Tahiti Infos

Tous les moyens sont bons pour arrêter de fumer, y compris la e-cigarette


PARIS, 21 janvier 2014 (AFP) - Tous les moyens sont bons pour arrêter de fumer, y compris dans certains cas l'e-cigarette, selon la Haute Autorité de santé (HAS) qui appelle les médecins généralistes à se mobiliser pour lutter contre ce "fléau" touchant 12 millions de personnes en France.

Alors que seulement 3% de fumeurs réussissent à arrêter de fumer sans aucune aide et que l'efficacité des traitements existants reste assez modeste, la HAS insiste mardi sur le rôle clé du médecin traitant dans ses nouvelles recommandations sur le sevrage tabagique.

"Tout médecin doit systématiquement donner à un patient fumeur le conseil d'arrêter et l'aider à poser une date", affirme le Pr Albert Ouazana, président du groupe de travail sur les recommandations.

Le tabagisme est un "fléau inégalé de santé publique puisqu'un fumeur régulier sur deux va en mourir", renchérit le Dr Cédric Grouchka, un membre du collège de la HAS.

Pour aider les médecins, la HAS a mis au point des outils spécifiques tels que des questionnaires permettant de dépister ou d'accompagner un sevrage tabagique.

Mais elle a également, et pour la première fois, pris position sur l'e-cigarette, plébiscitée par un nombre croissant de fumeurs désireux d'arrêter de fumer.

"En raison de l'insuffisance de données sur la preuve de leur efficacité et de leur innocuité, il n'est pas actuellement possible de recommander les cigarettes électroniques dans le sevrage tabagique ou la réduction du tabagisme", indique la HAS qui préconise en revanche sans équivoque les traitements nictoniques substitutifs (patchs, gommes à mâcher, pastille, spray buccal ou inhalateur).

Mais dans le même temps, la HAS estime que l'utilisation des e-cigarettes "ne doit pas être déconseillée" chez un fumeur refusant les substituts dans la mesure où elles "sont supposées être moins dangereuses que le tabac".

"Ne pas décourager" les fumeurs

"Si les gens utilisent ce moyen pour s'arrêter, on ne doit pas les décourager, car l'objectif est qu'ils arrêtent", relève pour sa part le Pr Ouazana. Il conseille toutefois de l'utiliser par précaution "de manière temporaire", pas plus de quelques mois.

"Il n'y a pas aujourd'hui de protocole suffisamment établi et donc je me réjouis de voir l'avis prononcé par la HAS qui encourage les substituts nicotiniques plutôt que la cigarette électronique, sans d'ailleurs rejeter celle-ci" a commenté pour sa part la ministre de la santé Marisol Touraine lors de ses voeux à la presse.

La prise de position de la HAS était très attendue alors que la e-cigarette est devenue un véritable phénomène de société: près d'un Français sur cinq affirment l'avoir déjà testée, selon un récent sondage Ipsos.

Contrairement à la cigarette conventionnelle vendue uniquement dans les bureaux de tabac, la e-cigarette qui ne contient ni tabac, ni goudron, ni monoxyde de carbone, est également vendue dans des boutiques spécialisées.

Après des débuts très polémiques, un nombre croissant de médecins ont pris position en sa faveur ces derniers mois, estimant qu'elle présente moins de risques que la cigarette et qu'elle peut amener certains fumeurs à réduire voire à arrêter complément leur consommation de tabac.

L'espoir est d'autant plus important que comme le reconnaît la HAS, seulement 20% des fumeurs qui souhaitent arrêter y parviennent avec les traitements existants et qui devraient selon elle, être intégralement pris en charge pour tous les fumeurs.

Parmi ceux-ci, les traitements nicotiniques de substitution (TNS) devraient être prescrits en premier recours parce qu'ils "ont fait preuve la preuve de leur efficacité" selon la HAS, qui souligne que la combinaison de plusieurs traitements (un timbre transdermique couplé à des gommes à mâcher) est encore plus efficace.

Prescrits au moins trois mois, ils ne sont toutefois pas toujours bien tolérés et peuvent provoquer quelques troubles passagers (irritabilité, troubles de l'humeur, céphalées, nausées, bouche pâteuse) généralement liés à un dosage inadéquat.

Deux médicaments sont par ailleurs disponibles en France, le varénicline (Champix de Pfizer) et le bupropion (GSK), mais ils ne doivent être prescrits qu'en deuxième recours en raison de certains "effets indésirables graves" observés "en relation avec le suicide et l'état dépressif".

D'autres méthodes comme l'exercice physique, l'acupuncture ou l'hypnothérapie n'ont à ce jour pas prouvé leur efficacité, selon la HAS.

Rédigé par Par Elisabeth ZINGG le Mardi 21 Janvier 2014 à 05:44 | Lu 244 fois