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Timeri, Jean-Jacques et Angie repartent avec un scooter


Les gagnants de l'opération "Halte à la prise de risques" ont reçu vendredi leurs scooters et leurs casques.
Les gagnants de l'opération "Halte à la prise de risques" ont reçu vendredi leurs scooters et leurs casques.
PAPEETE, le 11 mai 2018 - Les gagnants de l'opération "Halte à la prise de risques" ont reçu ce vendredi matin, leurs cadeaux. Un scooter 50 cm3, un casque et le matériel adéquat, tous ont été tirés au sort lors de leur participation à cette grande opération de la gendarmerie. L'objectif est de sensibiliser les jeunes aux dangers sur la route.

Depuis 2005, la gendarmerie organise chaque année, l'opération "Halte à la prise de risques" (HPR) sur les routes au fenua. Des journées, "principalement le samedi", dédiées aux jeunes de 17 à 25 ans, afin de les sensibiliser aux dangers de la route.

Depuis le début de l'année, ce sont déjà quatre sessions qui ont été données, ce qui représentent près de 700 jeunes qui se sont présentés. "Et pendant la journée, on leur fait un petit tour d'horizon sur la sécurité routière. On leur explique ce qu'est l'accidentalité sur les routes de Polynésie, on leur explique les règles de conduite, ce qu'on peut voir sur les routes, les risques que cela entraine. On a également un chirurgien orthopédique qui vient expliquer ce qu'il voit passer tous les jours au bloc, les conséquences… On essaye de faire tout ce qui touche à la sécurité routière, de façon à bien les sensibiliser", raconte le capitaine Sylvain Vigneux, officier adjoint sécurité et circulation routière.

"Le but de la prévention est de s'attaquer à une population jeune de façon à ce que les comportements sur la route changent", poursuit-il.

Et pour attirer plus de jeunes à ces journées, des lots sont à gagner, tels que le permis de conduire, le code ou encore un scooter. D'ailleurs, les trois premiers gagnants de l'année ont reçu ce vendredi, leur scooter 50 cm3. Trois jeunes qui savent maintenant quelles sont les comportements à avoir sur la route. "Avant de monter sur un deux-roues, surtout motorisé, il y a un minimum dans l'apprentissage. Bien souvent, les parents confient un deux-roues motorisé sans avoir pris la peine de former leurs enfants. Donc, les jeunes sont livrés à eux-mêmes", regrette le maréchal des logis-chef Michel Teuira.

Et les jeunes en scooter sont de plus en plus nombreux sur les routes polynésiennes. Ce qui amène les gendarmes à leur faire prendre conscience des dangers qu'ils encourent. Et cela commence par "une bonne conduite qui se fait à l'auto-école". Autre point, la tenue préconisée par la loi, comme une protection de la tête avec "le port du casque". "Les enfants de 5 ans et moins sont protégés, de la tête aux pieds. Et les pilotes doivent aller dans ce sens aussi. Là, il s'agit de cylindré de 50 cm3. Quand on regarde bien en nombre d'accidents, ce sont les petites cylindrées qui sont concernées en accident. C'est cette population qu'il faudra surveiller sur Tahiti et Moorea, c'est là qu'il y a une concentration", explique le maréchal des logis-chef, Michel Teuira. En France, les pilotes d'engin ont l'obligation de porter des gants. "En Polynésie, on va mettre peut-être plus de temps, mais c'est une réflexion que nous devons mûrir pour aider les pilotes à avoir moins de blessures."

Face aux comportements à risques sur la voie publique, les gendarmes ont décidé de renforcer leurs actions, en augmentant les répressions : "Nous allons être un peu plus incisif pour ceux qui sont complètement imperméables à tous ces messages de prévention", prévient le capitaine Sylvain Vigneux.

Des messages qui portent leurs fruits auprès des jeunes qui ont participé à ces journées HPR. Chaque année, près d'un millier de jeunes suivent ces formations, et pour clôturer la session du HPR en juin, "on aura en plus une moto 50 cm3" à gagner.


Capitaine Sylvain Vigneux
Officier adjoint sécurité et circulation routière


"Il y a une grande part d'insouciance"

"Les deux-roues sont notre grosse problématique. Il faut que les gens et les jeunes, particulièrement, comprennent que faire un wheeling en deux-roues, franchir les lignes continues, rouler trop vite, modifier son deux-roues pour aller encore plus vite, eh bien, tout ça, ce sont des risques inutiles et qui aboutissent aux drames que l'on connait aujourd'hui.
Les gens ont conscience des dangers de la route, mais il y a une grande part d'insouciance. Il y a beaucoup de complaisance, c'est-à-dire que les gens enfreignent des règles élémentaires, sans prendre connaissance des risques. L'accident classique que l'on a sur les deux-roues, c'est le deux-roues qui arrive derrière une file de véhicules à l'arrêt. Il ne se pose pas la question de savoir pourquoi les véhicules se sont arrêtés, mais lui ce qui l'intéresse, c'est de savoir où il peut passer sans perdre de temps. Et puis à un moment, il est confronté au même problème que les véhicules. Ça peut être un accident ou un chien qui traverse ou une voiture qui tourne à gauche, et avec la vitesse à laquelle, ils arrivent, ils n'ont pas le temps de réagir et il y a un accident.
En cas d'accident, il faut établir la responsabilité de chacun. La première chose, c'est déjà d'être assuré. Si ce n'est pas le cas, eh bien, il y a un fonds de garantie qui va dédommager les victimes, après, l'assurance va se retourner contre l'auteur pour qu'elle se fasse rembourser. Et ça peut aller plus loin, jusqu'à des saisies sur salaire, la vente de biens etc. Il y a des gens qui payent toute une vie pour une erreur de jeunesse. Un accident avec de l'alcool ou des stupéfiants, il y a des amendes et éventuellement de la prison puisque c'est puni d'une peine de 2 ans d'emprisonnement. Mais, ça peut-être la saisie du véhicule. L'assurance, en cas d'accident, ne vous répondra pas, puisqu'il y a une exclusion de garantie qui est mentionnée sur le contrat d'assurance, qui dit qu'en cas d'alcoolémie ou la prise de stupéfiants, l'assurance ne garantit pas les dommages.
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LA PAROLE À

Jean-Jacques
21 ans

"Beaucoup de jeunes ont causé des accidents"


"J'ai suivi cette formation fin avril. À la base, c'était pour avoir les formations au permis. Nous avons appris qu'il y a beaucoup de morts sur la route et la première cause c'est l'alcool. Quand j'ai vu les images qui ont été diffusées, ça m'a dégoûté quand même. Je sais qu'il ne faut pas conduire quand on est bourré ou drogué. Je sais que beaucoup de jeunes ont causé des accidents."


Angie
21 ans

"Si on est prudent, on ne risque rien"


"J'ai suivi cette formation le 17 mars, pour savoir comment se passait cette journée. Mais il faut dire que j'ai vu aussi les lots à gagner, et ça m'a attirée. Je pense que la plupart des jeunes sont intéressés aussi. Mais ça m'intéressait de savoir ce qu'ils mettaient en avant pendant la journée. J'ai appris beaucoup de choses, on nous a montrés ce qu'on pouvait avoir si on n'était pas suffisamment protégés. Ce qu'on risque aussi, les conséquences à vie. Après, tout ce qui est assurance et tout ce qu'il faut pour être en règle.
Les images qui ont été diffusées ne me donnent plus envie de rouler en scooter avec des savates. Pour rouler en deux-roues, il faut avoir des chaussures fermées, un pantalon, un manche long, mais comme ici à Tahiti, il fait chaud, il y en a qui roule en débardeur. Mais si on est prudent, on ne risque rien. Je pars avec un scooter, ça soulage aussi mes parents, comme ça je ne vais plus les déranger ou leur demander de me déposer à mon travail. Il va falloir faire attention aux vols aussi, et heureusement que je ne sors plus. Avec tous les malades sur la route, ça ne me donne pas trop envie de sortir.
"


Timeri
18 ans

"Beaucoup de jeunes sont fiers aussi sur la route"


"J'avais déjà suivi une session l'année dernière et là, c'est ma tante qui m'a inscrite. Je voulais le code en fait. J'ai peur quand je vois tous les accidents en ce moment et les conséquences aussi. Je trouve qu'il y a beaucoup de jeunes qui sont morts sur les routes et la plupart, était en deux-roues. Maintenant, j'ai un deux-roues, je serai prudente. Le souci est qu'il y a des jeunes qui modifient leurs engins alors que ce n'est pas bien, et la vitesse aussi qu'ils ne respectent pas, avec l'alcool… Je trouve que les jeunes d'aujourd'hui sont bizarres. On dit toujours que c'est la faute des autres, alors que des fois, c'est nous qui faisons n'importe quoi. Beaucoup de jeunes sont fiers aussi sur la route, on n'en fait qu'à notre tête et on ne se rend pas vite compte du danger, jusqu'au jour où nous sommes concernés. J'ai l'intention de laisser ce scooter à Moorea et pour éviter qu'on me le vole, je vais le mettre dans ma maison (rires). Avec mon scooter, je pourrai aller au magasin quand j'aurai faim, et je ferai attention parce que je n'ai pas envie de perdre mon pied (rires)."


Timeri, Jean-Jacques et Angie repartent avec un scooter

le Vendredi 11 Mai 2018 à 15:01 | Lu 4775 fois