'exposition payante réunira des tifaifai anciens et uniques. L’entrée pour cette exposition sera de 200 Fcfp. La somme récoltée ira directement aux familles qui ont bien voulu prêter les Tifaifai. Attention : il ne sera pas possible de prendre des photos et vidéos des Tifaifai présents dans l’exposition payante.

L’idée de ce festival est de mettre en avant ces trésors du Fenua. Il ne sera pas possible d’acheter des tifaifai sur place. Tous les contacts des artisans participants au festival seront en revanche notés dans le magazine spécial Tifaifai.

Deux ateliers de démonstration de tifaifai sont prévus les samedi 13 et dimanche 14 à partir de 9 heures.

Horaires :
- Vendredi 12 octobre : 07h00 – 17h00
- Samedi 13 octobre : 08h00 – 16h00
- Dimanche 14 octobre : 08h00 – 16h00

Virgine Biret, présidente de l’association Terama Nui

"Je couds tout à la main, comme le faisaient nos grands-mères"


« C’est en regardant une tante faire, que j’ai commencé, à l’âge de 16 ans à réaliser des tifaifai . Je m’y suis intéressée de plus près, puis j’ai commencé à faire mes propres modèles. J’ai maintenant 79 ans et je ne me suis jamais arrêtée.
Aujourd’hui, on trouve des tifaifai qui ne sont pas de vrais tifaifai traditionnels. Je reprends les vieux modèles et les techniques de nos grands-mères pour ne pas les mettre de côté. Je couds tout à la main, comme le faisaient nos grands-mères, c’est ça qui est important pour moi. Parce que quand les mamans partiront, ce sera fini, on trouvera plus ce genre de tifaifai . C’est un emblème de notre culture polynésienne. C’est le sens même du mot « tifaifai ». Tifai signifie coudre, coudre à la main. C’est cette tradition-là qu’il ne faut surtout pas perdre. C’est un art qui se transmet de génération en génération et il ne faut surtout pas le perdre.

Les tifaifai racontent beaucoup d’histoires. Derrière chaque tifaifai, il y a une histoire. Par exemple un tifaifaiavec des 'uru, c’est l’histoire du 'uru qui y est racontée. C’est la même chose pour les modèles avec des tiare Tahiti ou encore des 'ape : ce sont des modèles à part entière. Personnellement, j’ai besoin de faire des tifaifai. Je commence dès le matin, et ce, jusqu’au soir. Je ne peux pas rester sans coudre ! Mes motifs viennent principalement de ma grand-mère. Je me souviens aussi qu’avec ma sœur, on reprenait les motifs dessinés par mon oncle. Par exemple, le modèle « aigle », c’est mon oncle qui l’a dessiné, c’est un peu notre héritage familial, notre valeur ajoutée.

À l’époque, ma grand-mère faisait des tifaifai, mais elle faisait également des rideaux brodés ou encore des Tifaifai crochets, technique que l’on ne retrouve plus aujourd’hui.

J’ai remarqué une évolution entre les premiers tifaifai que je réalisais et ceux que je réalise aujourd’hui, notamment au niveau des couleurs et des motifs. Puis il faut également s’adapter aux clients. Cela demande beaucoup plus de réflexion, c’est un long travail. Il faut partir d’un thème, raconter son histoire, choisir les bonnes couleurs puis agencer le tout.

En 2011, j’ai eu l’occasion de participer à un Festival sur le tifaifai et le Quilt au Canada, à London. C’est suite à cela que l’idée de faire un Festival sur le tifaifai, ici, à Tahiti m’est paru indispensable. À travers ce festival, je souhaite montrer aux mamans et aux jeunes qu’il faut continuer à travailler le tifaifai. Ce sont des trésors, nos trésors en tant que Polynésiens.

Je suis très heureuse que ce festival puisse enfin voir le jour. Cela sera la première et sûrement la dernière fois qu’il y aura un tel festival. Il sera unique ! Je demande vraiment aux jeunes et aux mamans de venir voir le Festival afin qu’ils reprennent nos techniques. Il ne faut pas laisser tomber nos coutumes. Il faut prendre la relève, sinon, lorsque l’on partira, les tifaifai partiront avec nous. Il faut continuer à faire vivre le tifaifai, en le faisant évoluer, mais en n’oubliant pas les techniques traditionnelles qui font du tifaifai un véritable trésor du fenua ».

Marguerite Pihatarioe, Association Terama Nui

"Au début ce n’était pas facile pour moi notamment au niveau de la technique et des bordures"



« C’est en 2006 que j’ai commencé à réaliser des Tifaifai avec ma belle-mère, Virginie Biret. À l’époque,
j’étais serveuse. Je voyais ma belle-mère travailler avec des copines à la maison. Et pendant mes jours off, je la regardais faire, je l’observais. Un jour je me suis dit que moi aussi j’avais envie d’apprendre à faire des Tifaifai et depuis je ne me suis jamais arrêtée.

C’est ma belle-mère qui m’a tout appris et grâce à elle, aujourd’hui, je fais mes propres créations. On travaille souvent ensemble ; on part d’un thème puis on partage nos idées, c’est ça qui me plaît !

C’est une vraie fierté de travailler le Tifaifai avec elle. Elle m’a transmis et partagé son savoir et j’espère pouvoir continuer sur cette voie. La conservation de ces valeurs est très importante. Au début ce n’était pas facile pour moi notamment au niveau de la technique et des bordures. Mais j’y suis arrivée et j’ai vite trouvé mon propre style.
Un jour, je suis tombée sur des anciens dessins de ma belle-mère : c’est de là que je puise mon inspiration ! Je suis tombée sur tous ses trésors enfermés dans une caisse, avec des motifs qui appartenaient à ses grands-mères. Aujourd’hui encore elle continue à travailler, elle ne s’arrête jamais, elle n’est jamais fatiguée et son travail et toujours aussi magnifique. Elle travaille du matin jusqu’au soir. Elle a de l’or dans les mains, elle est unique, il n’y en a pas deux comme elle ! Elle m’a tellement apporté que je la remercie énormément de m’avoir appris toutes ces techniques.
J’encourage les mamans qui n’ont pas de travail à venir voir ma belle-mère pour qu’elles puissent apprendre d’elle. Elle pourra transmettre son savoir et son savoir-faire, sinon, plus tard, le Tifaifai se perdra ».

le Jeudi 4 Octobre 2018 à 10:49 | Lu 1539 fois